L'obligation vaccinale des personnels auprès de publics fragiles entre en vigueur
C'est ce mercredi 15 septembre 2021 que l'obligation vaccinale contre le Covid-19 devient effective, pour les personnels hospitaliers, mais aussi pour ceux au contact de publics fragiles, comme les pompiers ou les ambulanciers. Les salariés n'ayant pas reçu au moins une dose du vaccin ne pourront pas être accueillis sur le lieu de travail. Ceux ayant reçu une dose peuvent tout de même aller travailler, sous réserve de présenter un test PCR ou antigénique négatif. Cette mesure, annoncée en juillet dernier, a provoqué la colère d'une partie de la population. Une colère qui pourrait s'exprimer un peu partout dans l'île ce mercredi, alors que des appels à manifester ont été lancés sur les réseaux sociaux.
Difficile de dire combien de personnes manqueront à l'appel ce mercredi dans les rangs du CHU, des pompiers ou encore des soignants libéraux. Les chiffres ne sont pas encore disponibles, ou en tout cas pas encore diffusables. Pour l'heure, on penche pour 92% des soignants libéraux vaccinés à La Réunion : un taux élevé, qui peut notamment s'expliquer par la difficulté à continuer à avoir des revenus sans vaccination.
"Lorsqu'on travaille en libéral, on ne peut pas partir en arrêt maladie et garder une rémunération. A partir de ce mercredi, on ne sera plus payé par la Sécurité sociale si on n'est pas vacciné. La pression est donc plus forte et peut expliquer que peu de soignants libéraux ne se soient pas fait vacciner" explique Sébastien Lallemand, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI) à La Réunion.
La FNI encourage dans tous les cas les soignants à se faire vacciner. "Nous comprenons l'intérêt de rendre obligatoire la vaccination : c'est une porte pour sortir de cette crise sanitaire, et une façon de se protéger soi-même et ses patients" explique Sébastien Lallemand. "En tant que soignant, nous avons eu la chance de pouvoir nous faire vacciner rapidement. La vaccination est la réponse pour enrayer l’épidémie (...) C’est notre responsabilité, en tant que soignants, mais aussi en tant qu’adultes de tout faire pour que l’on gagne ce combat contre l’épidémie le plus rapidement possible" considère l'Union régionale des professionnels de santé.
Du côté de la Fédération autonome de la fonction publique (FAFP), en tête de proue contre l'obligation vaccinale, l'heure n'est plus vraiment à la manifestation. "Nous avons déposé un préavis de grève dès le 31 juillet, car nous souhaitions sensibiliser avant la date fatidique" détaille Isaline Tronc, porte-parole de la FAFP et secrétaire générale de la branche hospitalière.
Une manifestation, celle du "Grand licenciement", a donc été organisée ce samedi à Saint-Paul. "L'idée était de sensibiliser la population à ce qu'il se passe actuellement dans les hôpitaux" explique-t-elle.
Pour l'heure, le taux de vaccination au CHU n'a pas été communiqué. "Ce qui m'intéresserait surtout comme chiffre, ce sont ceux de l'absentéisme" indique Isaline Tronc. Entre arrêts maladie et congés déposés, certains personnels non-vaccinés auraient contourné – pour l'heure – l'obligation vaccinale. "Certains parlent d'arrêts de complaisance, mais tous les soignants avec qui j'ai discuté sont dans une réelle souffrance" affirme-t-elle.
- Des craintes sur le fonctionnement de l'hôpital -
D'après Jean-Marc Vélia, secrétaire général de la CFDT Santé, le taux de vaccination du CHU tournerait autour de 80 à 85%. "Cela représente jusqu'à 1.000 salariés. Sans ces 1.000 personnes, je ne sais pas comment le CHU va continuer à fonctionner" alerte-t-il. "Du côté de l'Etablissement Public de Santé Mentale de la Réunion (EPSMR) et du Centre hospitalier ouest (CHOR), ce sont environ 5% des personnels qui ne sont pas vaccinés" affirme-t-il par ailleurs.
Il s'interroge désormais sur les capacités d'application de la loi du CHU. "Comment la préfecture et l'ARS envisagent-ils le fonctionnement du CHU sans ces 1.000 personnes ? Il n'est pas possible de priver de soins la population en raison d'une obligation vaccinale, et on ne peut pas uniquement se relayer sur des vacations, notamment pour les postes nécessitant une formation particulière" souligne-t-il.
"On a une réserve sanitaire en Frane, mais pouvons-nous garantir que celle-ci pourra couvrir tous les besoins laissés vacant par le personnel non-vacciné ?" s'interroge de son côté Isaline Tronc.
Pour les deux syndicats, c'est la méthode utilisée plus que le vaccin qui est décriée. "Mettre les gens au pied du mur de cette façon-là, c'est creuser encore plus une fracture entre la direction et les personnels" dénonce la porte-parole de l'FAFP. "On appelle à l'unité entre tous les soignants, vaccinés ou non" ajoute-t-elle.
Plusieurs rendez-vous ont été donnés sur les réseaux sociaux, notamment pour bloquer la Route du littoral ainsi que les quatre-voies de l'est et du sud. Un appel à "une grève générale illimitée" a été lancé, passant notamment par un boycott des lieux de loisirs et les centres commerciaux. Les syndicats, de leur côté, n'ont pour l'heure rien de prévu. "Pour s'opposer à une mesure, il faut attendre que celle-ci soit mise en place" conclut simplement Jean-Marc Vélia.
Source : https://www.ipreunion.com/ AS / Photo RB