Alors que le 9 septembre 2018 aura lieu la journée internationale de prévention du Syndrome d'alcoolisation foetale, le Centre Ressources ETCAF et l'Institut Régional du Travail Social de la Réunion (IRTS) ont lancé un partenariat pour la formation des travailleurs sociaux de La Réunion à l'Ensemble des Troubles Causés par l'Alcoolisation Foetale (ETCAF). Le but : mieux informer les publics en situation de précarité et bénéficiant de suivi social, et notamment les jeunes, sur les risques que présente l'alcool pour le foetus. Dix à quinze nouveau-nés par an en sont victimes à La Réunio, sans compter les enfants victimes de l'ensemble des troubles causés par l'alcoolisation foetale, soit un enfant sur cent ou un enfant qui naît tous les deux jours avec le cerveau endommagé par l'alcool.
La Réunion se distingue depuis de nombreuses années de par ses initiatives autour des problématiques liées à l’alcoolisation fœtale. Outre que le président de SAF France est un pédiatre installé dans le Sud de l’île, le Dr Denis Lamblin, l’île est pionnière en matière de lutte contre les troubles causés par l’alcoolisation fœtale. En 2015, La Réunion a été retenue comme région pilote au sein du plan gouvernemental 2013-2017 de la Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues Et les Conduites Addictives (MILDECA). C’est dans ce contexte qu’a été inauguré le Centre Ressources ETCAF, le 1er avril 2016.
Des progrès sensibles mais encore insuffisants
" Après sa création en avril 2016, notre Centre Ressources ETCAF, s’est positionné rapidement comme un dispositif incontournable du plan d’action régional de prévention et de prise en charge des Troubles Causés par l’Alcoolisation Fœtale (TCAF) proposé par l’Agence Régionale de Santé de l’Océan Indien et la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives ", explique le Pr Bérénice Doray, Directrice du centre ETCAF, chef du service de génétique au CHU de La Réunion et professeur à la Faculté de médecine.
" Après deux ans d’activité marqués par de très nombreuses interventions auprès de l’ensemble des personnes impliquées dans le repérage et la prise en charge des familles concernées, force est de constater que le dialogue entre professionnels et le décloisonnement entre les différentes institutions se trouvent facilités. Le progrès est réel mais il ne se traduit pas encore par une prise de conscience globale", regrette le Pr Bérénice Doray.
D'où l'action menée par le Centre Ressource ETCAF pour encourager les actions de prévention auprès du grand public, "en premier lieu les jeunes qui sont les premières cibles des lobbys de l’alcool", souligne le médecin. Qui ajoute : "En marge de la journée internationale de prévention du Syndrome d’Alcoolisation Fœtale (SAF), le 9 septembre prochain, notre équipe est à l’initiative de nombreuses rencontres professionnelles, d’actions de sensibilisation auprès de la population et apporte tout son soutien aux manifestations de prévention des communes et associations. "
Les risques d’un verre d’alcool pendant la grossesse
Le Syndrome d’Alcoolisation Fœtale (SAF), la forme la plus visible avec des signes physiques et mentaux concerne une naissance sur 1000 soit 10 à 15 nouveau-nés par an à La Réunion. Mais si l’on considère l’ensemble des troubles (ETCAF), il s’agit cette fois-ci d’une naissance sur 100, soit un enfant qui nait tous les deux jours à la Réunion avec un cerveau endommagé par l’alcool. " L’alcoolisation fœtale est la première cause de handicap mental d’origine non génétique ", explique le Centre de ressources ETCAF, qui déplore que beaucoup de professionnels soient mal informés sur ce syndrome d’alcoolisation fœtale, générant donc de nombreux cas non diagnostiqués et peu ou pas du tout pris en charge.
Le partenariat initié par le Centre de ressources ETCAF et l’Institut régional du travail social à la Réunion (IRTS) va permettre de répondre pour partie à cette carence d’information et de diagnostic.
Pour mémoire, en fonction de la quantité, de la durée, du mode de consommation, les conséquences sont variables. Mais contrairement au bon sens apparent, même une consommation ponctuelle et minime, comme une seule coupe de champagne lors d’un mariage, peut provoquer des troubles causés par l’alcoolisation fœtale. Alors qu’une consommation plus importante peut, en apparence, ne pas provoquer de troubles. " On ne peut pas le savoir à l’avance, explique le Dr Denis Lamblin, pédiatre et président de SAF France. Tout dépend du capital génétique de la mère et du fœtus. La seule voie possible de prudence est l’abstinence totale d’alcool pendant la grossesse. "
Source: IP Réunion. Par ML. Le 28/08/2018.