Le nombre d'infections sexuellement transmissibles a explosé à La Réunion
Chlamydies, syphilis, gonocoque ...
Depuis plusieurs années, les acteurs de la santé font face au retour de certaines infections qui étaient, si ce n'est éteintes, au moins très rares. Dans notre département, la syphillis, les chlamydies et le gonocoque sont en recrudescence. Un phénomène difficile à endiguer. Pourtant, l'une des solutions serait que les Réunionnais se fassent dépister. Savoir, c'est pouvoir se faire soigner et limiter la contamination. Du 25 novembre au 1er décembre, le Corevih lance une semaine régionale de dépistage du VIH, des hépatites et des IST.
Un retour en force
Prendre le taureau par les cornes pour essayer de stopper tant bien que mal l’hémorragie. À La Réunion, la situation est très préoccupante. Pour donner un ordre d’idée, 5% des étudiants réunionnais auraient des chlamydies. Un chiffre très élevé. La conséquence la plus grave pour ces jeunes âgés de 20 à 30 ans : la stérilité.
La syphilis, elle, est très présente dans les communautés homosexuelles et bisexuelles de l’île. Chez les femmes enceintes également. Difficilement détectable car le bouton par lequel est la bactérie est entrée passe souvent inaperçu. Pendant des années, rien n’indique que l’on est contaminé. L’infection, particulièrement contagieuse, peut causer des problèmes de santé graves, touchant le coeur et le cerveau.
Sur le sujet, La Réunion a ses spécificités, les femmes enceintes sont plus nombreuses que sur le territoire national à être touchées. Elles se contaminent pendant la grossesse puis contaminent ensuite le bébé, cela s’appelle la syphilis congénitale. Les conséquences pour le nouveau né peuvent être très graves, notamment des atteintes psychologiques et peuvent parfois mener à la mort.
Les cas de gonocoque, qui s’attrape aussi par voie sexuelle, sont aussi en augmentation. L’infection surnommée "chaude pisse" pour les hommes mais pas forcément détectable chez les femmes est très contagieuse.
Les hépatites B et C qui reviennent en puissance dans le département peuvent aussi avoir une issue dramatique. L’hépatite C, évolue en silence durant des années et au bout de 20 ou 30 ans entraîne une cirrhose ou un cancer du foie. Mêmes conséquences pour l’hépatite B.
Les chiffres sur le VIH ne sont pas moins alarmants. Plus de 1 000 personnes porteuses de VIH sont suivies à La Réunion et 58 nouveaux cas ont été découverts l’année dernière et 38 au 30 octobre 2019. On estime qu’environ 150 Réunionnais vivent avec le virus sans le savoir. Pas de récession pour le VIH, là encore, ce n’est pas une bonne nouvelle.
Une semaine régionale de dépistage
Une situation inquiétante qui pourrait nécessite une politique de santé publique forte et urgente. Au regard de ces données épidémiologiques, l’ARS et le Corevih, qui réunit les acteurs de la santé sexuelle, organisent la semaine régionale de dépistage du VIH, des hépatites et des IST du 25 novembre au 01 décembre 2019. Cette opération, découle de la campagne nationale, fera la promotion et facilitera le dépistage à la population réunionnaise.
Car être dépisté c’est se soigner et limiter la contamination. Aujourd’hui, on ne meurt plus du VIH, les infections sexuellement transmissibles se soignent très bien. Encore faut-il savoir que l’on est porteur pour agir en conséquence.
La semaine régionale de dépistage, ce sera plusieurs rendez-vous. Les acteurs de la santé sexuelle viendront au plus près des Réunionnais. À coup d’affiches, de flyers, d’intervention dans les médias, de grosses opérations de dépistage sur des lieux très fréquentés au quatre coins de l’île, les acteurs de la santé sexuelle vont marteler leur message en espérant qu’il sera suivi d’acte par la population.
Cela faisait plusieurs années qu’une campagne de ce type n’était plus arrivée faute de financement. En 2019, le Corevih a 40 000 euros de budget, il compte bien sensibiliser un maximum de Réunionnais.
Source : http://www.ipreunion.com/ FH / Photo RB