Les appels au don de sang trouvent en général leur public à La Réunion. Mais parfois, certains candidats donneurs se voient refoulés en raison d'une "anémie" alors que leur médecin traitant ne diagnostique rien de semblable.
C’est arrivé trois fois à Leila, 50 ans : "à chaque fois j’y suis allée pleine de bonnes intentions. Mais après avoir fait un test avec une piqûre au bout du doigt, on m’a dit que j’étais anémiée donc pas de don possible. Le médecin m’a dit qu’on allait me faire une prise de sang pour voir ce qui se passait. Mon médecin traitant, au vu des résultats, m’a dit que je n’étais pas du tout anémiée et que l’imbroglio venait des niveaux de seuil adoptés par l’Etablissement Français du Sang, trop bas par rapport à ce qui est normal en médecine de ville. "
Reste que Leila en a été quitte pour une poussée d’inquiétude. "Comme les interprétations de mon médecin traitant étaient rassurantes, j’ai voulu y retourner, mais j’ai de nouveau été refoulée sans trop de formes".
Question de feeling, de surbooking, de caractère, il y a l’art et la manière de dire les choses, comme le constate Leila. Quoi qu’il en soit, de cette mésaventure, notre témoin a conclu que le don de sang, définitivement, ce n’était pas pour elle.
Qu’est-ce que l’effet de seuil ?
Il n’est pas rare en effet que des candidats donneurs soient refoulés, heureusement certains avec plus de tact que d’autres. "Nous demandons aux personnes qui n’ont pas fait de don depuis deux ans ou qui ont subi une opération ou un accouchement récemment, de faire un test capillaire, c’est à dire qu’on va leur prendre une goutte de sang avec un appareil qui dose leur taux d’hémoglobine", explique le Dr Aude Letallec, de l’établissement français du sang (EFS) à Saint-Denis.
L’EFS fixe une limite minimale pour autoriser le don. En-dessous de 12, vous ne pouvez pas donner votre sang. " Sur une valeur limite, on préfère ne pas vous prélever, mais attention, vous n’êtes pas forcément anémié(e) !", précise le Dr Letallec. "Simplement votre taux est bas, c’est fréquent chez les femmes, et comme on doit vous prendre une poche de sang, ça pourrait vous fragiliser. C’est pour cela que nous conseillons alors de reporter le don" ajoute-t-elle.
Pourquoi alors parler d’anémie, un propos anxiogène ? "Parfois l’analyse de la prise de sang qui a suivi le test a permis de diagnostiquer de vraies anémies, symptôme d’une pathologie grave, mais la plupart du temps, c’est en effet une baisse banale et passagère d’hémoglobine", concède le Dr Letallec.
Le groupe 0 à flux tendus à La Réunion
Globalement, les dons de sang sont suffisants à La Réunion. Mais il faut le dire vite, car en la matière, tout peut basculer très vite. "Notre curseur, c’est la capacité à répondre aux besoins des hôpitaux à J+15", explique le Dr Letallec. Mais il faut compter avec les impondérables ou les "marronniers" : les maladies de saison qui empêchent momentanément des donneurs réguliers de donner leur sang ou les vacances, qui éloignent les donneurs des centres de collecte alors que, soudainement, les hôpitaux font face à un accroissement de besoins, suite à des accidents ou des pathologies graves. "Nous anticipons sur nos stocks en tenant compte de ces paramètres", précise le Dr Letallec.
En ce moment, alors que beaucoup de Réunionnais ont quitté le département pour les vacances, l'EFS n'est pas à l'abri d'un besoin accru de produits sanguins. C'est d'ailleurs déjà le cas pour le groupe 0, comme le souligne le médecin de l'Etablissement français du sang. Un appel pressant est donc lancé aux donneurs de ce groupe qui ne sont pas souffrants ni partis en congés sous d’autres latitudes.
Source: IP Réunion. Par ML. Le 18/07/2018.