Médecine : “L'inquiétude grandit face aux menaces qui pèsent sur le secteur libéral”
Le docteur Philippe Vermesch, président national du Syndicat des Médecins Libéraux (SML) est actuellement à la Réunion. L'organisation syndicale a vu le jour en 1980.
En ce mois de février, le syndicat des Médecins Libéraux est particulièrement inquiet. “On voit profiler un nombre important de menaces concernant l'exercice libéral à travers la loi de santé”, indique son président, n'hésitant pas à parler de “dérive technocratique” et d'un “retour en force de la tentation de l'étatisation”. Selon lui, les promesses d'écoute et de dialogue se sont transformées “en une dérive dirigiste qui s'illustre par une réforme par ordonnances”.
Le SML estime que renvoyer aux ordonnances des sujets aussi importants que la recertification, la redéfinition des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) ou encore la prescription électronique (“avec le danger que les prescriptions puissent être contrôlées par les caisses a priori “) revient à confisquer le débat et à donner à l’État tous les leviers pour orienter les textes.
Le syndicat demande u'on ne « coupe pas les vivres » aux médecins qui n’auraient pas rejoint une CPTS. “Or une part de la rémunération future du médecin libéral pourrait être conditionnée au fait d’adhérer à ce type de structure. Conditionner une part la rémunération à l’adhésion à la CPTS est une dérive inacceptable. Il serait sans doute plus judicieux de convaincre les médecins de l’utilité des CPTS, plutôt que d’agiter celles-ci comme un « totem » technocratique imposé d’en haut”, commente Philippe Vermesch.
Soulager le médecin des tâches administratives
Autre sujet épineux : les assistants médicaux. Le SML estime que tous les médecins libéraux qui le souhaitent doivent pourvoir s’entourer d’au moins un assistant médical (4 000 prévus d'ici 2022) mais que les propositions de l’assurance maladie, sur la base du cadrage établi par la ministre de la Santé, apparaissent beaucoup “trop restrictives et contraignantes”. Entamées le 24 janvier, les négociations ont été suspendues cette semaine.
“La vocation des assistants médicaux est de soulager le médecin des tâches administratives qui dévorent son temps médical et sa vie personnelle conduisant trop souvent au burn-out. Aussi, réclamer à des praticiens déjà débordés d’en faire plus pour toucher une aide à l’embauche et davantage ensuite pour pouvoir continuer à assumer les salaires une fois l’aide épuisée, montre combien le gouvernement et l’assurance maladie vivent en dehors des réalités de l’exercice libéral”.
Le SML estime “incontournable” l’ouverture du dispositif à tous les médecins libéraux qui en feraient la demande, toutes spécialités et tous secteurs confondus. “Les médecins isolés doivent être soutenus en priorité, car ce sont les plus submergés de travail, surtout s’ils exercent en zone sous-dense. Cela leur permettra de dégager le temps nécessaire pour rejoindre, lorsque c’est possible, une structure d’exercice coordonné.”
S'agissant du mode de rémunération des médecins, le syndicat affirme que le rapport sur la « réforme des modes de financement et de régulation vise à “déployer en ville, une usine à gaz à travers la collectivisation d’une rémunération forfaitaire entre les différents acteurs, qu’ils soient libéraux ou publics”.
En attendant le Plan Santé 2022, et après le lancement de la grande consultation nationale par le président Macron , le syndicat des Médecins Libéraux a pris l’initiative de donner la parole aux médecins libéraux à travers un questionnaire.
Source : https://www.clicanoo.re J.P-B / photo SLY