Covid-19 l'utilité des autotests remise en cause
Du 23 au 29 avril 2022, 39.723 tests Covid ont été réalisés à La Réunion. Pour faire face à l'afflux de personnes souhaitant se faire dépister, les pharmacies ont longtemps invité les clients à utiliser des autotests. Maintenant que la vague est passée, les autotests ont moins la cote et leur utilité est remise en cause, bien qu'ils soient toujours prévus dans le protocole du ministère de l'Éducation nationale pour les cas contacts en classe. Pourtant, leur efficacité reste bien inférieure aux tests antigéniques ou RT-PCR.
"C’est dommage de laisser les gens faire des autotests" estime le Docteur Christine Kowalczyk. "Il faut absolument stopper ça, la maladie doit être diagnostiquée par le médecin", s’insurge-t-elle. Avec la grippe en plus, "on peut avoir des personnes fragiles qui ne viennent pas consulter parce qu’ils n’ont pas le Covid". Pourtant le Covid-19 n'est pas le seul virus qui traîne.
La médecin et présidente de l’Union régionale des médecins libéraux le confirme, les "autotests sont moins bons". "J’ai souvent vu des personnes ayant fait des autotests se penser négatives. Tests qui s'avèrent positifs une fois à mon cabinet. Donc les gens fragiles doivent consulter et pour toute maladie, comme la rhinopharyngite, il faut se protéger et protéger ainsi les autres."
Une inefficacité appuyée par Boubker El Beghdadi, président de l'Union régionale des professionnels de santé des pharmaciens de La Réunion et de Mayotte. "L'URPS des pharmaciens a toujours dénoncé l'efficacité des autotests", clame-t-il. "On a des cas symptomatiques qui font des autotests avec un résultat négatif et qui viennent quand même à la pharmacie faire des tests antigéniques, vu les symptômes qu'ils ont ou sur le conseil de leur médecin. Résultat : le test est positif."
Les autotests, quand ils annoncent un résultat positif, sont bons. C'est sur la détection même du virus que le bât blesse. "Un autotest négatif ne reflète pas la réalité infectieuse de la personne et cela dépend fortement du prélèvement réalisé" précise Boubker El Beghdadi.
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- Une technique différente -
Tout s'explique dans la façon de réaliser le test. Pour faire un autotest, la technique n’est pas la même utilisée que pour un test antigénique ou un test-PCR. "L’autotest se fait dans la partie avant de la narine, alors que les deux autres tests se font dans la partie nasopharyngée", explique Marion, pharmacienne à Saint-Denis. Autre différence, et de taille : les tests antigéniques et RT-PCR se font chez des professionnels, les seconds sont d'ailleurs emmenés directement en laboratoire.
Trop souvent donc, on fait un autotest négatif, alors que le résultat final est positif. Marie, mère de famille vivant à Sainte-Marie, a fait face à cette situation. "Ma fille avait des symptômes du Covid. On a fait deux autotests : les deux étaient négatifs. Par précaution on a fait le PCR et au final, celui-ci était positif." Même cas pour Patricia, dionysienne. "J'avais des symptômes légers, j'ai fait l'autotest et il était négatif. Mon employeur m'a tout de même demandé de faire un test antigénique. Je l'ai donc fait et celui-là était positif."
Des situations dangereuses : la personne se pensant négative sort sans protection, alors que sans le savoir, elle est positive au coronavirus et peut donc transmettre la maladie.
- Une sensibilité plus faible -
Contactée, la Direction générale de la santé (DGS) explique que, "concernant les critères de ces autotests, la HAS (Haute autorité de santé, ndlr) fixe des conditions de performance identiques à ceux des tests antigéniques sur prélèvement nasopharyngé en termes de sensibilité (80% seuil minimal) et de spécificité (99% seuil minimal)". Mais elle confirme tout de même que "les autotests peuvent néanmoins présenter une sensibilité plus faible, l’auto-prélèvement étant un facteur limitant la fiabilité."
La DGS le rappelle, "les autotests sont des outils de santé publique complémentaires des tests RT-PCR et antigéniques réalisés par des professionnels de santé et sont un instrument d’auto-surveillance. Au vu de leur facilité d’usage et de leur rapidité, les autotests représentent en effet une opportunité de tester les publics qui le sont peu aujourd’hui. Ils peuvent être utilisés dans un objectif de réassurance". Tout en insistant sur le fait qu’"en cas de symptômes évocateurs du Covid-19, il est fortement recommandé de réaliser un test antigénique ou PCR. Enfin, un autotest positif doit être confirmé par un test RT-PCR afin de suivre la circulation et l’évolution des variants."
Source : https://www.ipreunion.com/ MA.M / Photo AFP