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FJ
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lundi 11 juin 2018
Près de 100 000 personnes seraient touchées par cette maladie à La Réunion.
Le diabète est un véritable fléau. Insidieuse, de nombreuses personnes sont atteintes de cette maladie chronique sans le savoir. C'était le cas pour Marianne. Après des chocs émotionnels successifs en 2014, elle a vu son poids dégringoler au fil du temps. Jusqu'à ce qu'une prise de sang lui révèle qu'elle est atteinte du diabète de type 2, insulino-dépendant.
L’année 2014 était une année noire pour Marianne*. Elle a perdu cinq membres de sa famille. Cinq décès dont ceux de sa maman, sa tante et son beau-frère à quelques mois d’intervalle. Elle en est convaincue "c'est ça qui m'a rendu malade ". Pour elle, l’accumulation de chocs émotionnels a été le facteur déterminant qui aurait tout déclenché. "Mon corps s'est déréglé, j'étais très fatiguée". Pendant plusieurs mois , Marianne avait été au chevet de sa maman hospitalisée à domicile. Le décès de cette dernière était un coup dur pour Marianne "c'était un choc". Elle confie " je croyais que j'étais forte, mais en fait non mon esprit était faible et mon corps a pris un gros coup".
"Je me suis endormie au volant"
Malgré les soucis et la fatigue qui s'accumulaient, Marianne a vécu plusieurs mois dans le déni. Voyant qu'elle perdait du poids de manière inquiétante, sa famille insistait pour qu'elle consulte un médecin mais Marianne avait peur. "En 2014, 2015, j'ai commencé à maigrir alors que je ne faisais aucun régime et que je mangeais normalement". Un an après le décès de sa maman, Marianne, avait déjà perdu plus de 20 kilos.
En 2015, Marianne a 49 ans, elle est déjà malade, mais ne le sait pas. C'est un évènement qui va lui faire prendre conscience de son état.
"Pendant trois mois, ma fille aînée m'a confié ses deux enfants en bas-âge car elle devait se rendre en métropole. Pendant ces trois mois, je me suis occupée d'elles et j'ai accumulé la fatigue. Je ne dormais plus. Je maigrissais. J'étais tout le temps fatiguée" raconte-elle. "Cette charge familiale m'avait épuisé" poursuit-elle. "Un jour, j'étais en voiture avec mon autre fille et son bébé, c'est moi qui conduisais, je me suis endormie au volant", déclare la mère de famille, "ce jour-là j'ai frôlé l'accident tellement j'avais accumulé de la fatigue. J'étais déjà diabétique, mais je ne le savais pas".
C'est après cet évènement que Marianne se décide à consulter son médecin et faire un bilan de santé. Le diagnostic tombe, elle est diabétique et présente un dérèglement de la thyroïde.
"J'étais accro au coca"
Diagnostiquée diabétique de type 2, Marianne doit recevoir des piqûres d'insuline pour aider son corps à faire baisser sa glycémie tous les jours.
"Pendant six mois, tous les jours, une infirmière venait à domicile très tôt le matin pour me faire une piqûre d'insuline" se souvient Marianne. L'insuline et les médicaments lui font "se sentir un peu mieux" assure Marianne.
La maladie a obligé Marianne à revoir ses habitudes. "Je suis allée voir un spécialiste, un diabétologue endocrinologue qui m'a fait des examens plus poussés". déclare-elle. "Il fallait que je change mes habitudes alimentaires, que j'arrête de consommer certains aliments trop sucrés. Il fallait que je mange en petite quantité".
Marianne l'avoue elle était accro à une chose : le coca. "Je buvais tous les jours du coca zéro, jusqu'à ce que j'apprenne que je suis diabétique. Petit à petit j'ai été obligée d'arrêter d'en boire. J'étais accro".
"J'ai perdu jusqu'à 50 kilos"
Pendant l'année qui suit le diagnostic, Marianne ne cesse de perdre du poids. "Avant, je faisais presque 100 kilos. J'ai fait un régime en 2013, j'avais commencé à perdre du poids. En 2014, le stress et les chocs émotionnels se sont ajoutés. Je perdais du poids sans raison. Après le diagnostic j'ai continué à maigrir. J'étais devenue très maigre".
En 2016, au pire moment de sa maladie, Marianne avait perdu près de 50 kilos "j'ai maigri jusqu'à peser 52 kilos". Marianne est passé d'une taille 48 à une taille 36. "J'avais les os qui ressortaient".
À chaque consultation, son médecin s'inquiétait et insistait, elle devait reprendre du poids.
Marianne le sait, le diabète a déréglé son système digestif et hormonal "il y a beaucoup d'aliments qu'il ne faut plus que je mange, sinon j'ai mal au ventre. Mes intestins sont fragiles. Mais parfois le corps demande alors je cède, mais après je le regrette, je vais souvent au toilette".
Au fil des mois, Marianne a repris du poids. Aujourd'hui, son poids est stable. Elle sait qu'elle doit faire attention à ce qu'elle mange, même si elle ne respecte pas toujours les restrictions. Elle l'assure "aujourd'hui j'ai appris à me réguler, je connais mon corps, je sais quand je dois m'arrêter". Marianne contrôle chaque matin sa glycémie, son taux de sucre dans le sang, et en fonction, elle sait ce qu'elle peut manger ou non "chaque matin, je me pique le doigt et je mange en fonction du résultat".
Le diabète, "on vit avec, même quand on ne le sait pas"
Comme beaucoup de Réunionnais qui ne se font pas dépister, Marianne a vécu un certain temps en étant diabétique sans le savoir. Pourtant, un signe précursseur aurait pu lui mettre la puce à l'oreille "en 2003 quand j'étais enceinte de mon dernier, j'ai fait un test de la glycémie et on m'a dit qu'il y avait une probabilité pour que je sois diabétique plus tard".
Le facteur génétique joue aussi un rôle. La mère de Marianne était diabétique ainsi que plusieurs membres de sa famille maternelle.
Ce qui est le plus difficile pour Marianne, c'est qu'elle ne peut pas "manger comme elle veut", du fait de son diabète et de la fragilité de ses intestins. Chaque écart, elle le paye.
Un autre symptôme lui rappelle chaque jour qu'elle est diabétique : la douleur. "Je souffre de polyarthrite rhumatoïde, j'ai mal aux articulations. J'avais déjà quelques douleurs avant mais le diabète a accentué mes douleurs". Marianne a aussi les pieds qui gonflent régulièrement au point, parfois, d'avoir du mal à marcher.
Aujourd'hui, Marianne a 52 ans et le diabète, elle vit avec. Pour Marianne, ce sont plusieurs facteurs cumulés qui ont déclenché cette maladie chronique chez elle. Elle tient à interpeller les gens qui l'entourent "il faut faire régulièrement des prises de sang, se faire dépister, surtout quand il y a des diabétiques dans la famille. C'est une maladie qu'on peut avoir sans savoir qu'on l'a".
*le prénom a été modifié
Source: IP Réunion. Par SJB. Le 11/06/2018.
Le diabète est un véritable fléau. Insidieuse, de nombreuses personnes sont atteintes de cette maladie chronique sans le savoir. C'était le cas pour Marianne. Après des chocs émotionnels successifs en 2014, elle a vu son poids dégringoler au fil du temps. Jusqu'à ce qu'une prise de sang lui révèle qu'elle est atteinte du diabète de type 2, insulino-dépendant.
L’année 2014 était une année noire pour Marianne*. Elle a perdu cinq membres de sa famille. Cinq décès dont ceux de sa maman, sa tante et son beau-frère à quelques mois d’intervalle. Elle en est convaincue "c'est ça qui m'a rendu malade ". Pour elle, l’accumulation de chocs émotionnels a été le facteur déterminant qui aurait tout déclenché. "Mon corps s'est déréglé, j'étais très fatiguée". Pendant plusieurs mois , Marianne avait été au chevet de sa maman hospitalisée à domicile. Le décès de cette dernière était un coup dur pour Marianne "c'était un choc". Elle confie " je croyais que j'étais forte, mais en fait non mon esprit était faible et mon corps a pris un gros coup".
"Je me suis endormie au volant"
Malgré les soucis et la fatigue qui s'accumulaient, Marianne a vécu plusieurs mois dans le déni. Voyant qu'elle perdait du poids de manière inquiétante, sa famille insistait pour qu'elle consulte un médecin mais Marianne avait peur. "En 2014, 2015, j'ai commencé à maigrir alors que je ne faisais aucun régime et que je mangeais normalement". Un an après le décès de sa maman, Marianne, avait déjà perdu plus de 20 kilos.
En 2015, Marianne a 49 ans, elle est déjà malade, mais ne le sait pas. C'est un évènement qui va lui faire prendre conscience de son état.
"Pendant trois mois, ma fille aînée m'a confié ses deux enfants en bas-âge car elle devait se rendre en métropole. Pendant ces trois mois, je me suis occupée d'elles et j'ai accumulé la fatigue. Je ne dormais plus. Je maigrissais. J'étais tout le temps fatiguée" raconte-elle. "Cette charge familiale m'avait épuisé" poursuit-elle. "Un jour, j'étais en voiture avec mon autre fille et son bébé, c'est moi qui conduisais, je me suis endormie au volant", déclare la mère de famille, "ce jour-là j'ai frôlé l'accident tellement j'avais accumulé de la fatigue. J'étais déjà diabétique, mais je ne le savais pas".
C'est après cet évènement que Marianne se décide à consulter son médecin et faire un bilan de santé. Le diagnostic tombe, elle est diabétique et présente un dérèglement de la thyroïde.
"J'étais accro au coca"
Diagnostiquée diabétique de type 2, Marianne doit recevoir des piqûres d'insuline pour aider son corps à faire baisser sa glycémie tous les jours.
"Pendant six mois, tous les jours, une infirmière venait à domicile très tôt le matin pour me faire une piqûre d'insuline" se souvient Marianne. L'insuline et les médicaments lui font "se sentir un peu mieux" assure Marianne.
La maladie a obligé Marianne à revoir ses habitudes. "Je suis allée voir un spécialiste, un diabétologue endocrinologue qui m'a fait des examens plus poussés". déclare-elle. "Il fallait que je change mes habitudes alimentaires, que j'arrête de consommer certains aliments trop sucrés. Il fallait que je mange en petite quantité".
Marianne l'avoue elle était accro à une chose : le coca. "Je buvais tous les jours du coca zéro, jusqu'à ce que j'apprenne que je suis diabétique. Petit à petit j'ai été obligée d'arrêter d'en boire. J'étais accro".
"J'ai perdu jusqu'à 50 kilos"
Pendant l'année qui suit le diagnostic, Marianne ne cesse de perdre du poids. "Avant, je faisais presque 100 kilos. J'ai fait un régime en 2013, j'avais commencé à perdre du poids. En 2014, le stress et les chocs émotionnels se sont ajoutés. Je perdais du poids sans raison. Après le diagnostic j'ai continué à maigrir. J'étais devenue très maigre".
En 2016, au pire moment de sa maladie, Marianne avait perdu près de 50 kilos "j'ai maigri jusqu'à peser 52 kilos". Marianne est passé d'une taille 48 à une taille 36. "J'avais les os qui ressortaient".
À chaque consultation, son médecin s'inquiétait et insistait, elle devait reprendre du poids.
Marianne le sait, le diabète a déréglé son système digestif et hormonal "il y a beaucoup d'aliments qu'il ne faut plus que je mange, sinon j'ai mal au ventre. Mes intestins sont fragiles. Mais parfois le corps demande alors je cède, mais après je le regrette, je vais souvent au toilette".
Au fil des mois, Marianne a repris du poids. Aujourd'hui, son poids est stable. Elle sait qu'elle doit faire attention à ce qu'elle mange, même si elle ne respecte pas toujours les restrictions. Elle l'assure "aujourd'hui j'ai appris à me réguler, je connais mon corps, je sais quand je dois m'arrêter". Marianne contrôle chaque matin sa glycémie, son taux de sucre dans le sang, et en fonction, elle sait ce qu'elle peut manger ou non "chaque matin, je me pique le doigt et je mange en fonction du résultat".
Le diabète, "on vit avec, même quand on ne le sait pas"
Comme beaucoup de Réunionnais qui ne se font pas dépister, Marianne a vécu un certain temps en étant diabétique sans le savoir. Pourtant, un signe précursseur aurait pu lui mettre la puce à l'oreille "en 2003 quand j'étais enceinte de mon dernier, j'ai fait un test de la glycémie et on m'a dit qu'il y avait une probabilité pour que je sois diabétique plus tard".
Le facteur génétique joue aussi un rôle. La mère de Marianne était diabétique ainsi que plusieurs membres de sa famille maternelle.
Ce qui est le plus difficile pour Marianne, c'est qu'elle ne peut pas "manger comme elle veut", du fait de son diabète et de la fragilité de ses intestins. Chaque écart, elle le paye.
Un autre symptôme lui rappelle chaque jour qu'elle est diabétique : la douleur. "Je souffre de polyarthrite rhumatoïde, j'ai mal aux articulations. J'avais déjà quelques douleurs avant mais le diabète a accentué mes douleurs". Marianne a aussi les pieds qui gonflent régulièrement au point, parfois, d'avoir du mal à marcher.
Aujourd'hui, Marianne a 52 ans et le diabète, elle vit avec. Pour Marianne, ce sont plusieurs facteurs cumulés qui ont déclenché cette maladie chronique chez elle. Elle tient à interpeller les gens qui l'entourent "il faut faire régulièrement des prises de sang, se faire dépister, surtout quand il y a des diabétiques dans la famille. C'est une maladie qu'on peut avoir sans savoir qu'on l'a".
*le prénom a été modifié
Source: IP Réunion. Par SJB. Le 11/06/2018.