L'ARS-OI apporte des précisions sur l'indemnité compensatrice des ex-primes d'indexation irrégulières versées aux agents hospitaliers de l'île. Les syndicats rejettent catégoriquement le dispositif. Ils préparent une bataille juridique et durcissent le mouvement social. Des barrages filtrants seront installés aux abords du CHU de Bellepierre mercredi matin.
Le climat était tendu ce mardi à l'ARS-OI. Face aux organisations syndicales, la nouvelle directrice de l'agence a présenté le décret relatif à l'indemnité compensant l'arrêt de l'indexation irrégulière des primes qui font polémique. Mais la mesure est loin de satisfaire l'intersyndicale composée notamment de la CFDT et de la CFTC. Le montant de l'indemnité est dégressif : "Elle s'éteindra au fur et à mesure de la progression de carrière des agents concernés", explique l'ARS.
Les représentants syndicaux rejettent le décret en bloc. "C'est une fausse compensation, assure Expédit Lock-Fat, secrétaire général de la CFDT-Santé. Au final, on déduit le montant sur l'avancement de carrière. Il est déjà difficile d'obtenir le moindre point d'augmentation salariale..." Selon les calculs de la CFTC-Santé, les agents hospitaliers concernés par la compensation perdront entre 50 et 250 euros par mois. "De quoi impacter considérablement notre pouvoir d'achat et pénaliser l'économie locale", estiment les adhérents.
La direction du CHU compte informer personnellement chaque agent des conditions dans lesquelles s'appliquera le dispositif en fonction de sa carrière. Les agents titularisés à partir du 1er octobre ne sont eux, pas éligibles. "Deux infirmières du même service ne toucheront donc pas le même salaire, regrette Leonel Camatchy, vice-président départemental de la CFTC-Santé. Un climat malsain va s'installer dans les hôpitaux."
Poursuite de la grève au CHU
Après avoir quitté la table de l'ARS-OI, l'intersyndicale s'est réunie afin d'organiser les prochains mouvements de contestation. La CFTC compte replanter son piquet de grève dès aujourd'hui, aux portes des centres hospitaliers de l'île. La CFDT poursuit, elle, le mouvement entamé depuis plusieurs mois. Son secrétaire général, Expédit Lock-Fat, prépare aussi une bataille juridique : "On ne nous a pas présenté l'injonction de suppression de l'indexation. Nous allons donc tenter une action juridique et entrer dans une phase d'explication aux personnels avant de durcir la mobilisation."
Dès mercredi matin, la CFTC-Santé montera au créneau près du CHU Nord, en installant des barrages filtrants. La mobilisation va également se durcir, à Saint-Pierre, Saint-Benoît et Saint-Paul, la semaine prochaine.
Pourtant conscients de la mauvaise posture financière des CHU de l'île, les syndicalistes revendiquent la régularisation de la prime. "Beaucoup d'acquis sociaux ont déjà été supprimés. Lorsque l'on menace nos salaires, il faut dire "stop". L'ex-directeur de l'ARS aurait dû tirer la sonnette d'alarme beaucoup plus tôt. Les agents n'ont pas à souffrir des mauvais choix des décideurs", ajoute Leonel Camatchy.
Cécile Moutiama
"Un engagement bafoué"
Une réunion s'était tenue, en août dernier, entre les acteurs du monde de la santé et les organisations syndicales. Ces dernières ont présenté leurs doléances, transmises au Ministère. Elles attendaient un retour de l'ARS-OI et du directeur général du CHU. "Mais ce retour n'a jamais eu lieu, pointe un représentant de la CFTC-Santé. On nous a informé du décret relatif à la compensation deux jours avant son application. Il y a un dysfonctionnement certain." Les représentants de la CFDT-Santé parlent, eux, d'un "engagement bafoué." Expédit Lock-Fat explique : "On ne nous a pas invités pour en discuter, comme il était convenu, mais pour nous présenter ce décret. La nouvelle directrice, Martine Ladoucette, fait mine de mal connaître ce dossier qui agite pourtant considérablement le monde de la santé depuis plusieurs mois. Nous avons des droits, et nous allons les défendre."
Source : clicanoo . Credit photo clicanoo le 03 octobre 2018