12 morts en une semaine, tous les indicateurs à la hausse.
La Réunion semble plus que jamais basculer dans le rouge. Alors que la réunion entre les maires et le préfet laissait présager un statu quo rassurant, le bilan sanitaire l'est beaucoup. Tous les indicateurs sont en hausse et parmi eux celui des décès : 12 patients ont perdu la vie des suites du Covid-19 en une semaine seulement. Un total qui n'avait jamais été atteint jusqu'ici à La Réunion. Le taux d'incidence bondit à plus de 114 pour 100.000 habitants quand celui des jeunes frôle les 180. Les clusters se multiplient et les lits en réanimation se remplissent. Une situation qui pourrait conduire La Réunion tout droit vers un reconfinement si la dégradation sanitaire se poursuit.
• 12 décès en une semaine
Ce mardi 9 mars, les autorités sanitaires ont annoncé 12 décès liés au Covid-19 en l'espace de sept jours. Parmi eux, 8 patients issus d'une évacation sanitaire (evasan). Ces patients, l'ARS et la préfecture le précisent, ont "plus de 50 ans", un seuil d'âge relativement bas.
Ce chiffre de 12 morts en une semaine n'avait jamais été atteint à La Réunion. Durant les mois d'octobre-novembre, alors que le nombre de décès au CHU repartait à la hausse, une dizaine de décès avait été répertoriés en l'espace de deux semaines. Plus récemment, ce sont 7 décès du Covid-19 qui ont été enregistrés la semaine dernière, dont 5 evasan.
• Taux d'incidence en hausse
A ce bilan inédit viennent s'ajouter d'autres tristes records, comme le taux d'incidence du département qui culmine désormais à 114,2 pour 100.000 habitants. Répartis par tranches d'âge, certains taux d'incidence sont véritablement alarmants, notamment chez les publics jeunes. Ainsi, du 27 février au 5 mars, on remarque un taux d’incidence, en forte augmentation, de 169,5 pour 100.000 chez les 15-24 ans et, en très forte hausse, de 179 pour 100.000 chez les 25-34 ans. Celui des plus de 75 ans a dépassé quant à lui le seuil d'alerte en passant à 58.
Alors que le nombre de tests effectués est "stable, par rapport à la semaine précédente", indique l'ARS, les indicateurs basculent. Et ces chiffres entraînent une hausse de positivité des tests, à 4,9% maintenant, soit à la limite du seuil de vigilance qui est de 5%. Le R0 lui est de 1,22, ce qui signifie qu'une personne atteinte de Covid-19 en contamine minimum une autre.
• Forte occupation des lits de réanimation
Les chiffres attestant de la situation hospitalière montrent également une capacité qui s'amenuise dans les services de réanimation. Sur les 122 lits de réanimation dont dipose l'île - un maximum qui ne pourra plus être augmenté, avait indiqué Martine Ladoucette - 101 sont occupés dont 58 pour des patients atteints de Covid-19.
Parmi eux, 24 Réunionnais, alors qu'ils n'étaient que 17 la semaine dernière. Une forte progression en quelques jours seulement. Au vu de l'occupation des lits de réanimation (82,8% de taux d'occupation précisément), l'Etat devra choisir de reproduire, ou non, l'évacuation sanitaire de patients vers la Métropole, comme cela a été fait pour quatre patients jeudi 4 mars. La directrice de l'ARS avait indiqué que l'objectif était "de les éviter au maximum", de par le risque et le coût que le dispositif représente.
• Circulation active du virus
Les foyers de contagion, appelés "clusters", sont nombreux sur l'île. Les autorités sanitaires dénombrent 27 clusters actifs au 1er mars. Parmi eux, 9 sont de "criticité modérée" soit de faible envergure. Ils se situent à Saint-Denis (2), La Possession (1), Saint-Paul (1), Saint-Pierre (2), Sainte-Marie (1) et Le Tampon (2). Neuf autres sont par contre de "criticité élevée" et se situent à Saint- Denis (2), à Saint-Joseph (1), à Saint-Paul (2), à Saint-Louis (2) et à Saint-Pierre (2).
Sur 13.981 cas recensés depuis le début de l'épidémie, 88,6% sont des cas autochtones, qui restent donc toujours majoritaires. Preuve en est avec le bilan de cette semaine : sur 676 cas comptabilisés du 2 au 5 mars, 668 cas sont classés autochtones.
A noter aussi que le variant est toujours bien présent, essentiellement le sud-africain sur notre île. Plus d'un nouveau cas sur deux est issu d'un variant. Dans le détail, sur 1.166 tests ayant subi la technique dite de "criblage" (pour identifier la présence d'un variant, ndlr), on comptabilise 603 cas de variants (566 sud-africains ou brésiliens, 37 britanniques), soit une proportion de 51,7%, note l'ARS. Le variant sud-africain circule donc lui aussi de façon active sur l'île.
• Pas d'évolution du couvre-feu
Ce mardi 9 mars, le préfet de La Réunion Jacques Billant a indiqué aux maires de l'île durant leur réunion hebdomadaire qu'aucun reconfinement n'était envisagé pour le moment. Le couvre-feu reste à 18h, et la mesure court jusqu'au 21 mars, "à l'issue, nous ferons le point pour savoir quelle stratégie il faudra adopter au regard de la situation épidémique telle qu'elle sera à cette date-là" a déclaré Jacques Billant aux maires. Mais pour le moment il n'y a pas de renforcement des mesures en place, tout est reconduit en l'état.
Le préfet a insisté sur "la mobilisation de toutes les actions et mobiliser tous les acteurs de la médiation, ainsi que les policiers municipaux, afin d'expliquer à nos concitoyens la nécessité de freiner" la propagation du virus. Les taux d'incidence de plusieurs communes restent préoccupants comme Le Port (193 pour 100.000 habitants), Saint-Leu (167), Sainte-Marie (165), Saint-Pierre (150), La Possession (136), Saint-Denis (120), Saint-Paul (118) et Le Tampon (108).
Alors que les vacances scolaires ont commencé ce vendredi 5 mars, le couvre-feu instauré le même jour de 18h à 5h sur l'ensemble de l'île pourrait permettre de limiter la propagation des contaminations. L'île Maurice pour sa part, confine entièrement son territoire à compter de ce mercredi 10 mars, suite à l'apparition de nouveaux cas autochtones.
Source : https://www.ipreunion.com/ / Photo RB