Les comas éthyliques, hospitalisations et morts liés à l'alcool plus nombreux à La Réunion
Une étude de l'agence nationale de santé
Globalement, la consommation d'alcool est à la baisse sur le territoire national,11,7 litres par habitant de 15 ans et plus en 2017. Si dans son rapport publié ce mardi 14 janvier, l'agence nationale de santé indique que La Réunion est l'un des territoires français ou l'on consomme le moins d'alcool quotidiennement, ce rapport reste cependant alarmiste, notre département figure parmi les régions ou les "alcoolisations ponctuelles" (boire 6 verres ou plus en une seule occasion) sont en forte augmentation mais le taux reste inférieur à la moyenne nationale. Par ailleurs, les passages aux urgences liés à l'alcool sont très élevés sur l'île, en général, il s'agit d'intoxications éthyliques aiguës. Autre information inquiétante signalée dans ce rapport : à La Réunion le taux de mortalité des principales pathologies en lien direct avec l'alcool est de 40% supérieur à celui de la métropole chez les hommes. Enfin, l'étude indique que les bières et les alcools forts sont très consommés dans le département.
Les conclusions du rapport de l’agence nationale de santé sont inquiétantes, les conséquences de la surconsommation d’alcool à La Réunion sont graves : une très nette surmortalité régionale, principalement masculine, qui place La Réunion aux premiers rangs régionaux et le plus haut taux régional de passage aux urgences en lien direct avec l'alcool en France.
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Des caractéristiques alarmantes et d’autres phénomènes viennent encore assombrir le tableau. Les taux d’alcoolisations ponctuelles importantes tant à l’âge adulte qu’à l’adolescence et la consommation moyenne d’alcool sont inférieurs à la moyenne nationale, paradoxalement, les Réunionnais sont de grands consommateurs de bière et de spiritueux notamment des rhums et dérivés, des alcools forts.
L’agence nationale de santé de rappeler : "ces produits locaux issus de la filière canne bénéficient d’une fiscalité particulière, très réduite, réservée aux Dom lorsque ces produits sont vendus sur place. Cette situation est donc paradoxale : malgré une problématique majeure de santé publique, des spiritueux à haute teneur en alcool sont très disponibles, à bas prix, via un réseau de distribution très développé et bénéficient de l’appui d’une importante publicité en faveur des boissons alcoolisées. Les considérations d’ordre économiques l’emportent sur la santé publique en opposition avec les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé."
L’étude donne des recommandations pour réduire les risques liés à l’alcoolisation dans le département. "La situation spécifique et préoccupante de La Réunion appelle ainsi une évolution à plusieurs niveaux:
- l’alignement de la fiscalité locale sur la fiscalité nationale: une démarche initiée par le vote du PLFSS en 2018 qui prévoit l’alignement progressif de la CSS (cotisationsécuritésociale) à partir de 2020, mais une CSS qui pèse pour une part réduite dans la fiscalité des spiritueux
- une régulation plus importante de la publicité: une mesure originale proposée par des députés de La Réunion a été adoptée par la LEROM (LoiEgalitéRéelleOutre-Mer) en 2017: elle interdit la publicité pour l’alcool dans un périmètre de 200 mètres autour des établissements recevant des jeunes. Elle peine pourtant toujours à être appliquée fin 2019.
- La problématique alcool, majeure dans notre région, pour être mieux contrôlée nécessite un engagement plus important et une meilleure coordination des différents services de l’Etat entre eux et avec les collectivités territoriales mais aussi une mobilisation politique et citoyenne face à des lobbies qui demeurent particulièrement influents en faisant valoir leurs intérêts au détriment de la santé publique. Ces actions doivent être menées dans la continuité et résister aux différentes alternances de responsabilité."
Source : http://www.ipreunion.com/ / Photo RB