Diphtérie à Mayotte : un nourrisson décédé cette année.
Présente à Mayotte, la diphtérie est une maladie hautement contagieuse. Avant 2019, 0 à 2 cas par an étaient signalés à Mayotte. Il s'agit majoritairement de cas de diphtérie cutanée dont la moitié importée des Comores. Pour le premier semestre 2022, déjà 6 cas de diphtérie (dont trois regroupés au mois de mai), ont été enregistrés. Un nourrisson est malheureusement décédé des suites de cette maladie.
"Grâce à une couverture vaccinale très élevée, la diphtérie due à C. diphtheriae a disparu en France métropolitaine. Depuis 2002, à l’exception d’un cas, tous les cas déclarés en métropole étaient importés", explique Santé Publique France. Cependant, Mayotte reste fortement touchée par cette maladie.
- 6 cas et un nourrisson décédé –
Depuis le début de l’année, six personnes ont été contaminées par la diphtérie. Pour le seul mois de mai, on note trois cas groupés chez un enfant d’un an, un adolescent de 14 ans et un adulte de 25 ans. Les autres cas concernent un adolescent de 13 ans et un adulte de 49 ans en mars. Le dernier cas étant celui du bébé âgé de 7 mois, n’ayant jamais reçu de vaccinations. "L’enfant a été évacué à La Réunion et est décédé", indique Santé Publique France.
Les symptômes de la diphtérie sont les suivants : "une angine peu fébrile, plus ou moins dysphagique avec pâleur et adénopathies sous-maxillaires. Les amygdales sont recouvertes de fausses membranes blanchâtres, de couleur crème ou grisâtre, très adhérentes, plus ou moins extensives dans le pharynx". Elle peut se compliquer d’atteintes cardiaques ou neurologiques et entraîner le décès.
En 2019, 6 cas de diphtérie cutanée avaient été recensés, dont 5 cas de diphtérie cutanée chez quatre enfants (6 mois à 4 ans) et une femme adulte de 40 ans, 1 cas de diphtérie ORL chez un enseignant non vacciné. Une situation toujours préoccupante en 2020 avec quatre cas de diphtérie cutanée tox+ chez 3 adultes de 45, 58 et 63 ans dont les statuts vaccinaux étaient inconnus et un enfant de 11 ans à jour de ses vaccinations. Une situation similaire en 2021 avec cinq cas de diphtérie. quatre cas de diphtérie cutanée : chez trois enfants (1, 3 et 8 ans) et un adulte (72 ans) et un cas de diphtérie ORL tox+, survenu en avril chez un nourrisson de 4 mois, n’ayant jamais reçu de vaccinations. L’enfant est décédé d’un choc toxinique des suites de la maladie.
- Une couverture vaccinale insuffisante -
"Des études menées auprès de certaines populations au cours des dix dernières années montrent une couverture vaccinale insuffisante pour assurer une immunité collective protectrice, exposant le territoire à l’apparition de nouveaux cas de diphtérie", indique Santé Publique France. Ces évènements confirment la place de la vaccination au cœur des enjeux de santé publique à Mayotte en 2022. Les interventions destinées à élever la vaccination de la population de Mayotte doivent être renforcées avec une attention portée à certaines populations.
La situation sanitaire des pays de la zone océan Indien doit être prise en compte dans l'évaluation du risque lié à la diphtérie à Mayotte. À Madagascar et aux Comores, bien que le Programme élargi de vaccination (PEV) recommande la vaccination contre la diphtérie, de nombreux cas sont identifiés chaque année et les données épidémiologiques demeurent parcellaires.
- Une maladie hautement contagieuse -
Hautement contagieuse, la diphtérie est une maladie à déclaration obligatoire. La diphtérie une maladie hautement contagieuse, due à la bactérie Corynebacterium diphtheriae* et qui se transmet d‘Homme à Homme. Toute suspicion de diphtérie ORL avec fausses membranes, toute Diphtérie cutanée avec fausses membranes ET présence de corynebactéries du complexe diphtheriae et toute diphtérie avec présence de corynebactéries du complexe diphtheriaeporteuses du gène tox (tox+) doit être signalée.
Il faut donc notifier sans délai, tout cas suspect de diphtérie via le portail de signalement ou par téléphone au 02 69 61 83 20 pour une mise en route rapide des mesures de gestion autour du cas (entourage et cas contacts)
- Fièvre typhoïde, l’autre maladie qui touche Mayotte
Entre le 1er janvier et le 25 mai 2022, 54 cas de fièvre typhoïde confirmés par hémoculture et/ou coproculture ont été signalés par le laboratoire du CHM au service de VSS de l’ARS Mayotte, soit en 5 mois, 15 cas de plus par rapport à la moyenne annuelle de 39 cas enregistrée au cours des 6 dernières années (de 2016 à 2021) Aucun cas de fièvre paratyphoïde n’a été identifié. Ces 54 cas de fièvre typhoïde déclarés en 2022 sont répartis de janvier à mai, mais plus de la moitié des cas (36 cas) sont survenus au cours de la dernière semaine d’avril et du mois mai (semaines 17 à 20). 32 cas (59%) ont été hospitalisés au moins une nuit, 5 cas ont été admis en réanimation et aucun décès enregistré à ce jour.
La fièvre typhoïde est une maladie endémique à Mayotte, département connaissant un contexte particulier de précarité avec un accès limité à l’eau courante et un réseau d’assainissement insuffisant. La commune de Koungou concentre toujours le plus grand nombre de cas de fièvre typhoïde déclarés chaque année. Le village concentre 25 cas sur les 27 déclarés dans la commune de Koungou. La seconde commune la plus touchée est Dzaoudzi Labattoir en Petite-Terre avec 14 cas. Les 54 cas déclarés en 2022 sont principalement des femmes. L’âge médian était de 19 ans.
La fièvre typhoïde est causée par la bactérie Salmonella enterica sérotype Typhi, et les fièvres paratyphoïdes, sont liées aux sérotypes Paratyphus A, B ou C. La transmission est dite féco-orale, soit directe par ingestion des bactéries provenant des selles d’individus contaminés, soit le plus souvent indirecte par ingestion d’eau ou d’aliments souillés. Les fièvres typhoïdes et paratyphoïdes se manifestent classiquement par une fièvre prolongée, des maux de tête, une anorexie, une splénomégalie, une éruption, une somnolence (voire une obnubilation), des diarrhées ou plus fréquemment une constipation chez les adultes. Le retard de prise en charge adaptée est à l’origine de formes sévères.
Il est donc préconisé d'observer des règles d’hygiène et de propreté, d'éviter la consommation d’eau non contrôlée et de se faire vacciner contre la fièvre typhoïde. La vaccination contre la fièvre typhoïde est recommandée pour les voyageurs devant effectuer un séjour prolongé ou dans de mauvaises conditions dans des pays où l’hygiène est précaire et la maladie endémique, particulièrement dans le sous continent indien et l’Asie du Sud-Est.
Source : https://www.ipreunion.com/ Photo AFP