20% des jeunes incarcérés sont porteurs de troubles causés par l'alcoolisation fœtale, selon des études canadiennes et australiennes. À La Réunion, cent cinquante enfants naissent chaque année avec ce type de pathologie, soit un nouveau-né tous les deux jours.
Partant de ce constat, la formation des professionnels de la justice des mineurs, en contact régulier avec ce type de public, est "primordiale", comme le note Bérénice Doray, professeure de génétique et directrice du centre de ressources ETCAF*. La première journée de formation en ce sens s'est déroulée ce mardi, à la direction générale du CHU de Saint-Paul. Et il était temps. "Certains jeunes sont placés en prison alors qu'il n'ont rien à y faire", déplore la cheffe de service.
Des lésions qui passent inaperçues
Car si le syndrome d'alcoolisation fœtale peut avoir des conséquences physiques -comme des malformations ou des problèmes de croissance- bon nombre de symptomes passent inaperçus pour une personne non-aguerrie. "Cela peut se manifester par des d'importantes difficultés scolaires ou encore des difficultés à s'intégrer dans notre société, parce-que l'alcool pendant la grossesse a entraîné des lésions dans le cerveau", souligne Béatrice Doray.
"Il ne s'agit pas pour les professionnels de la justice des mineurs de remplacer le médecin, mais de penser à cette problématique. Quand on s'occupe d'un jeune, il faut absolument avoir à l'esprit le contexte familial. Mais aussi sa taille ou son poids à la naissance, les étapes de son développement", précise-t-elle.
"Être formé permet de pouvoir identifier et repérer les signes, pour ensuite mobiliser les professionnels médicaux et paramédicaux afin de nous aider à structurer une réponse éducative adaptée", complète Diane Geindreau, conseillère technique en promotion de la santé à la PJJ. Pour pérenniser le dispositif, une convention a été signée entre le centre de ressources et la direction territoriale de la protection judiciaire de la jeunesse.
Zéro alcool dès qu'il existe un projet de grossesse
Si cette formation permet d'apporter une réponse plus adaptée, la prévention la plus importante reste celle destinée à réduire la source du problème, à savoir la consommation d'alcool pendant la grossesse, qui doit être totalement proscrite. "Il n'y a pas de consommation sans risque", tient à rappeler Béatrice Doray.
Mais la mise en garde va même plus loin : "L'alcool peut également être toxique pour les cellules permettant d'avoir des enfants, donc le message c'est : 'zéro alcool à partir du moment où on a un projet de grossesse'. Pour la femme, mais aussi pour l'homme".
Du chemin reste à faire avant que ces messages ne s'impriment véritablement dans les consciences : "La prévention concernant les dangers de l'alcool met du temps, car en face, il y a des lobbys très puissants".
Source: Zinfos974.com. Par MA. Le 04/09/2018.