Les pharmacies croulent sous la multiplication des tests antigéniques.
92.606 dépistages en une semaine.
Du 31 décembre 2021 au 5 janvier 2022, 13.000 cas ont été détectés à La Réunion. Cette flambée épidémique fait augmenter la demande en tests, ainsi les dépistages passent à 92.606 au 7 janvier 2022, contre 76.913 la semaine précédente. Face à la demande toujours plus forte, les pharmacies sont contraintes de réorganiser leur fonctionnement. Deux centres de dépistage ouvrent leurs portes pour l'occasion, le 10 janvier, afin de soulager les pharmaciens.
Rue Juliette Dodu, une enseigne aux néons verts attire le regard des passants. En forme de croix, l'insigne laisse défiler son texte clignotant : "tests antigéniques avec ou sans rendez-vous". Il est 15h, pourtant la file de clients s'épaissit un peu plus entres les rayons de la pharmacie. Quelques personnes ont fini par s'asseoir en soupirant, fatiguées d'attendre.
"Nous faisons plus de 300 tests par jour. Aujourd'hui, nous avons eu 44 cas positifs" affirme le pharmacien de la Poste à Saint-Denis. Du 31 décembre 2021 au 5 janvier 2022, plus de 13.000 cas positifs ont été recensés à La Réunion, dont plus de 3.000 cas seulement dans la journée du 5 janvier 2022, comme l'a annoncé Martine Ladoucette, directrice de l'ARS, ce jeudi.
Les laboratoires et les pharmacies sont pris d'assaut chaque jour, la demande de tests est hausse, passant de 92.606 tests du 30 décembre 2021 au 5 janvier 2022. Il existe 126 pharmacies sur tout le territoire réunionnais, proposant des tests antigéniques. En moyenne, il est possible d'estimer que chacune de ces pharmacies réalisent environs 105 tests antigéniques par jours chacune.
Un chiffre record que ressentent les professionnels. "Depuis le 1er décembre, le nombre de tests réalisés par jour a triplé voir quadruplé selon les pharmacies", indique Claude Marodon, pharmacien de La Trinité à Saint-Denis.
- Réorganisation des pharmacies -
"Les pharmacies ne sont peut-être pas encore débordées, mais la réalisation des tests nécessite une réorganisation selon chaque pharmacien", explique Claude Marodon. Dans son officine, il a dû modifier l'accueil des clients et leur enregistrement. Grâce à deux accès distincts dans sa pharmacie, il invite les patients venu pour les tests à passer par une entrée qui leur est dédiée. Deux sens de circulation ont été mis en place pour gerer les différents flux de clientèle.
"Nous avons moins de clients qui viennent sur ordonnance pour des médicaments. Nous avons juste réaffecté certains préparateurs à l'enregistrement des patients et des résultats. Ce sont toujours les pharmaciens eux-mêmes qui effectuent les prélèvements et la manipulation des tests", affirme Claude Marodon.
"Nous sommes cas contacts et ici, c'est la seule pharmacie du quartier qui fait des tests antigéniques. Il y a beaucoup de monde, je pensais que ça mettrait plus de temps, mais ça ne fait 15 minutes que je suis là", admet Sonia, venue se faire tester avec son père et sa mère. À la caisse, une préparatrice en blouse violette égrène les noms des personnes testées. Plusieurs familles attendent leurs résultats.
- "Les tests représentent un tiers de l'activité" -
Pour les pharmaciens, la forte demande en tests antigéniques se combine aussi avec les demandes des autres patients. "Nous essayons de consacrer autant de temps que possible aux clients, mais les tests représentent un tiers de l'activité de notre pharmacie" remarque Claude Marodon.
Pour lui, les autotests ne soulageront pas les pharmacies. "L'autotest en grande surface est un non-sens. D'après une circulaire du ministère des Solidarités et de la Santé, on doit demander obligatoirement conseil au pharmacien le jour même où le test a été réalisé. Le prélèvement reste un acte délicat pouvant donner des faux résultats s'il est mal exécuté. La plupart des patients qui ont fait un autotest viennent ensuite demander une confirmation par test antigénique".
Service Public France stipule qu'en cas de résultat positif à un autotest, il est impératif de réaliser un test antigénique ou RT-PCR en laboratoire ou pharmacie pour confirmer ou non le résultat.
- Vers une installation de centres de dépistage ? -
"Pour soulager les pharmacies, des centres de dépistage au Covid-19 doivent voir le jour. De même, tous les professionnels de santé doivent pouvoir être en mesure de faire des tests. Il faudrait également simplifier la partie administrative qui est contraignante et chronophage" estime Claude Marodon, interrogé avant la conférence de presse de l'ARS et du CHU.
Lors de cette conférence de presse, Martine Ladoucette a indiqué que "plus de 3.000 cas ont été détectés" en une seule journée, ce mercredi. 13.000 cas contaminés sont enregistrés en une semaine. "Nous sommes aujourd'hui à 1.600 pour 100.000 habitants de taux d'incidence" a-t-elle ajouté. Interrogée, l'ARS a indiqué que la semaine du 30 décembre au 5 janvier, 15.693 tests de plus ont été réalisés en comparaison à la semaine précédente.
L'agence régionale de santé a décidé d'ouvrir deux centres de dépistage à compter du 10 janvier 2022. Le centre de Saint-Denis, à la Nordev est ouvert du lundi au samedi de 8h à 13h30 , tout comme le centre de Saint-Paul, à la maison de santé de la Saline-les-Hauts. Des tests RT-PCR et antigéniques seront disponibles.
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Les lieux de dépistages sont à retrouver sur le site site sante.fr. Pour rappel, se faire dépister reste gratuit pour les personnes vaccinées et celles ayant une ordonnance. Il faut compter 27,16 euros pour un test antigénique réalisé en semaine et 32,16 euros les dimanches.
Source : https://www.ipreunion.com/ MC / Photo RB