Les jeunes filles sont plus nombreuses à consommer ces produits, qui peuvent être dangereux pour la santé.
Les examens approchent et avec eux, le stress de ne pas réussir. Pour augmenter leurs capacités ou accroître leur concentration avant un examen, certains jeunes consomment des «produits» ou des «médicaments». Ces substances sont très hétérogènes: cela peut aller des compléments alimentaires ou du Guronsan aux dérivés des amphétamines, comme la Ritaline. Un lycéen sur six (16%) est concerné selon une enquête menée auprès de 6.624 élèves en 2015 par l’Observatoire français des drogues et de la toxicomanie (OFDT), et dont les résultats ont été publiés fin mai. Une habitude loin d’être anodine, en fonction de la nature du produit consommé.
«L’usage déclaré est plus élevé en terminale, qu’en seconde ou en première», note le rapport. Pour Vincent, désormais étudiant, le baccalauréat a joué un rôle déclencheur: «J’ai commencé à prendre des gélules de plantes pour réviser mes épreuves du baccalauréat.» Vincent, qui a l’impression que cette substance l’aide à passer les examens, concède: «Je ne connais pas les effets à long terme de ce produit. Quand j’arrête ce produit, la première semaine est compliquée à passer à cause de la fatigue qui retombe.»
Les filles plus concernées
Et les filles sont particulièrement concernées: alors que seuls 10% des garçons (entre la seconde et la terminale) ont déjà pris des substances, c’était le cas de 20% des lycéennes, soit le double. «Les filles semblent plus investies au niveau scolaire et donc elles sont davantage soumises à la pression du résultat, explique Éric Janssen, chargé d’étude à l’OFDT et coauteur du rapport. Cela entraîne de l’angoisse et peut amener à prendre des produits».
«Cela peut aussi convaincre le lycéen, à tort, qu’il est incapable de régler un problème sans l’appui de ces produits.». Éric Janssen, chargé d’étude à l’OFDT et coauteur du rapport.
Mais quels dangers prennent les lycéens en consommant ces stimulants? «Évidemment, les risques ne sont pas les mêmes si le jeune prend des psychostimulants ou de la vitamine C», indique le Dr Laurent Karila, psychiatre à l’Hôpital Paul Brousse (AP-HP) et auteur du livre «Tous addicts, et après» (Ed. Flammarion). L’étude de l’OFDT ne précise toutefois pas quelles sont les substances les plus consommées.
Quels risques?
«Certains produits entraînent, à court terme, une incapacité à se concentrer ou des troubles du rythme cardiaque», explique Éric Janssen, évoquant notamment le méthylphénidate (dont la Ritaline, un dérivé des amphétamines) ou le modafinil (molécule pour traiter la narcolepsie), parfois détournés de leurs usages premiers.
Mais qu’il s’agisse de psychostimulants ou de simples vitamines, ces produits confèrent à ceux qui le consomment un sentiment de puissance. «En prenant l’une de ces substances, le lycéen a tendance à croire que cela va lui permettre de régler ses problèmes», explique Éric Janssen. Mais cette habitude a un effet collatéral. «Cela peut aussi le convaincre, à tort, qu’il est incapable de régler un problème sans l’appui de ces produits». Ce que confirme Vincent: «Désormais, à chaque fois que je suis en période d’examen, je prends ces gélules. Je sais que je peux surmonter mes épreuves sans elles, mais que cela va me demander davantage d’efforts».
Comment faire alors pour augmenter ses capacités, sans consommer de substances? «Il faut trouver un équilibre entre la motivation et le stress engendré par l’épreuve, mais aussi éviter toutes les pensées parasites et mobiliser ses ressources cognitives pour être pleinement concentré sur son examen», explique Yannick Morvan, psychologue à l’hôpital Saint-Anne (Paris). Le Dr Laurent Karila complète: «Il faut réorganiser son temps de travail pour éviter de tout revoir à la dernière minute.» Dernier conseil, normalement connu de tous: bien dormir, pour avoir une capacité de concentration maximale.
Source: sante.lefigaro.fr. Par Aurélie Franc. Le 08/06/2018.