Vaccination trop lente à La Réunion inquiétude des médecins et des autorités.
A La Réunion, selon le dernier bilan de l'Agence régionale de santé (ARS), un.e Réunionnais.e sur trois seulement a reçu la première dose du vaccin. En comparaison près de 50% de la population de l'Hexagone ont reçu la leur. Pour les autorités sanitaires comme pour les médecins, il est nécessaire que les habitant.e.s fassent la démarche d'aller se faire vacciner sans quoi l'allègement des mesures sanitaires s'annonce long et difficile.
C'est une évidence au vu des chiffres nationaux : notre département est très en retard sur le plan de la vaccination. Alors qu'il y a quelques semaines ce retard était dû au nombre insuffisant de doses sur le territoire, c'est maintenant le constat inverse : les habitant.e.s ne vont pas suffisamment se faire vacciner.
- 17% entièrement vaccinés à La Réunion, 29,8% en Métropole -
L'ARS annonce dans son dernier communiqué en date de jeudi 24 juin 2021 que 221.179 Réunionnais.e.s. ont reçu une dose du vaccin soit 25,8% de la population totale. C'est peu, quand on sait notamment qu'une dose (pour le Pfizer du moins) ne suffit pas et que deux injections sont nécessaires pour être protégé. Ainsi dans le détail, le taux de vacciné.e.s est encore moins satisfaisant : 147.174 personnes seulement ont reçu leur deuxième dose Pfizer ou l'injection au Janssen, qui est un vaccin monodose. Sous cet angle, ce sont donc 17% seulement qui ont terminé le processus de vaccination.
En France métropolitaine, selon les derniers chiffres du ministère de la Santé, 32.913.322 personnes ont reçu au moins une injection (soit 48,8% de la population totale) et 20.124.046 personnes ont désormais un schéma vaccinal complet (soit 29,8% de la population totale) .
Pour l'ARS, les chiffres de La Réunion sont bien insuffisants. Les campagnes se multiplient alors, mises en place par l'agence de santé elle-même mais aussi l'université ou la Croix-Rouge. Des "vaccinobus" ont même été pensés pour aller à la rencontre de la population qui ne se déplace pas.
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- Une offre supérieure à la demande -
Dans les centres de vaccination le constat est le même : les infirmier.e.s remarquent une baisse conséquente des rendez-vous et l'entrée est de fait très rapide. C'est le cas à l'ancien hôpital Gabriel martin à Saint-Paul, réhabilité en centre de vaccination. Aucune queue à l'entrée, des salles d'attente quasiment vides : un rythme plus confortable pour les soignants, mais qui prouve que la population ne vient pas se faire vacciner.
Dans son cabinet médical de Sainte-Marie, où il effectue également des injections, le docteur Alain Domercq, également président du Conseil interrégional de l'Ordre des médecins, en vient à avoir "plus d'offre que de demande". "Quand on voit en Métropole que les gens ne portent plus le masque dans la rue, n'ont plus de couvre-feu… à La Réunion on est encore loin de tout ça. Il faut que les gens comprennent que la vaccination est la seule solution pour sortir de cette épidémie. Tant que ce n'est pas le cas, nous allons rester avec des restrictions" estime-t-il.
- Moins de formes graves -
L'inquiétude va plus loin, au regard du nombre de patients Covid en réanimation qui peine à diminuer (une trentaine par semaine en moyenne), ou encore des décès dûs au virus qui continuent d'être enregistrés chaque semaine. Si les autres indicateurs diminuent – bien que très doucement – ces deux-là ont du mal à vraiment baisser.
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Pour le docteur Domercq, se faire vacciner c'est aussi atteindre une forme d'immunité, que certain.e.s veulent obtenir en tombant malades. Mais c'est sous-estimer la dangerosité du virus, dont le variant sud-africain, plus contagieux, est d'ailleurs largement majoritaire à La Réunion dans les nouveaux cas détectés.
La question, éternelle, reste la même : comment convaincre les gens d'aller se faire vacciner, quand celle-ci n'est pas obligatoire ? Nécessaire désormais pour voyager sans motif impérieux, elle a poussé quelques futurs passagers à passer le cap. Mais ce n'est pas suffisant. "Le concept scientifique est indéniable : la vaccination fait baisser le nombre de contaminations" indique le docteur Domercq. Est-ce que cela empêche de contracter le virus ? De très rares cas montrent que la protection n'est pas de 100%. Mais une chose est certaine, "le vaccin limite très fortement les formes graves du virus, c'est incontestable".
Source : https://www.ipreunion.com/ / MM / Photo RB