Levée progressive des restrictions de l'utilité relative du couvre-feu.
Comme vous l'annonçait Imaz Press ce jeudi 6 mai, le préfet table sur un calendrier en plusieurs étapes jusqu'au 30 juin pour lever les mesures anti-Covid mises en place sur le territoire. Ainsi le couvre-feu va être assoupli, les réouvertures font se faire petit à petit et le motif impérieux va être progressivement allégé... et ce alors que les chiffres du Covid n'ont jamais été aussi hauts. Tout comme la dengue, qui atteint de tristes records de contaminations. La levée progressive des restrictions est un soulagement pour toutes et tous, à n'en pas douter. Mais ce calendrier, mis en relation avec les chiffres de l'épidémie, n'est-il pas finalement un aveu de l'échec de ces mesures ?
Si en Métropole la communauté médicale s'interroge face au calendrier de déconfinement du Président de la République, il y a également de quoi se poser des questions à La Réunion.
Ainsi le préfet a dévoilé sa vision des prochaines semaines. Un calendrier qui devait avant tout paraître par voie de communiqué et à travers une interview donnée exclusivement aux journaux de presse écrite. Dans l'après-midi, Imaz Press a finalement révélé les principales étapes de cette levée des mesures, complétées par le communiqué de la préfecture dans la soirée.
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- Quatre dates clés -
- A compter de ce samedi 8 mai, le couvre-feu passe à 19h et non plus 18h. Les autres mesures sont maintenues jusqu'au 18 mai.
- A partir du 19 mai, le couvre-feu sera décalé à 21h, et certains établissements vont pouvoir rouvrir comme les galeries commerciales de plus de 10.000 m2. Les terrasses des bars et des restaurants vont aussi pouvoir rouvrir, ainsi que les musées, les cinémas, les salles de spectacles en respectant des jauges définies. Les établissements sportifs de plein air sont concernés et les compétitions vont pouvoir reprendre en extérieur, dans la limite de 1000 personnes.
- Dès le 9 juin,les mesures s'assouplissent de nouveau. Le couvre-feu va passer à 23h. Les bars et les restaurants pourront rouvrir en intérieur, les compétitions reprendront pour les sportifs collectifs et de combat et les salles de sport pourront rouvrir. Les événements de plus de 5.000 personnes seront acceptés, sous réserve de présentation du pass sanitaire.
- Le 30 juin enfin, dernière étape du calendrier, le couvre-feu se termine, et toutes les jauges sont supprimées dans les établissements recevant du public.
- Des "résultats" discutables -
Sur le papier, le planning est cadré. Mais à peine diffusé, Jacques Billant assure ses arrières : "le desserrement des mesures sera progressif, contrôlé et conditionné par la stabilité de la situation sanitaire".
Il se félicite d'ailleurs de ces mesures, mises en place pendant trois mois. Pour lui, "la situation sanitaire s'est stabilisée", "la tension sur le système hospitaliser a baissé", et ces annonces sont "les résultats de 3 mois d'efforts menés au quotidien". Des efforts, oui nous en avons toutes et tous fait, mais les résultats sont-ils vraiment là ?
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Le 24 février, alors que La Réunion passait en couvre-feu de 22h à 5h, le taux d'incidence était à peine supérieur à 100 et on comptait 857 nouveaux cas de Covid-19 sur une semaine. Quand le couvre-feu est passé à 18h le 5 mars, le taux d'incidence était de 104 pour 100.000 habitants et 850 nouveaux cas avaient été enregistrés.
Et maintenant ? Le dernier bilan fait état de 1.070 nouveaux cas en une semaine et d'un taux d'incidence de 125… Conclusion : le préfet annonce des allègements progressifs, alors que le Covid-19 atteint des records de contaminations. Un choix qui semble défier toute logique.
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- La dengue n'est pas loin -
Le préfet dit s'appuyer sur les hospitalisations : moins de patients Covid en réanimation, moins de "pression" selon lui. Une affirmation à mettre en relation avec le nombre de malades de la dengue, qui eux, ne faiblissent pas et remplissent les lits d'hôpitaux.
La maladie du moustique, qui elle aussi bat des records, a touché 1.686 personnes cette dernière semaine et tué trois nouvelles victimes du virus. Des chiffres hebdomadaires bien supérieures aux années précédentes.
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Tout ceci alors que de nombreux départs de médecins urgentistes sont prévus entre mai et juillet, comme révélé par Imaz Press ce jeudi. 17 départs précisément, dont les remplacements ne sont pas garantis.
- Un aveu à demi-mot -
Pourtant les mesures vont s'assouplir petit à petit. Est-ce qu'entrevoir une fin de crise soulage la population ? Bien sûr. Toutes et tous ont besoin d'avoir de quoi se projeter et il était temps de proposer une stratégie étalée sur plusieurs semaines.
Mais parler d'allègement quand l'incidence ne cesse de grimper, c'est l'aveu, si l'on peut dire, de l'utilité relative du couvre-feu. Comme la fermeture des restaurants ou celle des galeries marchandes, après avoir demandé à ces entreprises d'investir dans des précautions toutes aussi contraignantes les unes que les autres.
Mais il fallait à tout prix éviter le confinement, diront les autorités, pour le bien de l'économie… Résultat, trois mois plus tard, 26% des entreprises envisagent une cessation de leur activité, et 5% sont déjà en cours de fermeture, indiquait la CCIR. Si l'efficacité de ces trois mois de privations reste encore à prouver, les dégâts, eux, sont indiscutables.
Source : https://www.ipreunion.com/ MM / Photo RB