Mercredi 26 septembre 2018, un collège de médecins salariés de l'Aurar ont fait l'état des lieux de leur pratique devant la presse, comparant à l'envi les résultats de la prise en charge de l'insuffisance rénale chronique à La Réunion avec la prise en charge en métropole. D'où il ressort que les pratiques médicales en cours à l'Aurar, chiffres à l'appui, tiendraient compte des recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS), tout en étant moins coûteuses pour l'assurance maladie que la métropole.
"On entend souvent dire que les insuffisants rénaux sont mal pris en charge à La Réunion, s'indigne le Dr Walid Arkouche, Directeur médical de l’Aurar. C'est inacceptable. Nous n’avons pas le même profil de patients, le copié-collé métropole-Réunion ne peut pas être le modèle applicable. La Réunion a deux fois plus de diabétiques, deux fois et demi plus d’hypertendus, de maladies cardio-vasculaires et d’insuffisance rénale chronique mais aussi une survie moins favorable dans la population générale".
Les recommandations de la HAS incitent à la transplantation rénale (greffe) et à la dialyse à domicile, deux solutions beaucoup moins coûteuses pour l'assurance maladie et moins contraignantes pour le patient. "On nous reproche souvent à La Réunion de préférer la dialyse à la greffe, mais le problème n'est pas là. On ne greffe pas... parce qu'on n'a pas de greffons, cela tient à des questions culturelles, religieuses, il faudrait que ça évolue" souligne le Dr Bruno Bourgeon, néphrologue au centre de Sainte Clotilde.
La Réunion plus économe que la métropole
Néanmoins, 52 greffes ont tout de même été pratiquées à La Réunion en 2017. "Et 61% des patients venaient de l'Aurar !", précise le Dr Arkouche. Au temps pour ceux qui auraient tendance à penser que l'Aurar ne veut que dialyser au plus fort coût.
"La dialyse à domicile, nous la pratiquons à hauteur de 8,8% de nos patients, alors que la métropole ne le fait qu'à 7%".
Difficile de faire mieux pour l'instant, même si l'économie est importante pour la Sécurité sociale (7 253 euros par mois en centre vs 4 173 euros à domicile) : "Les conditions ne sont pas toujours réunies, à cause du profil de nos patients, vivant souvent dans des conditions très précaires, sans oublier l'illettrisme qui ne permet pas la compréhension de cette prise en charge", souligne le Dr Amar Amaouche, président de la Commission médicale d'établissement.
Autre chiffre dégainé par les médecins de l'Aurar, l'hémodialyse en unité de dialyse (sans présence obligée de médecin), moins coûteuse (5196 euros par mois) qu'en centre (médecin présent obligatoirement) : la métropole y aurait recours à 21,5%, et l'Aurar à 34,7%.
De bonnes notes aux évaluations réglementaires
D'ailleurs, a ajouté le Directeur médical, l'Aurar a eu tout bon lors des évaluations réglementaires en vigueur et a obtenu une certification V4 grâce à "sa notation supérieure A sur la prévention des infections nosocomiales, à la bonne adéquation avec les règles de mise en oeuvre du circuit du médicament, la satisfaction des patients à 97% et les chiffres de la mortalité en dialyse relativement plus faibles que ceux de la métropole, 5 à 9% vs 10,5%".
Ce répertoire à la Prévert de l'excellence de la pratique médicale à l'Aurar, déclamé par cette cohorte de médecins salariés de l'établissement, semble avoir pour objet de les mettre à distance des motifs qui auraient pu prévaloir au récent dépôt de plainte de la CGSS contre l'établissement, le 14 septembre dernier. Le Dr Walid Arkouche n'en disconvient pas : "Il y a eu trop de rumeurs, nous avons voulu répondre sur la partie qui nous concerne, la pratique médicale : tout est fait pour une prise en charge adéquate, selon la réglementation en vigueur".
Source: IP Réunion. Par ML. Crédit photo: IP Réunion. Le 27/09/2018.