Addictions : Les "paradoxes" de La Réunion
Suite à la publication de la dernière étude sur l'usage de stupéfiants, alcool et tabac par l’Observatoire française des drogues et des toxicomanies, le docteur Davide Mété, chef du service Addictologie du CHU Félix Guyon nous éclaire sur les statistiques.
Pour rappel, l’étude porte sur l’expérimentation d’adolescents de 17 ans et révèle une expérimentation de l’alcool inférieure à la moyenne métropolitaine. Concernant le cannabis, néanmoins, le taux d’expérimentation à La Réunion est supérieur à celui en métropole (47% contre 39,1%).
À La Réunion, "ceux qui boivent, boivent plus et surtout des alcools très forts"
Pour le docteur Mété, la consommation d’alcool à La Réunion est un "paradoxe". En règle générale, les Réunionnais consomment moins d’alcool que les Métropolitains (1 litre de moins par an) mais l’île est malgré tout en première place concernant les états d’ivresse et les hospitalisations qui peuvent en découler. Deuxième place pour le niveau de mortalité liée à la consommation d’alcool. "Ceux qui boivent, boivent plus et surtout des alcools très forts, explique-t-il, alors qu’en métropole il s’agira plutôt de vins". Les rhums whisky et autres représentent 49% de la consommation générale d’alcool alors que le taux n’est que de 22% en métropole. "Ce sont les alcools les moins taxés et donc les moins chers à La Réunion, affirme le spécialiste, ce qui est aberrant sur un territoire qui connaît une mortalité si importante".
Plus étonnant encore, les Réunionnais consomment moins de cannabis que les Métropolitains. "Ça étonne tout le monde car il ici le zamal est banalisé. On le voit en soirée, dans la rue", rappelle David Mété. La consommation pourrait aussi être sous déclarée par ceux qui répondent aux questionnaires.
Concernant l’expérimentation du zamal chez les adolescents, la raison pourrait être l’accès facile à ce stupéfiant qui pousse chez les particuliers. "C’est facile d’acheter des graines et de planter, avoue un lycéen, alors que l’alcool ça coute plus cher et il faut trouver un majeur pour nous l’acheter".
Attention néanmoins à ces statistiques, précise le docteur en addictologie : "Elles sont à prendre avec prudence car l’échantillon d’individu est très faible. 382 jeunes, ce n’est pas beaucoup".
La prévention avant l’adolescence
Le maître-mot pour David Mété afin de réduire les addictions reste la prévention : "Mais dans l’enfance. Au moment de l’adolescence, c’est déjà trop tard. Les parents doivent comprendre que les compétences psychosociales doivent être acquises dès le plus jeune âge. On doit les rendre autonomes afin qu’ils puissent faire leurs propres choix".
ource : Soe Hitchon image : zinfos974.com