Maladies transmises par les tiques Lyme Réunion veut mettre fin à l'errance médicale
Pour mettre fin au doute quant à l'existence de maladies transmises par les tiques à la Réunion, Isabelle Couture a créé l'association Lyme Réunion. Afin de faire évoluer les connaissances en ce domaine, la Saint-Pauloise appelle les Réunionnais à participer au projet de recherche participative "Citique". Et annonce que l'association n'hésitera pas à poursuivre l'ARS s'il en ressort un danger effectif pour la population.
La maladie de Lyme n'a pas fini de faire parler d'elle. Mal connue mais répandue dans de nombreux pays, cette pathologie transmise par des tiques fait l'objet de vives controverses dans le milieu scientifique, certains niant jusqu'à l'existence d'une forme chronique. La situation est encore plus délicate à La Réunion, où la tique vectrice de la maladie ne serait pas présente, selon la position de l'ARS, et où certains malades se retrouvent en situation d'"errance médicale".
Pour faire avancer le débat et venir en aide à ces malades s'estimant mal diagnostiqués, Isabelle Couture a décidé de mettre en place une association. Baptisée "Lyme Réunion ", la structure a vu le jour il y a une quinzaine de jours. "J'ai créé cette association parce que je me suis aperçue qu’il y a des gens malades, comme ma fille et moi, qui ne sont pas pris en charge parce qu'ils sont négatifs aux tests", explique-t-elle. "C’est compliqué, les docteurs ne savent pas nous répondre", déplore en effet David, 27 ans, souffrant de grosses fatigues et de douleurs articulaires."Il y a un point d’interrogation, et pas vraiment de solution".
La position de l'ARS pointée du doigt
Outre l’entraide entre personnes atteintes de borrélyose de Lyme (l'autre nom de la maladie de Lyme) et d’autres maladies vectorielles véhiculées par les tiques, l’association vise à inciter les scientifiques à développer la recherche localement. "Elle est aussi à même de mener des actions judiciaires", nous précise celle qui est en relation avec une trentaine de personnes pensant être atteintes de la maladie.
Dans son viseur justement : l’ARS, dont la position rassurante inquiète la mère de famille. "Sur quoi se base-t-elle pour dire que La Réunion n'est pas concernée ?", questionne la Saint-Pauloise. Une attitude qui l'agace d’autant plus que les autorités sanitaires n’ont pas daigné relayer à la population le projet de recherche participative "citique", lancé par l'INRA, permettant notamment de signaler les piqûres et d'envoyer des tiques pour analyse.
Un appel lancé aux Réunionnais pour participer au projet Citique
"C’est moi qui suis obligée de faire la communication de ce projet gratuit, financé par le ministère, ce n’est pas normal", s’insurge-t-elle. Déterminée à faire bouger les choses, elle invite tous les Réunionnais à se joindre à elle pour faire avancer les connaissances en la matière. "Il faut collecter les tiques de son environnement à l’aide d’un crochet spécial (qu’on trouve en pharmacie), les mettre au congélateur 10 minutes pour qu’elles ne mordent pas, puis les scotcher sur une feuille. Il faut ensuite télécharger l’application "Signalement tique ", répondre à un formulaire, puis l’envoyer par la poste" (l'application fonctionne aussi via son site internet).
"Peut-être que les tiques d'ici ne transmettent pas Lyme, mais autre chose", estime David, convaincu que sa piqûre est la cause de ses souffrances."Il se pourrait qu’il y ait des organismes qui ne soient pas des borrélies (la bactérie responsable de la maladie, ndlr) mais qui soient tout aussi dangereux pour les êtres humains, ou encore que des tiques vectrices aient été importées à La Réunion par bateau ou par avion", ajoute la présidente de l'association. "Tout ça reste à l’état de questionnement. C’est par la science qu’on saura ce qu’il en est".
En arrêt maladie depuis cinq ans, Isabelle Couture espère beaucoup de ce projet "Citique". Et n'hésitera pas à saisir la justice si les découvertes prouvent l'existence d'un danger. "Si les autorités sanitaires continuent ainsi, et s’il s’avère qu’il y a effectivement, suite aux analyses, des organismes véhiculés par les tiques qui sont dangereux, l’association les attaquera pour non assistance à personne en danger et défaut de soins".
Source : https://www.zinfos974.com Marine Abat / photo