Alors que l'Agence Nationale de Sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail vient de lancer une alerte sur le risque de surcharge en iode que représente une consommation régulière d'algues, la spiruline, de culture péi, apparaît comme une alternative. En effet, cette algue ne contient pas d'iode. Mais ce n'est pas pour autant qu'elle est sans totalement danger.
Les algues, c’est à la mode. Comme le végétarisme, le retour à l’alimentation safe, bio, au plus près de la nature. Fraîches, séchées ou conditionnées en gélules, les algues présentent des teneurs variables en iode et parfois élevées. C’est justement là-dessus que l’Agence Nationale de Sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) – ouf ! – a failli s’étouffer. Après s’être penchés sur ces assiettes tendance, ses experts en nutrition ont estimé " non négligeable " le risque d’excès d’apport en iode. L’ANSES préconise donc de mettre certaines populations à risque au régime sec et recommande aux consommateurs réguliers de lever un peu le pied, par principe de précaution.
Lors de son enquête, l’ANSES a particulièrement étudié les richesses en iode de certaines algues couramment consommées en France et particulièrement riches en iode, telles que les algues brunes laminaires Laminaria spp et Saccharina spp, ainsi que l’algue rouge Gracilaria verruqueuse.
Attention aux dosages !
L’évaluation de l’Anses s’appuie sur la valeur limite supérieure de sécurité pour l’iode établie par l’EFSA (autorité européenne de sécurité des aliments) à 600 µg par jour pour l’adulte et adaptée pour chaque tranche d’âge de consommateurs. Petite subtilité, en ce qui concerne les compléments alimentaires, la réglementation française a fixé la dose journalière maximale d’iode à 150 µg.
Sortez vos calculettes !
L’ANSES alerte particulièrement les accros aux algues qui en consomment au naturel tout en y ajoutant des compléments alimentaires, ce qui présente un risque non négligeable de dépassement des limites supérieures de sécurité.
" Un apport excessif et régulier en iode peut entraîner des dysfonctionnements de la thyroïde mais également certains effets indésirables, notamment au niveau cardiaque ou rénal ", alerte l’ANSES. Qui liste les cibles potentielles des complications : toute personne présentant un dysfonctionnement thyroïdien, une maladie cardiaque ou une insuffisance rénale, toute personne suivant un traitement par un médicament contenant de l’iode ou du lithium ainsi que toute femme enceinte ou allaitante hors avis médical. Et tant qu’à faire les marmailles, car " les données sont actuellement insuffisantes " pour se faire une religion sur la dose adéquate pour eux. De toute façon, les marmailles ne doivent pas être follement friands de cette gourmandise bobo…
La spiruline, douée mais pas que…
A La Réunion où les maladies métaboliques sont la cause de santé publique prioritaire, il n’est pas inutile d’accorder quelque crédit à ces alertes liées à une surconsommation d’iode. Reste alors une piste intéressante et un chouia chauvine : l’algue péi à la jolie couleur turquoise. Eh non, la spiruline n’est pas une algue de mer, mais de lac alcalin : elle ne contient pas d’iode et ne peut donc pas interagir négativement avec la thyroïde.
Réputée pour sa richesse en fer, en béta-carotène et en protéines, la spiruline est considérée comme la panacée à la famine. Mais la perfection n’existe pas en ce monde : justement à cause de sa richesse en fer la spiruline est donc contre-indiquée aux personnes présentant des problèmes d’hémachromatose. Relativisons, elles ne sont pas si nombreuses. Mais tout de même.
La spiruline est aussi très riche en protéines, ce qui en fait un bon complément pour les végétariens. Mais gare à ceux qui présenteraient – ça peut arriver – une insuffisance rénale. La forte concentration en protéines de la spiruline peut causer de la fatigue rénale, la fonction détox des reins fonctionnant alors à pleins tubes pour éliminer les déchets et les toxines générés par les protéines.
Globalement, toute personne en bonne santé peut consommer raisonnablement de la spiruline aux doses recommandées. Ce qui exclut d’office les personnes présentant des maladies auto-immunes, une sclérose en plaque, souffrant de la goutte ou de polyarthrite rhumatoïde. Ainsi que celles atteintes d’une maladie génétique rare, la phénylcétonurie.
Attention aux allergies, entre autre…
Néanmoins la prudence s’impose en cas de tempérament allergique. En 2014, l’Anses avait publié un cas de réaction allergique (angio-œdème facial allergique) après ingestion de spiruline. Et quelques doutes sont aussi émis par l’Anses, non sur la qualité de l’algue en elle-même mais sur la qualité de la fabrication parfois, surtout en ce qui concerne les produits vendus en ligne ou hors circuit pharmaceutique " qui peuvent contenir des toxines, des bactéries et des traces de métaux lourds ".
Les algues, même péi et sans iode, sont sans nul doute des produits naturels mais pas sans danger.
Source: IP Réunion. Le 17/08/2018.