Crise sanitaire la quadrature du cercle.
Voilà bientôt deux mois que La Réunion est soumise à un couvre-feu instauré de 18h à 5h, et un mois que le département est en quasi confinement, avec une fermeture de nombreux lieux accueillant du public, à commencer par les bars et les restaurants. Aujourd'hui, l'île est en sursis, pendue aux lèvres du préfet, lui qui avait envisagé des assouplissements. Mais le dernier bilan des autorités sanitaires montre une légère hausse de l'incidence. Alors que faire ? Reconduire (une fois de plus) les mesures pendant deux semaines, assouplir pour permettre aux entreprises de respirer, ou renforcer pour limiter les contaminations au risque de n'avoir aucun résultat... Aucune solution immédiate ne semble fonctionner, tandis que le préfet cherche toujours une stratégie autre que le confinement pour lutter contre la propagation du virus.
Confinera, confinera pas… cela fait des semaines que La Réunion, soumise à des restrictions désormais semblables à la Métropole, s'interroge sur ce qui l'attend.
Le 12 février d'abord, le préfet a voulu trancher ville par ville en plaçant quatre communes sous couvre-feu, dès 22 heures : Le Port, La Possession, Saint-Leu, Saint-Louis. Trois autres villes s'y sont ajoutées le 18 février : Salazie, Sainte-Suzanne et l'Etang-Salé. Mais avec près d'une commune sur trois en couvre-feu, le préfet a finalement décidé d'homogénéiser les mesures à tout le département. Le 24 février, La Réunion est entrée en couvre-feu général, de 22h à 5h du matin.
Une décision manifestement insuffisante, qui n'a pas suffi à freiner l'épidémie. Dix jours plus tard seulement, le couvre-feu généralisé passe à 18 heures. Depuis, la tendance a du mal à s'inverser et les derniers chiffres, s'ils montrent effectivement une sorte de plateau (haut), aucune baisse n'est observée.
C'est un fait mathématique : le Covid-19 ne diminue pas à La Réunion. Plus de 1.000 cas ont été enregistrés cette semaine, et le taux d'incidence bondit à 121 pour 100.000.
Lire aussi - Covid-19 : nouvelle et inquiétante dégradation de la situation sanitaire
Alors on a tenté le couvre-feu "renforcé". Le préfet a tout essayé : fermer les bars, les restaurants, fermer les salles de spectacle, fermer les salles de sport, interdire les piques-niques, les bivouacs, les compétitions, fermer les cinémas, fermer les grandes galeries. Mais le "plateau" reste haut.
Comment envisager dans cette situation un assouplissement du couvre-feu à 19 heures ? Comment envisager la réouverture des terrasses ? Le préfet n'a voulu faire aucune promesse aux maires ce mercredi.
Mais le couvre-feu, qu'il soit à 18 ou 19 heures, fait-il vraiment effet ? Pour le préfet, oui, les mesures ont permis d'éviter une hausse constante des contaminations en mars et en avril. Pour la population, les élus ou encore la communauté médicale, les bilans sont plus mitigés. On parle de stabilisation, mais sur des taux toujours aussi élevés.
Lire aussi - Covid-19 : les chiffres de l'épidémie sont toujours élevés malgré les restrictions
C'est la quadrature du cercle, on cherche à résoudre un problème insoluble, avec des mesures qui ne permettent pas de faire chuter les courbes. Des mesures contrôlées très aléatoirement, au regard des retours d'habitants dans leur voiture à 18 heures passées.
Seule mesure non appliquée pour l'instant, et que le préfet fuit comme la peste : le confinement. Bête noire des entreprises au début, il a fini par être réclamé par certains restaurateurs, n'en pouvant plus des "mesurettes" qui n'éternisent pendant des semaines.
Lire aussi - Couvre-feu : une décision trop ou pas assez sévère, la question divise
C'est le dilemme éternel. Faut-il continuer ces mesures plus douces, douloureuses tout de même, pendant de nouvelles (longues) semaines ? Faut-il confiner pendant un mois, tout couper pour peut-être mieux reprendre après ? Mais un confinement, on le sait, signerait la mort d'entreprises déjà sur le fil. La CCIR l'a indiqué ce mardi : 26% d'entre elles envisagent une cessation de leur activité, 5% sont déjà en cours de fermeture.
Il n'y a donc pas de solution sans casse, pas de mesures sans conséquence néfaste, pas de décision sans laisser des traces. Le département semble stagner sans parvenir à se défaire de ce virus tenace, renforcé par la présence du variant sud-africain.
Un virus qui vient s'ajouter à une épidémie de dengue en très forte hausse en cette fin d'été. Et alors que les vacances scolaires démarrent dans quelques jours, elles qui favorisent les sorties et les rassemblements. Alors va-t-on trouver une solution pour faire entrer le cercle dans le carré, ou le carré dans le cercle... Là est la question.
Source : https://www.ipreunion.com/ MM / Photo RB