Pour aller à la crèche ou rentrer en maternelle, les petits doivent être à jour des vaccinations obligatoires. Au nombre de 11, ces vaccins ne se font pas tous en même temps, contrairement à la rumeur alarmiste qui court sur les réseaux sociaux. Et tous ne contiennent pas d'aluminium non plus. De même, ce ne sont pas de nouveaux vaccins : jusqu'ici, 85% des enfants avaient déjà reçu ces mêmes vaccins en France. L'obligation vaccinale a pour but de parvenir à 95% de couverture vaccinale, seuil indispensable pour éviter le retour des épidémies. A La Réunion, le taux de couverture vaccinale, avant l'obligation, était parmi les plus élevés de France, mais avait tendance à baisser un peu en ce qui concerne l'hépatite B et le ROR (Rougeole, Oreillons, Rubéole). En Italie, a fait marche arrière toute sur le sujet
En Italie où 12 vaccins (les 11+varicelle) étaient obligatoires depuis la rentrée scolaire 2017 pour l’entrée en crèche et à l’école, le nouveau gouvernement vient de suspendre cette obligation, comme il l’avait promis lors de sa campagne électorale.
Mais cette suspension n’est pas annulation totale. Il s’agit en fait d’une " obligation flexible ", comme le souligne le Journal International de Médecine (JIM) dans son édition du 10 août 2018 : " Le nouveau ministre de la Santé, Giulia Grillo (M5S), a aussi annoncé l’édiction d’une nouvelle législation qui instaurerait une " obligation flexible ", dont les piliers seront l'information et le recours à la coercition uniquement pour une durée limitée et pour les maladies et les régions où le taux de couverture est vraiment trop bas. ".
En Italie, la loi de 2017 aurait permis de faire passer de 86 à 92 % le taux de couverture vaccinale.
Néanmoins, le recul du gouvernement sur l’obligation vaccinale ne convainc pas tout le monde : selon le JIM, les parents d'enfants non vaccinables en raison de leur état de santé ont lancé une pétition pour le rétablissement de l’obligation, qui a réuni plus de 100 000 signatures en quelques jours, et quelques présidents de régions ont aussi fait valoir qu'ils comptaient faire appliquer eux-mêmes l'obligation si l'Etat y renonçait. Sans oublier l'Association nationale des chefs d'établissements scolaires " qui a prévenu qu’en septembre, ils appliqueraient l’ancienne règle malgré le vote du Sénat italien ".
A savoir, le Sénat italien n’a donné de raisons médicales à cette levée de l’obligation vaccinale. Juste ces mots du Ministre de la Famille : " Pour moi, 12 vaccins c’est trop, mais je ne suis pas médecin ". Ce qui est loin de relever de la preuve scientifique.
À La Réunion, grâce au taux spontanément bon de la vaccination, malgré quelques lacunes sur l’hépatite B et le ROR, l’obligation vaccinale ne devrait pas provoquer beaucoup d’exclusions scolaires ou de refus de mode de garde.
L’obligation vaccinale pour 11 valences est désormais décrétée
En effet, La Réunion, n'est pas le plus mauvais élève en matière de vaccination. Si des foyers de contestation existent sur les réseaux sociaux, néanmoins le taux de couverture vaccinale est bon pour la plupart des vaccinations jusqu’ici non obligatoires, sauf pour le ménincoque B, une maladie qui cause des décès d’enfants et d’ados chaque année en France, et pour la rougeole-oreillons-rubéole. Dans notre île si le taux de vaccination est presque atteint pour le méningocoque (93% vs 95% indispensables pour enrayer la maladie), le taux du ROR est beaucoup trop bas (84%) et celui du vaccin contre le ménincogoque C dramatiquement insuffisant (58%).
Seuls les enfants de moins de 2 ans y sont tenus, pour les autres, nés avant 2016, l’obligation ne concerne que le DTP (Diphtérie, Tétanos, Polio). Pourtant hormis les vaccins précités insuffisamment effectués, la grande majorité des enfants sont vaccinés contre l’hépatite B (93%), l’Haemophilus Influenzae de type B, la coqueluche,
Rien ne change donc vraiment, sinon le caractère obligatoire de la vaccination pour l’inscription en crèche et en maternelle TPS ou classes passerelles. Et si les enfants ne sont pas vaccinés à la rentrée ? Eh bien, les parents disposent de trois mois pour présenter le carnet de vaccination à jour. A défaut, les enfants seront exclus du mode de garde ou de l’école maternelle.
" Cet élargissement de la couverture vaccinale par décret obligatoire a vocation à durer cinq à dix ans, le temps de remonter la couverture vaccinale en suffisance ", a expliqué le Dr Levy-Bruhl lors de son passage à La Réunion en mai 2018, reprenant les paroles de la Ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Le médecin se veut rassurant : " Ce sont des vaccins sûrs, administrés depuis des décennies et déjà reçus en totalité par environ trois quarts des enfants en 2016 ".
On ne fait pas les 11 vaccins d’un seul coup
Le calendrier vaccinal prévoit la première dose de six vaccins à 2 mois : diphtérie, tétanos, coqueluche, poliomyélite, Haemophilus influenzaede type b, hépatite B. Ces vaccins se font en une seule injection grâce à un vaccin hexavalent (ndlr, contenant les 6 vaccins). S’y ajoute (possible à distance de quelques jours/semaines), le vaccin contre le pneumocoque. Ces sept vaccins auront un rappel à l’âge de 4 mois (celui contre le pneumocoque pouvant, là encore, être fait à distance du vaccin hexavalent).
Ensuite, à l’âge de 5 mois, sera fait le vaccin contre le ménincocoque C.
A 11 mois, nouveau rappel des sept premiers (vaccin hexavalant + pneumocoque). A 12 mois, enfin, le ROR (Rougeole-Oreillons-Rubéole).
Contrairement au DTP (diphtérie-tétanos-poliomyélite), il n'est pas nécessaire de procéder à des rappels après 18 mois pour ces huit vaccins obligatoires depuis le 1er janvier 2018. Ce calendrier vaccinal n’a pas changé avec l’obligation vaccinale étendue. Ce sont les mêmes vaccins, la seule différence c’est que de trois vaccins obligatoires, on est passé à onze. La grande majorité des enfants, à La Réunion, étaient déjà vaccinés contre la plupart de ces maladies.
La vaccination protège aussi les autres
Pour les bébés et les jeunes enfants, deux maladies restent potentiellement dangereuses en cas de couverture vaccinale non atteinte : la rougeole et la méningite. Le nourrisson ne pouvant être vacciné avant l’âge de 12 mois, s’il croise la route d’un enfant plus âgé non vacciné et atteint par la rougeole, il peut être contaminé et en mourir.
Pour la méningite de type B, plusieurs centaines de cas de méningite dus à cette bactérie étaient diagnostiqués chaque année chez le nourrisson. Depuis que le vaccin Haemophilus Influenzae (Hib) a été inclus en 1992 dans le calendrier vaccinal, seuls 39 cas ont été identifiés entre 1999 et 2015 chez des enfants non vaccinés, mais aucun des enfants ayant été vaccinés n’ont présenté de méningite. Des chiffres parlants.
Et qui sont autant de réponses aux parents qui estiment que l’obligation vaccinale n'a que pour but d’enrichir les labos. En fait, selon une étude publiée en 2016 par The Lancet, la revue médicale de référence, une couverture vaccinale élevée contre les infections à pneumocoque a permis de diminuer de moitié les quantités de médicaments (calculés en jours d’antibiotiques) délivrées chaque année aux enfants de moins de 5 ans.
En effet, le vaccin Prévenar (contre le pneumocoque, utilisé depuis 2004) permet d’éviter aussi 30% des cas d’otites chez le jeune enfant. Un bénéfice secondaire non négligeable.
Et une perte de profits considérable pour les labos.
Source: IP Réunion. Par ML. Le 13/08/2018.