Sappy une application pour faciliter le maintien à domicile de nos gramounes.
Vincent Pongerard et Nicolas Esparon ont tous les deux 34 ans. Depuis mai 2022, ils ont lancé leur entreprise "Sappy". L'objectif : faciliter la prise en charge et le maintien à domicile des personnes âgées. Grâce à leur formation respective, médecin généraliste pour Vincent Pongerard et chef de projet en développement de produits pharmaceutiques pour Nicolas Esparon, les deux amis d'enfance se sont lancés dans cette aventure. Rencontre avec Vincent Pongerard, co-fondateur de Sappy.
- Comment vous est venue l'idée de créer " Sappy " ?
Mon associé et moi, nous nous sommes inspirés de notre expérience personnelle de petit-fils. En 2019, nous avons été confrontés tous les deux à la dépendance de nos grands-parents. Mon grand-père pour moi et sa grand-mère pour lui (Nicolas Esparon). Après l'hospitalisation, au moment du retour à domicile, on a très vite été confrontés aux formalités administratives et aux complications ne serait-ce pour un devis.
C'est comme ça qu’est né Sappy ; on a voulu trouver des solutions de facilité pour le retour à domicile de nos aînés et aider à la fois la personne âgée mais aussi les proches à trouver une solution. Pour ça, Nicolas et moi, on a mis nos compétences en commun, le domaine de la santé pour moi et le côté technologique pour lui
- Comment Sappy a-t-il finalement abouti ?
Nous avons remporté le premier prix du Concours de Création d'Entreprise Innovante de la technopole de 2020. Suite à cela nous avons débuté la conception à la fin de l’année 2020 et nous bénéficions à ce titre d'un accompagnement par la Technopole et par La Région Réunion. Nous sommes adossés à un laboratoire du CHU de Saint-Pierre qui nous accompagne sur notre volet recherche.
- Quelles solutions apportez-vous alors sur cette problématique de la prise en charge des aînés ?
De façon simple, un proche aidant ou même la personne âgée doit dans un premier temps remplir un formulaire d'inscription sur notre site internet. Par la suite, mon associé et moi-même, nous prenons contact par téléphone avec les personnes afin d'établir leurs besoins et nous les invitons à se rendre sur l'application depuis laquelle ils pourront choisir le profil de l'auxiliaire de vie qui leur semble le plus approprié.
Et c'est la même chose pour l'auxiliaire de vie ; cette dernière va pouvoir également choisir avec quelle personne elle souhaite travailler. Dès lors qu'il y a un match, c'est-à-dire que l'auxiliaire de vie et la personne âgée se sont choisies, nous organisons alors une rencontre à domicile. Nous sommes également présents lors de cet échange avec la responsable du secteur, pour évaluer à domicile l'ensemble des besoins de la personne âgée.
- Concrètement, en quoi l’application Sappy facilite la prise en charge des personnes âgées ?
Dans le cadre de notre projet, nous avons développé une application. On va même parler d'un "outil métier" puisque sur cette application, nous avons le cahier de transmission qui est digitalisé. Donc concrètement, c'est un outil dans lequel l'auxiliaire de vie va consigner tous les éléments relevant de l'état de santé de la personne dont elle s'occupe.
Ces éléments peuvent être consultés par le proche aidant et même par la personne âgée elle-même, si elle est connectée. Mais aussi par tous les professionnels de santé.
- Les éléments sont consignés. En quoi cela fait-il une différence ?
Les éléments de santé de la personne sont consignés dans une grille d'évaluation. En fonction des différents éléments renseignés, l'algorithme de l'application va générer un code indiquant l'état de santé global : vert, orange ou rouge. L’application va s'inscrire dans une démarche préventive sur l'état de santé de la personne âgée et donner une idée à l'auxiliaire de vie ou même au proche aidant de s'il y a nécessité à contacter un médecin ou les urgences.
Et pour cet algorithme, nous faisons continuellement de la recherche et nous travaillons avec le centre d'investigation du CHU de Saint-Pierre pour que la prise en charge de la personne âgée à son domicile soit optimale. Notre ambition est de mettre véritablement le digital au service de l'humain.
- Avez-vous votre propre réseau d'auxiliaires de vie ?
Exactement. Nous avons eu notre agrément de société mandataire de service à la personne en mai 2022. Pour le moment, nous intervenons auprès de trois familles mais nous avons huit auxiliaires de vie sur Saint-Pierre, cinq autres sur le Port, une sur la Plaine-des-Palmistes et une autre sur Saint-Paul. Nous en cherchons deux autres sur le secteur de La Possession.
Le point fort de Sappy c’est que les auxiliaires de vie décident elles-mêmes du particulier chez qui elles interviennent et des horaires qu'elles veulent avoir. Nicolas Esparon et moi-même avons réellement souhaité redonner à cette profession, son rôle de sentinelle et la valoriser humainement et financièrement. Ce sont ces personnes qui prennent soin au quotidien de nos aînés.
- Certaines personnes âgées sont connectées, pour d’autres ce n’est pas toujours le cas. Pourquoi avoir fait ce choix de l'application ?
Ce choix nous l'avons fait pour anticiper le vieillissement de la population réunionnaise. Aujourd'hui, nos aînés ne sont pas forcément connectés, mais la génération de nos parents, on va dire les papis boomers le seront, donc ils pourront eux-mêmes suivre les indicateurs de leur état de santé.
- Envisagez-vous de faire connaître votre application aux autres professionnels de santé intervenant auprès de nos gramounes ?
Effectivement, l'objectif est de tendre vers une plateforme commune aux professionnels de santé. Nous nous sommes fait connaître auprès de la clinique de Saint-Joseph, du CHU de Bellepierre afin d’informer les assistants sociaux mais aussi les ergothérapeutes, psychothérapeutes de ces établissements, que Sappy existe et que c'est une solution pour le retour à domicile suite à une hospitalisation.
La Réunion sera confrontée au vieillissement de sa population. Avec Sappy nous avons voulu avec Nicolas Esparon recentrer le débat autour de la dépendance des personnes âgées au cœur de nos quotidiens et amener les politiques publiques à s'en saisir.
Source : https://www.ipreunion.com/ MP / Photo RB