Safthon, la récolte de dons pour les actions de lutte contre le SAF (Syndrome d'alcoolisation foetale) en est à sa 3ème édition. Cette année, elle se déroulera les 7, 8 et 9 septembre prochains.
"C'est un événement qui fédère tout le monde". Le Safthon est une initiative de SAF France née à la Réunion, sous l'impulsion de son président Denis Lamblin. Le nom du pédiatre réunionnais est indissociable du soutien aux mères alcooliques et du combat mené contre l'alcoolisation foetale. "Je veux montrer que les choses se construisent mais ensemble. Chacun a son rôle à jouer. (…) On n'a pas voulu voir ces femmes avec des problèmes qui ont créé l'alcoolisme. Or, ce sont elles qui doivent s'exprimer", souligne le Dr Lamblin lors d'une réunion de travail de préparation du Sathon 2019. En septembre prochain (7 au 9), des actions seront menées pour récolter des sous afin de venir en aide aux mamans en détresse et à leurs enfants.
On estime à environ 10 000 le nombre de mamans réunionnaises concernées et à 150-200 le nombre de bébés nés chaque année avec des troubles SAF. Cette consommation d’alcool pendant la grossesse a des risques qui sont minimisés par trop de monde. Et pourtant, en France, comme dans d’autres pays occidentaux, la consommation d’alcool pendant la grossesse est la première cause de handicap mental et surtout d’inadaptation sociale d’origine non génétique chez l’enfant, l’adolescent et l’adulte.
Le sujet est tabou
Les troubles causés par l’alcoolisation foetale (TCAF), dont le SAF qui est la forme la plus grave, sont largement méconnus, sous-estimés. Triste constat: face à un enfant qui présente des retards de développement, les médecins ne demandent pas à la maman si elle a consommé de l’alcool. Le sujet est tabou. Les femmes qui boivent, c’est mal vu, c’est une honte. "Mais il faut en parler" , affirme Alexandrine, maman de cinq enfants. "Mes parents buvaient et me donnaient les fonds de verres.... Mes enfants ont souffert, ils ont été placés. Ils étaient agressifs à l'école. Un d'entre eux était brutal avec moi. Un autre est toujours turbulent", relate-t-elle. Pour Nathalie, maman de "trois enfants qui ont eu des difficultés et des retards ", les années passées ont été difficiles. Elle a lutté et maintenant, elle a retrouvé une vie de famille avec mari et enfants. Son visage est souriant. Elle est aujourd'hui un modèle à suivre pour toutes les autres qui bataillent chaque jour...
Agressivité et comportement destructif
Un rapport de l'académie nationale de médecine, publié en mars 2016, a montré les symptômes du SAF: déficit de l'attention avec hyperactivité, attitudes oppositionnelles avec provocation, intolérance avec frustration, défiance de l'autorité, agressivité voire violence, comportement destructif, troubles du comportement et du jugement qui peuvent conduire à la délinquance et à la prostitution… Sans compter une tendance accrue à la dépendance à l'alcool et/ou aux drogues… Les juges en voient passer plein, de ces jeunes. "A la Réunion, un délinquant sur deux est un SAF."
En 2017 , Denis Lamblin lance le 1er Safthon international, à partir de la Réunion. En 2018, ce sont plus de 80 manifestations qui sont réalisées , touchant plus de 28 millions de personnes dans les médias, et 2 millions de plus sur les réseaux sociaux.
Le président de SAF France mobilise à tout-va et signe des chartes. Au total, ce sont 16 000 euros qui sont récoltés l'an dernier. Des institutions soutiennent la manifestation. Cette année, des actions symboliques seront menées pour 50 000 euros. 11 villes pour l'instant sont participantes à ce Safthon.
Les actions vont concerner les familles vulnérables, les jeunes et la population. Des ateliers de valorisation des femmes verront le jour. Des interventions dans les écoles viseront à sensibiliser les jeunes. La population sera sensibilisée à cette grande problématique. « On doit garder le lien avec ces femmes. Il faut arrêter de les juger ».
Alors, en septembre, mobilisez vous pour leur venir en aide...
Le combat de toute une vie
Confronté à cette problématique au quotidien, le docteur Denis Lamblin a participé à la création de Réunisaf en 2001. Il s'agissait de créer une dynamique entre les différents acteurs amenés à intervenir auprès des familles, que ce soit dans le médical ou le social... Trois ans plus tard, il est aux côtés d'Anne-Marie Payet, sénatrice de la Réunion, quand elle monte au créneau devant les parlementaires pour imposer un pictogramme (interdit aux femmes enceintes ) sur les étiquettes des boissons alcoolisées. En 2008, Denis Lamblin fonde l'association Saf France qu'il préside toujours. Outre l'information et la recherche, cette structure a aussi pour but de multiplier les échanges internationaux.
Source : https://www.clicanoo.re Juliane Ponin-Ballom photo clicanoo