En 15 ans, le nombre de bébés nés prématurément a augmenté de 22%
1.203 naissances avant terme en 2020 à La Réunion.
Depuis plusieurs années le nombre de naissances prématurées, soit avant 37 semaines d'aménorrhée, augmente régulièrement. Ainsi chaque année environ 60.000 bébés (8% au total) naissent prématurément en France. À La Réunion, les données pour 2021 ne sont pas encore disponibles, mais en 2020 l'Agence régionale de santé de l'océan indien (ARS) a recensé 1.203 naissances prématurées, soit un taux de 9,08% du nombre total de natalité.
"En l’espace de 15 ans, le nombre de bébé né prématurément a augmenté de 22%", explique l’association SOS Préma. Dans notre département, en 2020, sur 13.248 naissances vivantes, l’Agence régionale de la santé a recensé 1.203 naissances prématurées, soit 9,08% des naissances.
Pourquoi observe-t-on une augmentation de ces naissances prématurées ? Pour Nadia Denaux, cadre puériculture de santé au service de réanimation néonatale au CHU de La Réunion, "les raisons sont multifactorielles". "Il y a la santé, les grossesses jeunes mineures, l’âge tardif des mamans, le recours aux fécondations in vitro (FIV)", explique-t-elle. En effet, l'âge de la maternité ne cesse de reculer, or une grossesse tardive présente plus de risques de manière générale pour le bébé. Quant aux fécondations in vitro, "elles susceptibles de provoquer davantage de complications". Autre facteur, le mode de vie: consommation de tabac, alcool, précarité sociale, stress et fatigue liés au travail favorisent les naissances avant terme. "Le changement de mode de vie ou la procréation médicalement assistée fait qu’il y a plus de naissances prématurées qu’avant", estime la médecin.
Si le nombre de bébés nés prématurément augmente à La Réunion, le taux de mortalité est également plus élevé qu'en métropole. "Le facteur primordial c'est le terme de naissance. Plus le terme est faible et plus le risque de mortalité et de complications graves est élevé", explique le Docteur Duksha Ramful, chef de service réanimation néonatale et médecine néonatale au CHU Nord. "À 25 semaines, le taux de mortalité est élevé, à 26 semaines ça va mieux et à 28 semaines la mortalité est très rare", précise-t-il. "La majorité des décès se passe lors de l'hospitalisation du nouveau-né car il peut avoir des complications", indique le médecin.
- Améliorer la prise en charge -
Depuis plusieurs années, le nombre de naissances prématurées augmente régulièrement. Pour améliorer le quotidien des familles, souvent bouleversées, la France compte s'inspirer du modèle suédois et permettre une prise en charge des bébés à domicile par des équipes médicales. Dans ce contexte, le ministère de la Santé a publié un décret visant à "améliorer la qualité de vie des familles de ces nouveau-nés hospitalisés souvent sur de longues durées".
Il s'agit d'une "prise en charge des nouveau-nés prématurés à domicile assurée directement par les unités de néonatologie", expliquent les services du ministère. Le temps d'hospitalisation du bébé serait ainsi réduit. Les parents rentreraient plus tôt à la maison avec le bébé et seraient guidés pour les soins ou l'alimentation par du personnel médical formé aux besoins spécifiques de ces nouveau-nés.
L'expérimentation française, conduite sur trois ans, passera par un appel à projets pour sélectionner une dizaine d'équipes. Selon le ministère, elle "alimentera la réflexion en vue d'une éventuelle pérennisation du dispositif".
- Un bébé prématuré toutes les 8 minutes –
Comme l'indique l’association SOS Préma, "est prématurée, toute naissance qui survient avant 37 semaines d’aménorrhée (SA) ou 8 mois de grossesse".
Il existe deux types de prématurités. D'une part la prématurité spontanée : souvent la conséquence d’une rupture prématurée des membranes ou d’un travail prématuré spontané. D'autre part la prématurité induite : l’équipe obstétricale décide de provoquer l’accouchement en raison des risques pour la mère et / ou l’enfant. Les principales pathologies en cause sont l’hypertension artérielle sévère, le retard de croissant grave ou l’hémorragie maternelle. Elle représente 45% des naissances avant 33 semaines d'aménorrhée.
En France, un bébé naît prématuré toutes les 8 minutes. Cela représente 60.000 bébés prématurés par an, 165 naissances par jour, soit près de 8% des naissances. Parmi ces bébés nés avant terme, 85% sont des prématurés moyens, 10% des grands prématurés (6 à 7 mois de grossesse) et 5% des très grands prématurés (en-deçà de 6 mois de grossesse), selon les données de l'association SOS Préma.
- Un suivi médical spécifique -
À la Réunion, il existe trois niveaux concernant le service de néonatalogie, le niveau 3 pour les bébés en-dessous de 33 semaines au CHU Nord et Sud, le niveau 2 pour les bébés nés entre 33 et 36 semaines et le niveau 1 pour les enfants moins à risques. "L’hospitalisation d’un bébé né prématuré dépend de plusieurs facteurs, le terme de naissance, son poids", explique le Docteur Duksha Ramful, chef de service réanimation néonatale et médecine néonatale au CHU Nord. "Plus le poids de naissance est faible et plus l’hospitalisation est longue", ajoute-t-il. "En moyenne, un bébé né à moins de 32 semaines aura 40 jours d’hospitalisation", précise le médecin.
Dès leur naissance, les bébés prématurés ont une prise en charge bien particulière. Accueillis en service de néonatalogie, ils sont hospitalisés et suivis par les équipes soignantes pour les soins techniques, d’hygiène et de confort adaptés. "On place les bébés en couveuse, en incubateur, on les aide pour la respiration avec soit une aide dite non-invasive ou alors avec des machines, de la ventilation artificielle", indique le Docteur Duksha Ramful. Suit ensuite l’aide nutritionnelle. "La croissance des enfants prématurés est très importante", souligne le praticien. "Plus un bébé est prématuré est plus il est incapable de téter et de digérer le lait, alors on l’alimente par sonde nasogastrique ou par des perfusions", explique-t-il. Mais la surveillance des petits prématurés ne s’arrête pas là. Bilan sanguin, examen du cerveau, échographie, les bébés sont soumis à une batterie d’examens systématiques.
Lorsque le bébé arrive à un poids de plus de deux kilos, sa sortie peut être envisagée. "On prend en compte généralement le terme, à partir de 36 semaines et le fait que le nourrisson soit médicalement stable." À domicile, leur surveillance se poursuit avec des rendez-vous médicaux réguliers chez le pédiatre.
Outre les équipes techniques, le rôle des parents est primordial. "On essaye vraiment de privilégier la présence des parents pendant l’hospitalisation", indique le Docteur Duksha Ramful. "Sur le plan psychologique on favorise le lien mère-enfant avec le peau à peau et la promotion de l’allaitement maternel", ajoute-t-il.
Source : https://www.ipreunion.com/ MA-M / Photo AFP