Vaccination entre soulagement et perplexité chez les enseignants et policiers.
Ils ne sont pas concernés par l'obligation vaccinale.
Alors que de nombreux corps de métiers, au contact de "publics fragiles", devront bientôt obligatoirement se faire vacciner pour pouvoir travailler, les enseignants et forces de l'ordre ne sont pas concernés. Une annonce que le gouvernement a eu du mal à justifier, mais qui est accueillie plutôt favorablement du côté des concernés, malgré un manque de consistance de la part des autorités.
"Depuis un an, on ne comprend plus rien : un moment nous sommes une profession prioritaire, un autre nous ne le sommes plus, nous sommes prioritaires pour nous faire vacciner, mais nous ne sommes pas obligés de le faire… La position du gouvernement change régulièrement, c'est à ne rien y comprendre" s'agace Stéphane Lebreton, de l'Unité SGP Police FO.
Interrogé sur la question, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, a difficilement répondu aux journalistes d'Europe 1. "C'est pour des personnels qui travaillent dans des lieux ou le pass sanitaire est exigé pour les usagers. Les policiers ne travaillent pas dans les mêmes établissements…Ce n'est pas la même situation… Les policiers sont certes au contact du public…" a-t-il affirmé péniblement.
Gabriel Attal sur les professionnels concernés par le pass sanitaire obligatoire : "C'est des personnels qui travaillent dans des lieux où le pass sanitaire est exigé pour les usagers, pour les clients".
Une justification peu claire, mais dont l'issue reste satisfaisante aux yeux du syndicat Alliance Police. "Je vois difficilement comment le gouvernement pourrait imposer aux policiers de se faire vacciner : il faut savoir que si certains le sont, beaucoup d'autres ne le sont pas et ne souhaitent pas le faire" souligne Cédric Boyer, délégué national Outre-mer d'Alliance police nationale.
"S'il est vrai que nous sommes montés au créneau il y a quelques mois pour que nous soyons considérés comme profession prioritaire dans la campagne vaccinale, cette positition était principalement motivée par le fait que certains souhaitaient être vaccinés car nous sommes au contact du public. La liberté de choisir est primordiale ici" ajoute-t-il.
Mais plus que le vaccin, du côté des forces de l'ordre, c'est surtout la question des contrôles des pass sanitaires qui fâche du côté des forces de l'ordre. "Une fois de plus, le gouvernement nous délègue une mission qui n'est pas la nôtre. Comment voulez-vous aller contrôler si les personnes sont vaccinées alors que certains d'entre nous ne le sont même pas ?" questionne Cédric Boyer.
Que ce soit en moyens humains ou matériels, les forces de l'ordre affirment ne pas être en capacité de contrôler les établissements recevant du public. "C'est impossible pour nous d'assurer cette mission. De plus, nous ne sommes pas ici pour faire l'arbitre entre les vaccinés et les non-vaccinés. Il y a une fracture de la population qui risque de s'empirer un peu plus" s'inquiète Stéphane Lebreton. Il indique cependant que si la vaccination devait devenir obligatoire pour la police, les policiers "obéiraient aux ordres".
Lire aussi : Covid-19 : l'obligation vaccinale divise à La Réunion
- Les enseignants divisés sur la question -
Du côté des enseignants, aucune position syndicale n'a encore été prise, les vacances ayant débuté. Ce qui n'empêche pas les enseignants d'avoir un avis sur la question. "J'aurai personnellement préféré que l'obligation vaccinale soit étendue à toute la population, il faut sortir de cette crise sanitaire !" s'exclame Patrick Corré, de la CGTR Educ'action. "Nous sommes en contact toute la journée avec des élèves, ça me semble évident que les enseignants devraient être vaccinés" ajoute-t-il, rappelant qu'il s'agit cependant de son avis personnel. "Du côté du syndicat, je ne peux vous dire quelle sera la position officielle si la vaccination devenait obligatoire. C'est une question qu'on se posera le moment venu" explique-t-il.
D'autres enseignants ne partagent cependant pas son avis. "Si la vaccination devient obligatoire, je me mettrais en grève et partirais manifester. Il est hors de question que je me fasse vacciner, je n'ai pas confiance en ce vaccin" assure Geneviève Grondin*, enseignante dans un lycée du sud de l'île. "Je suis pour le dialogue, pas l'obligation" assure-t-elle, prête à combattre toute obligation si elle devait arriver.
Un avis partagé en partie par Stephane Checkouri, du Syndicat alternatif des instituteurs et professeurs des écoles de La Réunion (SAIPER). "Je suis pour la liberté de choix. On ne peut pas forcer les gens à se vacciner, il me semble normal que les enseignants aient le choix" assure-t-il. Aucune position syndicale n'a cependant été décidée, et il n'exclut pas qu'un avis favorable ou défavorable concernant la vaccination obligatoire soit adopté" ajoute-t-il.
"Nous représentons nos adhérents, pas nous-même : il faudra donc se concerter pour décider d'une position officielle. Il est difficile d'avoir un avis tranché et définitif quand le gouvernement lui-même se contredit régulièrement" observe-t-il par ailleurs.
Emmanuel Macron n'a en tout cas pas exclu de rendre obligatoire "la vaccination à tous les Français" mais il a affirmé faire pour l'instant "le choix de la confiance". En attendant, tous les personnels au contact des personnes fragiles devront se faire vacciner, et ce dès le 15 septembre. Passée cette date, les soignant.e.s non vacciné.e.s "ne pourront plus travailler et ne seront plus payés"
Source : https://www.ipreunion.com/ AS / Photo RB