Accoucher en temps de pandémie : solitude pour les mères, souffrance pour les soignant.e.s
Une étude menée par deux chercheuses
Une grande solitude pour les mères, une grande souffrance pour les soignant.e.s pendant les confinements et les restrictions sanitaires liés à la pandémie de Covid-19. C'est ce qui ressort de l'étude Mater-Covid 19" menée par Cécile Schantz et Virginie Rozée, chercheuses à l'Institut de recherches pour le développement (IRD) et à l'Institut national d'études démographiques (Ined). Les scientifiques ont dévoilé les premiers résultats de leur enquête ce jeudi 12 mai 2022. Le projet a été mené dans deux maternités d'Île de France et de La Réunion afin "d'analyser le vécu des femmes et des soignant.es en pleine pandémie"
"Le Covid-19 a obligé les maternités à réorganiser la prise en charge des patientes et leur propre fonctionnement", explique Virginie Rozée. "L’objectif était de rendre visibles les conditions dans lesquelles les femmes ont accouché mais aussi celles dans lesquelles les soignant.es ont exercé leur métier durant la crise sanitaire" ajoute-t-elle.
Pour mener à bien leurs recherches - qui ont pris fin début 2022 -, , les deux chercheuses ont cumulé 89 entretiens auprès de femmes ayant accouché entre mars 2020 et avril 2021, au moment des confinements et des restrictions. Elles ont aussi questionné des gynécologues et des sages-femmes présents sur la même période dans les maternités parisiennes de Necker et de Poissy Saint-Germain et dans les maternités réunionnaises de la maison de naissance de l’Ouest et celle du CHOR.
- Entre solitude et souffrance -
Les premiers résultats du projet Mater-Covid 19 démontrent que les femmes ont éprouvé un sentiment de "grande solitude" à différents moments de leur grossesse. "Cela est dû à plusieurs facteurs : l'annulation des cours de préparation à l’accouchement, l’absence des conjoints lors du travail et au retour de couches, lors du retour à la maison où le soutien familial des parents, grands-parents n’était pas aussi important qu’en temps de non pandémie", énumère Cécile Schantz..
Du côté des soignants, une "grande souffrance" est largement ressortie de l'étude. Pour Cécile Schantz, cela tient à "un sentiment d’angoisse, de solitude, de lassitude et de fatigue face une épidémie qui dure dans le temps mais aussi à une perte de confiance en l’Etat avec des directives qui ont été parfois contradictoires".
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Des enquêtes menées par d'autres chercheurs sur la même période ont mis en évidence "l’impact du covid-19 sur l’augmentation des dépressions post-partums en plus de l’absence du conjoint dès le retour de couche", complète Virginie Rozée. "Nous espérons vraiment que cette étude pourra guider les politiques publiques et contribuer à améliorer les conditions d’accouchement dans les maternités", concluent les deux chercheuses.
Source : https://www.ipreunion.com/ Photo MP