Une personne sur deux en situation de surpoids, les Réunionnais mangent de plus en plus d'aliments ultra transformés.
Ce jeudi 21 juillet 2022, marque la Journée mondiale de la malbouffe. Il faut éviter de manger trop gras, trop sucré, trop salé..., ce slogan a beau être répété à longueur de journée sur nos écrans et dans nos magazines, nous sommes nombreux à ne pas résister aux fast-foods et autres nourritures pas forcément bonnes pour la santé. La preuve : les Réunionnais mangent de plus d'aliments ultra transformés.
À La Réunion, les enseignes de fast-food ne désemplissent pas. Les Réunionnais sont très friands de hamburgers, frites, nuggets, mais également de tous les repas déjà tout prêts et autres pizzas surgelées. Ces aliment ont pris le pas sur les produits frais. Manque de temps, et pas d'envie de cuisiner, la facilité conduit souvent à consommer ce qui n’est pas forcément bon pour sa santé.
Julien, père de deux filles l’avoue, "c’est vrai que l’on consomme énormément de fast-food parce que c’est rapide quand on sort du travail et ça fait plaisir aux enfants". Une façon de consommer qui, il le confesse, revient trop fréquemment dans son quotidien. "C’est vrai qu’on prend des pizzas ou des menus hamburgers frites au moins une fois par semaine. On sait que ce n’est pas bon pour la santé, mais c’est la facilité."
"L’offre alimentaire n'a jamais été aussi abondante. On voit de la malbouffe partout, on y a accès à tout heure de la journée et de la nuit, en livraison à la maison, au travail, à emporter ou sur place", explique Magali Tarnus, diététicienne nutritionniste. La spécialiste ajoute, "nous sommes attirés par tout ce qui est trop sucré, trop salé, trop gras. Nous sommes matraqués par la publicité, sur les écrans, toutes les appli, la pub extérieure, tout incite à manger de la malbouffe".
- La "malbouffe", une habitude chez les Réunionnais -
Une alimentation trop riche, très présente dans notre département. Pour Fridor Funteu, directeur de l'institut régional d'éducation nutritionnelle (Iren), "il n’y a qu’à voir les études, aujourd’hui à La Réunion, les aliments ultra transformés sont en progression dans les dépenses alimentaires des ménages".
Selon le nutritionniste, la raison majeure est l’absence d’envie de cuisiner. "Aujourd’hui la cuisine est vécue par nombre d’entre nous comme une activité contraignante, voire même une activité pour laquelle on n’a pas de compétences", dit-il. "Pour preuve, cela est un vrai souci, la transmission intra-familiale qui est la pierre angulaire du savoir-faire culinaire n’existe quasiment plus", ajoute le spécialiste.
Si certains avancent le prix avantageux comme excuse, pour Fridor Funteu, ce n’est pas forcément la bonne raison. D’après le directeur de l’Iren manger de la restauration rapide ou des produits transformés ne coûte pas forcément moins cher. "Nous avons aujourd’hui des éléments probants pour dire que c’est la malbouffe qui coûte plus cher." "Si on veut manger équilibré, que l’on respecte ses besoins, que l’on mange des aliments locaux, on peut avoir une alimentation moins budgétivore qu’une alimentation ultra transformée", souligne Fridor Funteu.
Autre raison, ces aliments ultra transformés ne nous rassasient pas. "Ces aliments activent le circuit de la récompense, la dopamine, une hormone qu'on adore ressentir. On devient accro... Plus on en mange, plus on en a envie. C'est un cercle vicieux", explique Magali Tarnus, diététicienne nutritionniste.
- La "malbouffe" un véritable fléau qui rend malade -
Diabète, obésité, hypertension artérielle… même si la nourriture rapide dépanne, elle est cependant nocive pour notre organisme et ses conséquences sur notre santé sont désastreuses à long terme. Peu équilibrée, riche en gras saturés, la "malbouffe" peut être responsable de graves maladies cardiovasculaires.
Un mal que les professionnels de santé pointent du doigt depuis des années. Selon un rapport publié dans la revue scientifique The Lancet en 2022, le taux de surpoids et d’obésité en Europe est alarmant. Près de 60% des adultes et un enfant sur trois sont en surpoids ou obèses.
À La Réunion, une personne sur deux est en situation de surpoids. Une obésité de plus en plus précoce comme l’indique le CHU, et souvent couplée à des comorbidités. Comme l’avait indiqué l’Insee, dans un rapport de 2019, la tendance à la malbouffe se confirme. "Seuls 9% des Réunionnais consomment au moins cinq portions de fruits et légumes par jour, contre 20% des habitants de l’Hexagone". Une consommation encore plus rare selon les dernières données de l’institut. "Près de six Réunionnais de 15 à 24 ans sur dix ne consomment pas de fruit ou légume tous les jours." Ce manque de variété dans les plats peut s’expliquer par des raisons financières. "La consommation de fruits et légumes est plus courante parmi les ménages les plus aisés : seuls 32% n’en mangent pas quotidiennement contre 48% pour les autres ménages", indique l’Insee.
- Des fast-foods misent sur le "fast good"-
Pour améliorer leur image de "malbouffe" et lutter contre ce fléau, des enseignes de restauration rapide, comme la marque Fresh Burritos, visent une nouvelle tendance, celle du "Fast Good". "C’est pour nous une façon de lutter contre la malbouffe et aussi la vie chère à La Réunion", explique la franchise. Mais alors en quoi consiste cette nouvelle tendance ? "C’est manger sainement et rapidement." "Pour les restaurateurs, l’enjeu est d’adapter sa carte aux nouvelles attentes des clients", explique la marque.
Respect des apports nutritionnels recommandés dans le cadre d’une alimentation équilibrée, circuits courts, nourriture certifiée "bio"… Plusieurs établissements de restauration rapide jouent le jeu et ne veulent plus être associés à l'image d'une santé dégradée et d'une alimentation déséquilibrée. un plus pour le restaurateur, mais également pour le client, qui souhaitent toujours consommer ses aliments rapidement et à bas coût.
- Il faut quand même se faire plaisir -
Réapprendre à cuisiner, tel serait donc le secret selon Fridor Funteu, directeur de l'Iren pour apprendre à manger mieux. "Dans nos ateliers, on essaye de redonner plaisir aux gens à cuisiner, à découvrir les plaisirs alimentaires." "Dire aux personnes que c’est mauvais pour la santé c’est terminé, il faut qu’ils trouvent le plaisir de bien s’alimenter", conclut-il.
Si la mauvaise alimentation peut être nocive pour la santé, il faut également veiller à se faire plaisir de temps en temps et surtout ne pas se priver. Manger de la malbouffe, oui, mais de temps en temps et à condition de manger des aliments sains le reste du temps. Les diététiciens nutritionnistes n'interdisent pas les burgers, pizzas, nuggets, tacos. " On préconise de le faire modérément, de moins en moins, et ti lamp ti lamp de faire du maison : burger maison, pizza maison, même les nuggets: on prend des bons produits on sait ce que l'on met, sans additifs", indique Magali Tarnus, diététicienne nutritionniste.
"L'augmentation de la consommation de junk food c'est comme la drogue, il faut s'en détoxifier, de moins en moins, de plusieurs fois par semaine à une fois par semaine, puis une fois par mois", conclut la diététicienne.
Source : https://www.ipreunion.com/ MA.M /