Frontières fermées, restrictions de circulation, second tour reporté... nous sommes en guerre sanitaire déclare Emmanuel Macron.
Des mesures radicales pour lutter contre le coronavirus
Ce lundi 16 mars 2020 dans la soirée, le président de La République a présenté plusieurs mesures choc afin de lutter contre la propagation du coronavirus sur le territoire français. Des annonces valables aussi bien pour la Métropole que pour les Outre-mer comme l'a précisé le chef de l'Etat en début d'allocution. Parmi ces mesures, des restrictions de circulation sous peine de sanctions, un report du second tour des municipales, la suspension de toutes les réformes en cours et la fermeture des frontières européennes à compter de ce mardi 17 mars, midi. "Nous sommes en guerre sanitaire", a déclaré à plusieurs reprises le chef de l'Etat
L'épidémie de Covid-19 est devenue "une réalité immédiate" a commencé d'entrée de jeu Emmanuel Macron lors d'une allocution télévisée particulièrement attendue dans la soirée du lundi 16 mars.
"Nous sommes en guerre, en guerre sanitaire certes. Nous ne luttons ni contre une armée, ni contre une autre nation. Mais l'ennemi est là, invisible, insaisissable, qui progresse. Et cela requiert notre mobilisation générale", a déclaré le président français en appelant à "éviter l'esprit de panique" et à ne pas croire "les fausses rumeurs, les demi-experts ou les faux sachants". "Nous devons tous avoir l'esprit de responsabilité".
Regardez l'intervention du président de la République
Le président a pointé du doigt ceux "qui ont bravé les consignes" : "non seulement vous ne vous protégez pas vous, mais vous ne protégez pas les autres, vous risquez de contaminer vos amis, vos parents, de mettre en danger la santé de ceux qui vous sont chers".
Il a pourtant rappelé la fermeture des lieux dits "non indispensables" comme les bars, les restaurants, les cinémas ou encore les salles de sport, ainsi que l'interdiction de rassemblements de plus de 100 personnes.
Un seul objectif : "ralentir la propagation du virus" selon le président qui demande à chacun de respecter "les gestes barrières et consignes sanitaires". "N'appelons le SAMU qu'en cas de forte fièvre, sans quoi ils ne pourrons faire face à la vague de cas graves qui se profilent déjà dans plusieurs régions" a-t-il ajouté. "Chacun d'entre vous doit limiter le nombre de personnes avec qui il est en contact chaque jour."
- Des restrictions de circulation -
Afin de limiter au maximum la propagation du virus sur le sol français, en Métropole comme en Outre-mer, Emmanuel Macron a annoncé des restrictions de circulation. Ainsi, des mesures vont entrer en vigueur afin de "réduire nos déplacements et nos contacts au strict nécessaire". Des mesures qui sont valables "en Métropole comme en Outre-mer", a précise le chef de l'Etat.
Dès ce mardi 17 mars midi, "et pour 15 jours au moins, nos déplacements seront très fortement réduits". Ainsi, "les regroupements extérieurs, les réunions familiales ou amicales ne seront plus permises" a précise le président. "Retrouver ses amis dans le parc, dans la rue, ce ne sera plus possible."
Emmanuel Macron a indiqué que "seuls demeurent les trajets nécessaires, pour aller faire ses courses – avec de la discipline et en mettant les distances d'au moins un mètre -, trajets nécessaires pour se soigner, les trajets nécessaires pour aller travailler quand le travail à distance n'est pas possible, et les trajets nécessaires pour faire un peu d'activité physique mais sans retrouver des amis ou des proches".
Les entreprises de leur côté "doivent s'organiser pour faciliter le travail à distance", a demandé le chef de l'Etat. "Toute infraction à ces règles sera sanctionnée."
- Le second tour des municipales reporté -
Concernant le premier tour des élections municipales, Emmanuel Macron a tenu à remercier ceux "qui ont permis la tenue de ce scrutin". Cependant, il a annoncé, après consultation du président du Sénat, celui de l'Assemblée nationale, "mais également mes prédécesseurs", que le second tour du scrutin serait reporté.
"Le premier ministre en a informé aujourd'hui même les chefs de partis représentés au parlement", il s'agit l'a dit le président d'un "accord unanime".
Le vote aura lieu à la fin du mois de juin. Le dépôt des listes devra cependant être réalisé comme si le deuxième tour se tenait dimanche, c'est-à-dire avant mardi 18h ce mardi.
Le premier tour ne sera pas revoté et les résultats de ce scrutin resteront acquis. Les maires élus dès le premier tour, le resteront donc
- Toutes les réformes sont suspendues -
"Nous sommes en guerre" a donc déclaré le président de la République avant d'ajouter "rien ne doit nous divertir".
Ainsi Emmanuel Macron a décidé que "toutes les réformes en cours sont suspendues, à commencer par celle des retraites". "Dès mercredi en Conseil des ministres sera présenté un projet de loi permettant au gouvernement de répondre à l'urgence, et lorsque nécessaire, de légiférer par ordonnance dans les domaines relevant de la gestion de crise" a-t-il précisé.
Le projet sera soumis au parlement "dès jeudi". Emmanuel Macron a ajouté avoir rencontré les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat "afin que ces textes soient votés le plus rapidement possible".
- Les masques réservés aux hôpitaux et aux médecins de ville -
"Nous avons décidé avec les scientifiques de réserver les masques en priorité pour l'hôpital et pour la médecine de ville et de campagne. Par ailleurs, "des masques seront livrés dans les pharmacies dès demain soir (mardi 17 mars, ndlr) dans les 25 départements les plus touchés, mercredi pour le reste du territoire national" a ajouté Emmanuel Macron.
Afin de soutenir les soignants dans la garde de leurs enfants, le chef de l'État a annoncé que "les taxis et les hôtels pourront être mobilisés à leur profit". "L'État paiera", a assuré le président.
Un hôpital de campagne du service de santé des armées va être déployé en Alsace, et les armées "apporteront aussi leur concours pour déplacer les malades les plus infectés et réduire la congestion des hôpitaux de certains territoires".
- Les frontières européennes fermées -
Une mesure forte, européenne, a également été annoncée au cours de cette allocution. Dès ce mardi 17 mars, midi, "les frontières à l'entrée de l'Union européenne et l'espace Schengen sont fermées". Concrètement, "tous les voyages entre les pays non européens et l'Union européenne seront suspendus pendant 30 jours".
Tous ceux qui se trouvent à l'étranger sont donc invités à se rapprocher "des ambassades et consulats". Les Françaises et les Français à l'étranger "peuvent bien entendu rejoindre leur pays" a ajouté le président, permettant ainsi le rapatriement à ceux qui sont actuellement en déplacement.
- Des aides aux entreprises -
La fermeture de nombreux établissements inquiète d'ores et déjà les entreprises. Emmanuel Macron a souhaité le garantir ce lundi soir, "aucune entreprise ne sera livrée au risque de faillite, quelle que soit sa taille".
Est donc mis en place "un dispositif exceptionnel de report de charges fiscales et sociales, de soutien au report d'échéances bancaires, et de garantie de l'État à hauteur de 300 milliards d'euros pour tous les prêts bancaires contractés auprès des banques."
Ainsi les plus petites entreprises n'auront "rien à débourser, ni pour les impôts ni pour les cotisations sociales" garantit le chef de l'État. "Les factures d'eau, de gaz, d'électricité, ainsi que les loyers devront être suspendues."
Pour les salariés, "le dispositif de chômage partiel sera massivement élargi". Pour les entrepreneurs, "un fonds de solidarité sera créé, abondé par l'État et auquel le premier ministre proposera aux régions aussi de contribuer".
Le président de la Républiue a indiqué dans son allocution que le gouvernement précisera le détail de ces mesures qui seront "adaptées" si le besoin s'en fait ressentir "en fonction des besoins, des réalités économiques".
C'est le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner qui s'est chargé de détailler les restrictions peu de temps après l'intervention du chef de l'Etat.
"Nous serons au rendez-vous pour que notre économie soit préservée dans une période si dure" a-t-il ajouté. Le président a par ailleurs demandé à chacune et chacun d'être responsable et de ne céder à aucune panique : "plus nous agirons ensemble et vite, plus nous surmonterons cette épreuve".
Source : http://www.ipreunion.com/MM avec AFP / Photo RB