Aller se faire soigner en métropole : A quand une continuité territoriale sanitaire ?
omposé de malades, de leurs familles et de collectifs, “Plus jamais çà !” demande la création d'un guichet unique des soins en métropole. Objectif : guider les futurs opéré(é)s et leurs proches souvent livrés à eux-mêmes.
Annabelle doit subir des examens au CHU de Nantes en vue d'une double greffe (rein et pancréas). Cette mère de famille de la région Ouest a galéré pour obtenir des financements. Malgré sa maladie, elle ne pourra pas séjourner à la Maison des Parents nantaise comme elle le souhaite (voir par ailleurs). Comme Annabelle, plusieurs personnes sont confrontées chaque année à un vrai casse-tête : trouver un logement en métropole quand elles doivent s'y rendre pour des examens ou une intervention chirurgicale. “Face à la maladie on n’est pas tous égaux quant-il s’agit de partir en métropole. Ceux qui ont des moyens financiers sont les mieux lotis, ils peuvent avoir plus accompagnants ce qui représente un facteur de guérison pour le malade. Ce dernier a de la chance d’avoir ses proches à ses côtés et psychologiquement c’est important dans la voie de guérison.
A contrario, le malade qui y va avec un seul accompagnant se retrouve avec un handicap, l’absence de ses proches. A court ou moyen terme, cette absence peut un facteur négatif à sa guérison. La nostalgie de la famille peut lui manquer”, rappelle le collectif “Plus Jamais çà !”.
Composé des gens malades, des accompagnants des malades, du collectif 974, du collectif Fiers D’être St Paulois, de Télé Kréol et Kréol FM , le collectif "Plus jamais ça" entend réunir les acteurs de la santé et les institutions. Objectif : créer un guichet unique afin de gérer d'une part, les aides au départ pour la métropole de patients et, d'autre part, leur séjour.
“Le droit à la santé est dans la Constitution”
L'idée date de 2017. Aurélien Centon, président de l'Association Pti Coeur lance un appel à des politiques afin que soit mis en place un dispositif d'urgence pour des familles souhaitant se rendre rapidement en France pour un décès, une maladie. Seulement 12 élus répondront favorablement à sa démarche . On est en 2019 et à ce jour, rien de concret ne s'est produits.
Aujourd'hui, le collectif -soutenu par Aurélien Centon- réclame que continuité territoriale sanitaire soit ajoutée aux textes de la Constitution Française. “Le droit à la santé est inscrit dans la constitution, nous voulons que la continuité territoriale sanitaire le soit aussi., soutient Samuel Mouen , rappelant les deux revendications du collectif: la mise en place d'un guichet unique d'information et d'aide, ainsi que celle d'un fonds départemental solidaire d'accompagnement d'urgence.
Soins, examens et hospitalisation en métropole, rééducation, soins de suite.. : les patients doivent parfois rester longtemps dans l'hexagone. Leurs accompagnants aussi. Autant d'arguments que le collectif “Plus jamais çà ! “rappellera dimanche 21 juillet lors du tour de l'île de la caravane solidaire. Caravane qui partira du front de mer de Saint-Paul à 8H, se rendra à Saint-Leu, puis à Saint-Pierre et à Saint-Philippe. Après un pique-nique dans le Sud sauvage, elle reprendra la route, direction l'Est avec une halte à Bras-Panon. La caravane ira ensuite à la Région au Moufia, au Conseil Départemental, puis à la préfecture.
Annabelle : “On n'est pas aidé, je suis un peu révoltée”
Annabelle, 35 ans, est malade. Elle souffre d'un diabète de type 1 depuis l'âge de 8 ans. Au fil des ans , ses organes ont été abimés et elle est désormais à un stade où elle soit subir un bilan avant une double greffe rein-pancreas. “Je sais depuis novembre 2018 que je dois me faire opérer. Cela me sauverait de la dialyse. Pour 'l'instant, je suis sur la liste d'attente”, révèle Annabelle qui subit d'infections à répétition. Sous insuline, elle doit avaler 8 médicaments différents . Elle souffre aussi d'hypertension, de rétention d'eau.
Annabelle a lancé un appel à la solidarité des Réunionnais. “J'en ai parlé sur Facebook, à la famille..”.
Ventes de gâteaux, concerts d'artistes ont permis de faire rentrer des sous pour la mère de famille qui devra rester environ un an, peut-être plus, en métropole.
Cette nouvelle étape n'est pas évidente pour Annabelle, mère célibataire de deux filles(Savana, 7 ans et Soane, 5 ans). Mais elle part, confiante, avec ses filles et les inscrira à Nantes à la rentrée scolaire 2019. En attendant de trouver un logement pour ses filles et elle, elle vivra chez une connaissance, une Réunionnaise qui lui a ouvert les portes de son habitation. “La Maison des Parents de Nantes ne veut pas me prendre en charge car je viens avec mes filles. Ce n'est pas normal. L'assistante sociale m'a dit qu'elle était submergée par des demandes de migrants. Il faut des solutions d’hébergement pour les Réunionnais aussi. On est malade et on doit se débrouiller. On est livré à nous-même ”, fait remarquer Annabelle.
“Des gens m'ont raconté leurs galères et c'est dur pour eux. Certains doivent se débrouiller seuls, ils ne savent pas prendre le train. On devrait les accueillir. On met de l'argent dans des choses inutiles alors que l'accueil en métropole est important pour les malades”. Le député Jean-Hugues Ratenon aussi est venu à son aide “ : Il a passé des coups de fil, les choses bougent cette semaine” , se félicite-t-elle avant de prendre son avion. “A 75%, je compte sur moi. Le reste, c'est la médecine”.
Des aides du Département et de la CGSS
Le Département ainsi que la CGSS apportent une aide financière à la personne malade devant subir l’opération. Une aide également est octroyé à un membre de la famille pour accompagner le malade. Mais bien souvent, l’aide accordée reste insuffisante. Souvent, le malade doit rester plusieurs mois dans l'hexagone, attendre des examens... pour vérifier que l'opération a été une réussite.
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