Covid-19 une situation de plus en plus dangereuse à La Réunion.
Foyers de contamination, nombre de cas et hospitalisations à la hausse.
La préfecture et l'Agence de santé de La Réunion ont annoncé, ce jeudi 11 août 2020, que 51 nouvelles personnes étaient contaminées par le coronavirus. Le deuxième jour consécutif que le record de cas journaliers est battu, après les 42 contaminations de la veille. Tous les indicateurs sanitaires continuent d'être la hausse. La proportion de cas autochtones est désormais supérieure à celle des cas importés. 24 personnes sont hospitalisées (hors évacuations sanitaires) dont six en réanimation Trois nouveaux foyers de contagion ont par ailleurs été identifiés, portant à six le nombre de foyers actifs sur l'île. Dans ce contexte, les élus locaux se mobilisent et prennent tour à tour des décisions pour enrayer la propagation du virus. Ce jeudi, les maires de La Possession et du Port ont qualifié tous deux la situation de "plus dangereuse" depuis le début de la crise sanitaire.
À chaque jour son nouveau cap symbolique franchi. Le triste record de cas de Covid-19 recensés sur une journée a de nouveau été battu, ce jeudi 20 août 2020, avec 51 nouvelles personnes contaminées par le virus. Et les indicateurs sanitaires ne cessent de faire montre d’une situation inquiétante puisque 42 cas ont été classés autochtones ce jeudi, après investigation des services de l’Agence régionale de Santé (ARS). Les cas importés, personnes ayant contracté la Covid-19 en dehors de l’île, ne représentent plus que 47% de l’ensemble des cas, permettant de dire que le coronavirus est désormais autochtone à La Réunion.
Dans le même temps, le chiffres de hospitalisations, y compris en réanimation, continuent d'augmenter
Alors que la préfecture et l’ARS enregistrent 996 cas à La Réunion depuis le début de l’épidémie (dont 657 maintenant guéris), la barre des 1.000 personnes contaminées devrait, selon toute vraisemblance, être dépassée ce vendredi. Surtout après l’identification de trois nouveaux clusters par les autorités, portant à six le nombre de clusters actuellement actifs sur l’île : quatre à Saint-Denis, un à Sainte-Marie et un à Saint-André.
Lire aussi : Covid-19 : 51 nouveaux cas confirmés à La Réunion, trois nouveaux foyers de contagion
“La situation de La Réunion est plus dangereuse qu’elle ne l’était pendant le confinement, justement parce qu’il y avait un confinement”, a déclaré le maire du Port Olivier Hoarau, lors d’un point presse.
Une observation appuyée par la maire de La Possession Vanessa Miranville, qui y voit une raison de réinstaurer l’état d’urgence sanitaire. “Je suis plus inquiète qu’au début de l’épidémie. Aujourd’hui, on ne peut pas se dire qu’on va reconfiner La Réunion. Il va falloir vivre avec la Covid. On est bientôt stade d’alerte des 60 cas par jour, n’attendons pas”, a-t-elle justifié à Imaz Press, citant les exemples de la Guyane et de Mayotte, où le dispositif est maintenu jusqu’au 30 octobre. “On sait que l’état d’urgence sanitaire permet de faire des choses qu'on ne peut pas faire en temps normal. C’est le moment où La Réunion en a besoin”.
Lire aussi : Covid-19 : Vanessa Miranville demande à rétablir l'état d'urgence sanitaire
- Les élus locaux prennent leurs responsabilités -
En attendant une réponse du préfet Jacques Billant et du ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu, à qui Vanessa Miranville a adressé sa requête, les élus réunionnais agissent dans le cadre qui leur est permis par la loi. Ces derniers jours les ont vu, tour à tour, prendre des des décisions lourdes de sens, face à l’aggravation de la situation sanitaire.
Ericka Bareigts, maire de Saint-Denis, où avait été identifié le tout premier cluster de l’île, a initié le mouvement avec le report de la rentrée scolaire pour 24 établissements, puis l’interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes et des manifestations culturelles et sportives pendant un mois.
La commune de Saint-Pierre a pris une décision similaire, pour une période de 15 jours.
Lire aussi : Covid-19 : La Possession annule l'ensemble des événements sportifs de ce week-end
Au Port, Olivier Hoarau a également ordonné la fermeture de tous les sites culturels et sportifs pendant deux semaines, à partir de samedi. “Je suis persuadé que les acteurs sportifs, les professionnels, les bénévoles, comprendront la démarche. Il ne s’agit pas d’aller contre la vie sportive”, a-t-il expliqué. ‘Je souhaite enrayer tout de suite les chaînes de propagation du virus.”
Raison pour laquelle il a demandé à l’ARS et à l'Académie de La Réunion la fermeture préventive des écoles élémentaires Eugène Dayot, Laurent Vergès et Benjamin Hoareau, après le test positif au coronavirus d’un éducateur sportif. Mais il souhaite aller encore plus loin, proposant une fermeture de toutes les écoles de l'île pendant 15 jours. “Il s'agira de le faire en concertation avec mes autres collègues maires. L’école ne doit pas être une source d’inquiétude et d’angoisse liée à la santé des enfants."
À Saint-Benoît, le maire Patrice Selly a pris la décision de fermer l'école primaire Émilie Moreau pour la journée du vendredi 21 août 2020, suite à la suspicion d'un cas de Covid-19 au sein de l'établissement. Une mesure de précaution qui pourrait être prolongée, selon les résultats des investigations.
Pour Olivier Hoarau, de telles décisions devraient être prises dans de pareilles situations pour les collèges et lycées : “Si un cas existe, il faudra demander la fermeture. L’expérience nous a montré que nous savons travailler à distance. L’enseignement à distance sur 15 jours, c’est faisable.”
- La balle dans le camp de l’Etat -
Les élus réunionnais ne se cantonnent pas d'appliquer ou demander des actions à l’école et pour les manifestations culturelles et sportives. Les maires de La Possession, du Port, de Saint-Paul, de Trois Bassins et de Saint-leu ont acté, ce jeudi, de rendre obligatoire le port du masque sur les territoire de leurs communes, à partir du lundi 24 août jusqu’au 6 septembre 2020. Une décision qui vient renforcer l’arrêté préfectoral étendant l’obligation du port du masque aux lieux extérieurs les plus fréquentés dans chaque commune de l’île.
Olivier Hoarau et Vanessa Miranville se sont par ailleurs de nouveau prononcés en faveur de l’obligation des tests de dépistages pour les voyageurs sept jours après leur arrivée. “Ce n’est pas à laisser au volontariat des voyageurs, ça doit être obligatoire”, a insisté le maire du Port, où un site de dépistage sera installé au gymnase de la Rivière des Galets.
Lire aussi : Dépistage du Covid-19 : une nécessité qui demande beaucoup de patience
L’édile de la cité portuaire a également indiqué qu’il demanderait formellement au préfet de limiter les rassemblements à 20 personnes dans l’espace public.
Avec la mobilisation tous les jours croissante des élus locaux et la détérioration de la situation sanitaire, la balle est désormais dans le camp de l’Etat et de ses représentants pour entendre les signaux d’alerte et agir dans les temps. Avant que ne soit atteint le point de non-retour.
Source : www.ipreunion.com / AA / Photo RB