Les Réunionnais découvrent l'excellence, affichée au niveau national, du service de maternité du CHU Sud, doté de structures performantes et d'un plateau technique de pointe.
C'est une surprise dont La Réunion peut-être fière, et les habitants du sud, en particulier. Au palmarès annuel du magazine Le Point, la maternité du CHU Sud apparaît en 2ème position dans le Top 50 des maternités de niveau 3. Celles qui sont équipées pour tous types d'accouchements, y compris à risque. « C'est une fierté d'autant plus méritée, par l'ensemble de nos équipes, que nous n'avions pas connaissance de cette enquête. Le Point n'avait pas établi de classement des maternités depuis 2007, une date antérieure à la création de notre CHU », se réjouit le professeur Malik Boukerrou, enseignant-chercheur et chef du service de gynécologie obstétrique du Pôle Femme-Mère-Enfant (PFME). Inauguré en 2012, la PFME a placé la maternité au sein d'un plateau technique de dernière génération, à disponibilité immédiate pour répondre à tous les besoins d'urgence. « C'est, véritablement, grâce à un travail pointu et précis. Nous avons pu suivre le chemin des grandes maternités de CHU, en lien avec les recommandations nationales, et internationales, de nos Sociétés scientifiques. Et nous ne sommes pas seuls, car notre plateau technique apporte énormément. Sans les anesthésistes, sans la réanimation néonatale et adulte, les néonatologues et les radiologues, nous ne sommes rien », insiste le praticien. Tout cela fait partie des critères de qualité dans la prise en charge des grossesses pathologiques, et des imprévus dans le déroulement d'une naissance. « La grossesse se passe bien, jusqu'à ce que ça n'aille plus. Dans ce cas, c'est comme un éclair dans un ciel bleu. Il faut pouvoir compter sur la réactivité de tout le monde et sur un plateau de prise en charge », résume Malik Boukerrou.
Les cliniques Sainte-Clotilde et Orchidées, seuls établissements privés domiens du palmarès
Excellence des établissements, implication du personnel... : le groupe réunionnais Clinifutur brille cette année encore dans le palmarès annuel des hôpitaux et cliniques de France établi par le magazine Le Point. Cela prouve, cette fois encore,” la détermination et la performance des établissements du Groupe de Santé Clinifutur pour garantir un niveau élevé de sécurité et de qualité des soins, notamment en chirurgie, médecine et en obstétrique”..
Dans un communiqué, la direction générale du groupe de santé Clinifutur a remercié chaleureusement l'ensemble du personnel, “dont les efforts prouvent une fois de plus l'excellence de nos établissements et l'implication de ses acteurs”. Il voit dans ces bonnes places dans le palmarès, “une réelle reconnaissance et une belle récompense dont l'engagement permet de garantir aux patients des soins de grande qualité”.
Le classement, concernant 70 disciplines médicales et 44 disciplines chirurgicales, est basé sur une multitude de critères : l’activité, la présence d’équipements et de spécialistes à forte valeur soignante ajoutée, la durée du séjour et de la présence d’un secteur de soins intensifs, l’indice de gravité, la notoriété etc... De ce fait, les techniques innovantes permettant une prise en charge de qualité et une récupération plus rapide sont valorisées.
Dans ce palmarès 2018, deux des établissements réunionnais de CLINIFUTUR, la Clinique Sainte-Clotilde et la Clinique Les Orchidées, se distinguent avec des places privilégiées au sein de 6 disciplines, et sur 4 d’entre elles (infarctus du myocarde, chirurgie des carotides, calculs urinaires, chirurgie dentaire et orale), ils représentent les seuls établissements privés de la Réunion et des Départements d’Outre-mer, à apparaitre dans ce palmarès, ce qui positionne le Groupe comme un acteur de santé incontournable.
-Calculs urinaires : Le Groupe de Santé CLINIFUTUR maintient sa place de leader national dans cette discipline avec deux de ses établissements se situant dans les meilleures cliniques : - La Clinique Sainte-Clotilde en 2ème position notée 18,39/20 - La Clinique Les Orchidées en 14ème position notée 17,12/20
-Chirurgie dentaire et orale : La Clinique Les Orchidées classée 41ème et notée 15,87/20.
-Chirurgie des carotides : La Clinique Sainte-Clotilde classée 14ème avec une note de 16,56/20.
-Infarctus du Myocarde : La Clinique Sainte-Clotilde classée 28ème avec une note attribuée de 15,89/20.
-Amygdales et végétations : La Clinique Les Orchidées, 16ème clinique avec une note attribuée de 17,55/20.
-Accouchements normaux : La Clinique Sainte-Clotilde, avec une note attribuée de 15,73/20, est classée 86ème établissement parmi ceux du public et du privé au niveau national.
90 sage-femmes, dont 5 hommes
En vertu de l'adage « qui peut le plus peut le moins », la maternité se classe aussi en tête des 451 maternités, publiques et privées, qui assurent les accouchements simples. Car on ne vient pas au CHU Sud que pour des grossesses pathologiques. « C'est le métier des sage-femmes, et nous effectuons davantage d'accouchements normaux que dans le nord. Car l'offre concurrente est plus réduite. » Employant 90 sage-femmes, dont 5 hommes, la maternité a vu naître 4 184 enfants en 2016, et 4 150 en 2017. « Le nombre de naissances diminue, désormais, à La Réunion. Rejoignant la tendance nationale, où la natalité se réduit de 2 à 3 % par an. Avec une population jeune, La Réunion échappait à ce phénomène mais les femmes travaillent de plus en plus souvent. » De 15 000 naissances sur l'île, on passera plutôt à 14 000 naissances annuelles. Dont 4 000, en moyenne, dans le service du professeur Boukerrou. « Avec nos 90 sage-femmes (1 pour 20 patientes. ndlr), 23 médecins en équivalent-temps-plein, 10 internes en formation et autant d'étudiants hospitaliers, nous avons des équipes hyper-motivées, avec des compétences extraordinaires. Nous n'avons pas à rougir de ce que nous sommes, et nous sommes souvent enviés, en métropole, pour la qualité de notre environnement hospitalier. » D'ailleurs, le seul point rouge pour cette maternité dans le classement du point, est l'absence, momentanée, de « salle physiologique », ou « salle naturelle », pour les accouchements démédicalisés. C'est à dire pour les femmes qui souhaitent accoucher dans un environnement moins instrumentalisé.
En tête avec une salle physiologique
Une telle salle d'accouchement sera proposée d'ici quelques mois, ce qui placerait, aujourd'hui, la maternité en leader du classement. Devant le CHU de Lille, les Hôpitaux Nord de Lyon et l'Hôpital Cochin de Paris. « Nous avons quelques demandes, mais la salle ne sera pas saturée. Elle satisfera les femmes qui préfèrent accoucher sans péridurale, sans perfusion au bras, sur une table d'accouchement qui peut prendre différentes positions. Où la surveillance est moins instrumentalisée », explique Claudine Somon-Payet, cadre de pôle, filière mère. Des équipements de pointe continuent à se développer, dans le service, qui compte 8 salles d'accouchement, 5 salles de pré-travail, et une salle d'urgence obstétricale. « Nous aurons, d'ici peu, une deuxième salle d'urgence, actuellement en travaux, encore plus proche du cœur du service », se réjouit Malik Boukerrou. Les 55 chambres sont individuelles, spacieuses, avec une salle de bain intégrée, additionnées de 22 lits pour grossesses pathologiques. La maternité bénéficie aussi de 8 chambres Kangourou. Un dispositif qui permet de conserver le nouveau-né avec sa maman, malgré certaines problématiques. « L'unité Kangourou offre une attention renforcée pour des bébés qui pourraient nécessiter des soins intensifs. Ils restent en lien avec leurs mamans, au lieu d'être isolés en néonatologie. » C'est donc un ensemble de compétences et de moyens techniques, regroupés sur le même étage et à proximité immédiate d'un plateau technique de pointe, qui assure une telle performance à la maternité sudiste. Sans oublier la présence des pédiatres, de 2 psychologues et d'une psychiatre. Sollicitées pour tous les cas de souffrance psychologique liés à la maternité.
Philippe Stéphant.
20 critères d'évaluation pour un tableau d'honneur d'excellence
La rédaction du Point a analysé le Programme de médicalisation des systèmes d'information de 2016, regroupant les données de 515 établissements et de 771 555 accouchements ayant eu lieu cette même année. 20 critères ont permis de définir les meilleures maternités de niveau 3 :
- Activité : Avec plus de 4 000 accouchements, la maternité Sud est une des plus actives de France.
- Taux de césariennes : Un taux de 19 % en 2016, qui s'est réduit à 17 % en 2017, indique que la maternité respecte les bonnes pratiques médicales, par un taux maîtrisé.
- Durée du séjour : 2,8 jours pour un accouchement normal, 3 jours pour les plus difficiles, grâce au lien étroit avec les sage-femmes de ville qui facilite l'organisation des sorties.
- Taux de péridurale : Un taux de 76 % prouve que le service ne manque pas d'anesthésistes, avec un spécialiste dédié en salle d'accouchement, 24/24h.
- Taux de grossesses multiples : Près de 2 % de grossesses multiples, dont 2 cas de triplés par an, prouve l'entretien des compétences nécessaires.
- Taux d'épisiotomies : 13 % en 201, mais seulement 8 % en 2017, par une réflexion sur l'amélioration de la pratique.
- Taux d'autoanalgésie : 100 % des patientes peuvent gérer leur analgésie de façon autocontrôlée.
- Taux de déclenchements : 24 %, c'est un taux médical, mais on évite le déclenchement pour convenances personnelles.
- Taux d'extractions instrumentales : 11 % de naissances par forceps ou spatules, c'est assez peu.
- Taux d'allaitement : 77 %, cela peut encore s'améliorer, c'est la volonté du service.
Les autres critères portent sur la présence, ou non, de 8 dispositifs ou équipements décrits dans notre article en tête de page.
L'intégralité de la spécialité de gynécologie-obstétrique
La maternité fait très rarement appel à des services nationaux pour la prise en charge de pathologies spécifiques. « Les seuls motifs de transfert sont les prises en charge sur-spécifiques concernant certaines grossesses gémellaires, faisant appel à du laser in-utéro, à l'hôpital Necker. Ainsi que les pathologies cardiaques suspectées sur des enfants à naître. Car nous n'avons pas de chirurgiens susceptibles de les prendre en charge à ces âges très précoces »,informe le professeur Boukerrou. Ces cas de grossesse gémellaire sont transférés pour une prise en charge du syndrome de « transfuseur-transfusé », qui peut survenir lorsque les jumeaux se partagent le même placenta. « Mais nous avons la chance d'avoir deux praticiennes souhaitant être formées. Nous offrant la possibilité de devenir le centre de référence pour l'Océan Indien. » Avec un rayonnement jusqu'en Afrique-du-sud et à Maurice.
L'hôpital Ami des Bébés
La maternité du CHU Sud poursuit un projet qui mobilise aussi la pédiatrie et la néonatologie. « Nous voulons satisfaire aux critères de qualité pour obtenir le label d'Hôpital Ami des Bébés. C'est un label très strict, qui tient compte du taux d'allaitement, du contact peau-à-peau à la naissance, de la présence du papa et d'autres critères. Nous sommes-là dans la bienveillance et dans le respect des rythmes de la maman et du bébé. C'est un label très contraint, nous espérons pouvoir en être estampillé d'ici 2 ans », confie le professeur Boukerrou.
Le label des 1 000 Premiers Jours
Dans sa recherche d'excellence, la maternité se donne un autre objectif. L'obtention du label des 1 000 Premiers Jours. Cette période extrêmement importante dans la vie de l'être humain. « Il faut respecter des critères de formation et d'information des personnels, des autres professionnels de santé et des parents, à l'accomplissement d'une qualité globale de prise en charge. Par l'éviction de produits nocifs, ou encore la manière de porter son enfant », indique Malik Boukerrou. On peut ainsi éviter des polypathologies à l'âge adulte, telles que des pathologies endocriniennes, diabète ou hypertension.
Le réseau REPERE et l'apprentissage par la simulation
L'amélioration constante des protocoles et de la qualité des prises en charge se fait aussi en étroite collaboration avec les professionnels des autres maternités. Et par un rigoureux travail en interne.
Pour l'amélioration de ses pratiques, la maternité travaille de façon étroite avec le réseau REPERE (Réseau de professionnels de la santé autour de la périnatalité de La Réunion). L'ensemble des professionnels de la santé des 7 maternités de l'île ont créé des clubs pour réfléchir à l'amélioration des pratiques qui posent des problèmes au niveau régional. « La Réunion présente un taux de mortalité maternelle d'environ 26 pour 100 000, pour moins de 10 en métropole. En particulier par des cas d'hémorragie postpartum. Nous cherchons à savoir pourquoi, et nous faisons une expertise de chaque dossier, avec le Centre d'expertise national de la Mortalité maternelle. Chaque dossier rend compte de la cause, et cherche à savoir si elle est évitable », explique le professeur Boukerrou. Le réseau REPERE a donc créé le Club HPP, pour uniformiser la protocolisation de la prise en charge, au niveau régional. Ce protocole commun facilitera l'évaluation continue de toutes les unités. Un autre club a été créé pour de pré-éclampsie, une maladie hypertensive de la grossesse. Une autre club sur la réanimation du nouveau-né, pour améliorer la prise en charge à la naissance.
Le Centre d'apprentissage par la simulation
Une autre problématique commune est celle des IVG chez les jeunes, lorsque des jeunes femmes subissent plusieurs IVG. L'amélioration des protocoles, de façon uniformisée, permet de mettre en commun les observations sur cette problématique. Pour l'amélioration de ses pratiques, le CHU Sud dispose également du Centre d'apprentissage par la simulation, situé à Saint-Pierre. « Dans l'esprit des recommandations nationales, pour l'apprentissage des internes, et de la Formation médicale continue. Nous pouvons simuler des situations, normales ou pathologiques, pour évaluer la prise en charge et la rapidité des internes, des sage-femmes en formation, mais aussi les professionnels diplômés. De façon que l'on puisse continuer d'apprendre, encore et encore », ajoute le praticien. Chaque matin, l'ensemble de son staff est systématiquement réuni. « C'est par un travail continue, sérieux et précis, que nous atteignons une réelle qualité. Par une évaluation journalière sur tous les dossiers de la garde écoulée, au regard des protocoles mis en place et des recommandations. De ce qui s'est passé de grave, des extractions instrumentales et des chirurgies éventuelles pendant la garde. » Tout est passé en revue, avec la collaboration des pédiatres et des cadres. « Il faut que tous nos dossiers soient cadrés, et qu'on ne dévie pas de ce qui a été décidé, en équipe, pour respecter ce que nos Sociétés savantes ont élaboré et recommandé », martèle le chef de service.
Source: Clicanoo. Par Jean-Yves Bouteloup. Le 06/09/2018.