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FJ
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mardi 5 juin 2018
Le 27 mars, la Préfecture et l'ARS Océan Indien ont activé le niveau 3 du plan ORSEC de lutte contre les arboviroses.
L’épidémie de dengue qui sévit actuellement à La Réunion, se poursuit dans l’ouest et le sud. Depuis le début de l’année 2018, 3 756 cas de dengue ont été confirmés. La mobilisation de tous est indispensable pour lutter contre les moustiques, vecteurs de la dengue.
Le nombre de cas signalés cette semaine diminue légèrement mais confirme la poursuite de l’épidémie dans l’ouest et le sud. Malgré l’entrée dans l’hiver austral, les conditions météorologiques actuelles restent encore favorables aux moustiques vecteurs de la dengue. L’objectif est de stopper la circulation du virus durant l’hiver afin d’éviter une épidémie d’ampleur au cours de l’été prochain. Aussi, les autorités sanitaires appellent la population à continuer à se mobiliser aux côtés de l’ensemble des acteurs : ne laissons pas la dengue passer l’hiver, ensemble, luttons contre les moustiques !
La Dengue, une maladie transmise par les moustiques
La dengue est une maladie transmise par les piqûres du moustique tigre, Aedes albopictus. Elle se caractérise par une fièvre d’apparition brutale accompagnée d’un ou plusieurs autres symptômes :
-maux de tête,
-douleurs articulaires et/ou musculaires,
-sensation de grande fatigue
-éruptions cutanées.
Cette maladie n’est pas à prendre à la légère. En effet, dans 2 à 4% des cas, il peut y avoir évolution vers une forme sévère (2 à 5 jours après le début des symptômes). Le patient peut alors développer des signes de gravité tels que :
-des formes hémorragiques
-des atteintes hépatiques (foie)
-des défaillances cardio-vasculaires
-des formes de détresse respiratoires (essoufflement)
-des vomissements et/ou un refus de s’alimenter chez l’enfant
En fonction de l’état du patient, l’évolution peut être fatale. Enfin, dans de rares cas, la transmission de la mère à l’enfant est possible.
Une épidémie de plus grande ampleur pourrait avoir des conséquences importantes pour la Réunion, à la fois en nombre de formes graves et d’hospitalisations, voire de décès, mais aussi d’un point de vue économique (multiplication des arrêts de travail, diminution de l’activité touristique, etc…).
Aussi, l’ensemble des pouvoirs publics sont aujourd’hui mobilisés pour répondre à cette urgence sanitaire, mais leur action ne peut être pleinement efficace que si elle s’accompagne aussi d’une prise de conscience forte de l’ensemble de la population.
Situation épidémiologique : zones concernées & chiffres-clé
Situation au 29 mai 2018
Du 14 au 20 mai (données de la semaine dernière en cours de consolidation), 297 cas de dengue ont été diagnostiqués. Au total depuis le début de l’année 2018, 3756 cas autochtones de dengue ont été signalés, résidant majoritairement dans les communes suivantes :
- L’ouest : Saint-Paul (56% des cas), Le Port (9%), Saint-Leu (6%) et la Possession (6%)
- Le sud : majoritairement à Saint-Pierre (11%).
Les autres communes où des cas ont été identifiés en 2018 sont les suivantes :
- Saint Louis (102 cas),
- Saint-Denis (81 cas),
- Le Tampon (62 cas),
- L’Etang-Salé (44 cas),
- Saint- Joseph (31 cas),
- Les Avirons (22 cas),
- Trois-Bassins (22 cas),
- Petite Ile (10 cas),
- Saint-André (8 cas).
Depuis le début de l’année, 79 cas de dengue ont été hospitalisés (dont 10 personnes pour dengue sévère).
Carte de répartition des cas de dengue à La Réunion
(données de la Cire OI, Santé Publique France)
Quel risque pour les semaines à venir ?
Malgré l’entrée dans l’hiver austral, le nombre de signalements hebdomadaires reste élevé et les conditions météorologiques actuelles restent favorables aux moustiques vecteurs de la dengue. L’objectif sera de maintenir dans les prochaines semaines la mobilisation de tous pour espérer arrêter la circulation du virus durant l’hiver austral. Car en effet, une persistance du virus pendant l’hiver ferait peser le risque d’une reprise épidémique de plus grande ampleur au cours de l’été austral prochain.
Niveau d’alerte du plan ORSEC : 3
Ce 27 mars 2018, le préfet de La Réunion, en concertation avec le directeur général de l’ARS océan Indien (ARS OI), a décidé d’activer le niveau 3 du dispositif spécifique ORSEC de lutte contre les arboviroses.
Le niveau d’alerte 3 correspond à une « Épidémie de faible intensité ». Il prévoit de limiter la propagation géographique de l’épidémie par la mise en œuvre d’une coordination renforcée des acteurs de la lutte contre les moustiques, le recours à des moyens supplémentaires dans les zones de circulation et le maintien des interventions sur les cas isolés.
Il fait appel à la mobilisation des collectivités locales, et particulièrement des communes et intercommunalités, au regard de leurs missions de salubrité publique et de prévention auprès de la population ; il permet de recentrer les actions de l’ARS OI sur l’adaptation de la stratégie de lutte, la programmation des actions de terrain, et l’intervention globale sur les zones de forte circulation et les cas isolés. Il s’appuie également sur d’autres partenaires comme les services du SDIS, la Croix Rouge et un ensemble d’associations impliquées dans la lutte contre les moustiques et les maladies vectorielles.
En savoir plus sur le plan ORSEC de lutte contre les arboviroses
Maintien du niveau 3 du dispositif ORSEC de lutte contre la Dengue. Epidémie de faible intensité. Le préfet de la Réunion, en concertation avec le directeur général de l'ARS Océan Indien, maintient le niveau 3 du dispositif ORSEC de lutte contre la Dengue.
Actions menées par l'ensemble des acteurs
Une épidémie de plus grande ampleur pourrait avoir des conséquences importantes pour la Réunion, à la fois en nombre de formes graves et d’hospitalisations, mais aussi d’un point de vue économique (multiplication des arrêts de travail, diminution de l’activité touristique, etc…). Aussi, l’ensemble des pouvoirs publics sont aujourd’hui mobilisés pour répondre à cette urgence sanitaire.
Renforcement des actions de lutte anti-vectorielle
L’ARS Océan Indien (ARS OI) et le Service Départemental d'Incendie et de Secours (SDIS)
Des interventions de lutte anti-vectorielle sont réalisées quotidiennement en porte-à-porte dans les quartiers touchés par la dengue. L’objectif est d’éliminer, autour du domicile des personnes ayant contracté la dengue, les moustiques vecteurs de la maladie, pour limiter la propagation du virus dans les maisons alentours :
- réalisation de traitements insecticides (pour diminuer la densité de moustiques adultes)
- destruction des gites en eau contenant des larves de moustiques.
Dans le cadre du passage en niveau 3 du dispositif ORSEC, la mobilisation de ce dispositif renforcé de lutte anti-vectorielle est mené par l’ARS OI (120 agents complétés par 29 intérimaires) et le service départemental d’incendie et de secours (40 sapeurs-pompiers volontaires).
Cette stratégie ambitieuse (près de 1500 maisons visitées chaque semaine), et en place depuis déjà de nombreuses semaines, porte manifestement ses fruits en contribuant à limiter la propagation du virus. Les résultats sont notables, notamment sur les foyers naissants de dengue ou une intervention réactive de la LAV permet bien souvent d’arrêter localement la transmission du virus.
En outre, avec le soutien du ministère des Outre-mer, 300 volontaires Service civique vont être engagés sur l’action anti vectorielle en particulier en matière de prévention et d’information des populations concernées.
Quelques chiffres-clé depuis le début de l’année :
>> zones où la circulation de la dengue a été jugée probable ou confirmée sur 18 communes
>> près de 20 740 contrôles de cours et de jardins chez des particuliers.
>> environ 3 800 maisons identifiées avec des gîtes larvaires et plus de 5 000 gîtes larvaires
éliminés
>> la réalisation de traitements insecticides de jour dans les cours et jardins de plus de
9100 maisons
>> des opérations de traitements insecticides de nuit ayant couvert près de 20 000 maisons ces 4 dernières semaines
La Croix Rouge
Des équipes de volontaires de la Croix Rouge interviennent le week-end, dans les quartiers concernés et procèdent à l’élimination des gîtes larvaires et la sensibilisation du public aux gestes de prévention.
Les opérations multi-partenariales
Des opérations multi-partenariales sont organisées à l’échelle des quartiers grâce à l’implication de nombreux acteurs :
- communes
- intercommunalités en charge de la gestion des déchets,
- associations porteuses de contrats aidés (plan ravines/lav et emplois vert),
- bailleurs sociaux, etc.
23 opérations sont actuellement mises en oeuvre dans 7 communes (Le Port, la Possession, Saint-Paul, Saint-Leu, Saint-Pierre, le Tampon, les Avirons). Le dispositif déployé dans les quartiers, se déroule sur plusieurs jours comme suit :
- Sensibilisation des habitants en porte à porte et suppression des gîtes larvaires dans les cours et jardins des particuliers avec appui, si besoin, à l’enlèvement de déchets susceptibles de retenir l’eau (encombrants, pneus…)
- Entretien et nettoyage du domaine public (élimination des dépots sauvages, élagage, nettoyage des ravines, entretien des abords des bâtiments publics, etc.)
- Collecte des déchets
Ces opérations multi-partenariales viennent compléter et conforter les actions de traitements insecticides menées par l’ARS et les pompiers du SDIS. La mise en oeuvre des gestes de prévention expliqués par des acteurs locaux implantés dans ces quartiers et la proposition de solutions immédiates par l’enlèvement et la collecte de certains déchets favorisent l’adhésion de la population et contribuent à réduire dans la durée les populations de moustiques.
Le groupement d’intérêt public – lutte anti-vectorielle (GIP-LAV)
Lors de la réunion du comité d’administration du GIP-LAV du 27 mars 2018, le préfet de La Réunion et le directeur général de l’ARS OI ont rappelé la nécessité d’une mobilisation collective et coordonnée afin d’éviter une diffusion du virus à l’ensemble de l’île. Ont été prises les décisions suivantes :
- Le renforcement des effectifs du service de lutte anti-vectorielle de l’ARS OI : recrutement de 29 agents et renforcement de l’encadrement afin d’appuyer la coordination locale des interventions des différents partenaires.
Pour en savoir plus sur le service de lutte anti-vectorielle et ses missions, télécharger la plaquette de présentation
- La mobilisation du SDIS (40 pompiers volontaires) en appui aux opérations de désinsectisation sur le secteur Ouest.
- Le renforcement des actions de salubrité publique de niveaux communal et intercommunal dans les zones de circulation virale :
- - Augmentation de la collecte des déchets dans les zones touchées par l’épidémie et à l’élimination systématique des dépôts sauvages et autres gîtes productifs.
- - Afin de maintenir les capacités d’interventions des communes, le préfet a décidé exceptionnellement, de constituer une enveloppe de 400 parcours emploi compétences (PEC) pour remplacer les contrats aidés arrivant à échéance. Ils bénéficieront d’une aide complémentaire de l’ARS OI, et d’un renforcement du financement Etat, portant le taux de prise en charge à 70% pour diminuer le reste à charge des communes.
- - Pour renforcer les actions ciblées sur les principaux foyers actifs, une réserve complémentaire de 200 parcours emploi compétences (PEC) pourra être mobilisée par les communes, sur ciblage et soutien financier de la préfecture et de l’ARS.
- Le contrôle hebdomadaire et la suppression des gîtes larvaires dans l’enceinte des bâtiments communaux, crèches, écoles, collèges, lycées, sous la responsabilité des collectivités locales.
- Un plan de communication assurant l’information et la mobilisation de la population sur les gestes de prévention.
L’ensemble de ces interventions contribuent à freiner la dynamique épidémique et probablement à éviter une épidémie plus importante. Mais ces actions ne peuvent être pleinement efficaces que si elles s’accompagnent aussi d’une prise de conscience forte de l’ensemble de la population pour la mise en œuvre des gestes de prévention : élimination des gîtes larvaires et protection contre les piqures de moustiques.
Opérations de démoustication par l’ARS Océan Indien
Les opérations de démoustications sont réalisées autour des personnes malades signalées par les médecins. L’objectif est de réduire les populations de moustiques adultes mais également d’éliminer des moustiques susceptibles de s’être infectés en piquant des malades. Ce sont ces derniers qui une fois infectés transmettront le virus de la dengue à chaque nouvelle piqûre tout au long de leur vie (1 mois). Ces opérations de traitement sont donc nécessaires pour lutter contre l’épidémie de dengue. Au vu de la situation épidémiologique, elles sont désormais programmées comme suit :
- Traitements de nuits dans les zones les plus actives
Les équipes de l’ARS Océan Indien ne feront plus d’intervention de jour dans les zones de circulation virale les plus actives de l’île. Ainsi, en complément des opérations de sensibilisation et d’élimination des gîtes larvaires mises en œuvre par les communes, les associations et les intercommunalités, les opérations de pulvérisation spatiale de nuit vont être renforcées dans ces zones. Tous les habitants des zones concernées seront informés par un avis de démoustication distribué dans leur boîte aux lettres avec les recommandations à suivre avant et après le traitement.
Télécharger la carte des interventions de ces dernières semaines
- Traitements de jour et intervention en porte-à-porte
Dans les zones moins étendues ou peu impactées, les traitements en porte à porte de jour restent privilégiés :
- - Foyers émergents : les interventions en porte-à-porte et les traitements de jour sont réalisés sur une zone d’intervention plus large regroupant plusieurs cas. Ces opérations sont réalisées par les équipes de l’ARS OI renforcées par les équipes du SDIS sur la commune de Saint-Paul.
- - Cas isolés et/ou localisés dans de nouveaux quartiers : les équipes de l’ARS OI interviennent dans les jours suivants le signalement du médecin ou du laboratoire, en réalisant des opérations systématiques en porte-à-porte de sensibilisation, élimination des gîtes larvaires et des traitements des cours et jardins en journée.
Ces actions ne sont pleinement efficaces que si elles s’accompagnent d’une mobilisation collective : protection individuelle contre les piqûres de moustiques et élimination des gîtes larvaires :
- En l’absence d’élimination régulière des gîtes larvaires les quartiers sont très vite recolonisés par les moustiques. En effet, il faut moins d’une semaine entre la ponte d’un moustique et l’émergence de nouveaux adultes. Or, on estime qu’un moustique pond en moyenne 70 œufs par ponte.
- En l’absence d’utilisation de moyens de protection personnelle comme les répulsifs, de nouveaux moustiques sont susceptibles d’être infectés et ce qui permet le maintien de chaines de transmission dans le quartier.
Recommandations à la population
Le moustique Aedes albopictus ou moustique tigre, vecteur de la dengue, se déplace très peu. Il pond et se multiplie principalement autour des habitations : vases, pots, soucoupes, déchets divers… (appelés gites larvaires).
Les équipes de l’ARS OI constatent la présence régulière de gîtes larvaires dans les quartiers concernés et ce, malgré leurs passages répétés.
Les actions engagées par les pouvoirs publics pour contrer la propagation de la dengue ne peuvent être pleinement efficaces que si la population s’implique également dans la lutte contre les moustiques, en supprimant les sources de moustiques.
Les bons gestes à adopter !
- Eliminer les gîtes larvaires
- Se protéger des piqûres de moustiques
- Consulter rapidement un médecin
Ces recommandations s’adressent à tous les habitants de l’île de La Réunion et plus particulièrement :
- aux habitants vivant dans les quartiers où le virus circule actuellement.
- aux personnes devant se déplacer dans ces quartiers
Il est rappelé que, par arrêté préfectoral, les propriétaires, locataires, exploitants ou occupants ont obligation de se conformer aux prescriptions des agents chargés de la lutte anti-vectorielle et d’éliminer, sur les terrains placés sous leur responsabilité, tout objet ou situation susceptible de favoriser la rétention d’eau.
Un numéro vert pour vous informer
Ce numéro vert reste à votre disposition pour des compléments d’informations sur :
- Les moustiques,
- La dengue,
- Les conseils de prévention,
- Les modalités d’intervention.
N° Vert: 0800 110 000 (Appel gratuit depuis un poste fixe)
Informations aux voyageurs
Vous arrivez à la réunion où une épidémie de dengue est en cours
Protégez-vous des piqûres de moustiques durant tout votre séjour et à votre retour par l’utilisation de :
• répulsifs,
• diffuseurs,
• vêtements longs,
• moustiquaires.
En cas d’apparition de symptômes consultez immédiatement un médecin.
Rappel des symptômes :
• Fièvre
• Éruption cutanée
• Maux de tête
• Douleurs musculaires et/ou articulaires
• Sensation de fatigue
Même en l’absence de symptômes, vous êtes peut-être porteur de cette maladie et risquez d’être à l’origine de sa propagation.
Vous quittez la réunion où une épidémie de dengue est en cours
En cas d’apparition de symptômes consultez immédiatement un médecin.
Rappel des symptômes :
• Fièvre
• Éruption cutanée
• Maux de tête
• Douleurs musculaires et/ou articulaires
• Sensation de fatigue
Protégez-vous des piqûres de moustiques pendant une semaine à votre retour.
Même en l’absence de symptômes, vous êtes peut-être porteur de cette maladie et risquez d’être à l’origine de sa propagation.
Informations aux professionnels de santé
Dans le contexte actuel d’épidémie de dengue, la mobilisation des médecins est indispensable pour signaler tout cas suspect et rappeler aux patients les gestes de prévention.
Le signalement systématique de tout nouveau cas est essentiel au dispositif de surveillance et de lutte car il permet d’identifier les zones où le virus circule et d’y orienter les actions de lutte anti-vectorielle menées par les services de l’ARS OI et du SDIS, en lien avec les communes concernées.
Aussi, les médecins généralistes sont encouragés à continuer de prescrire à leurs patients qui présenteraient des symptômes évocateurs de la dengue, une analyse biologique à réaliser en laboratoire de ville pour confirmation de la maladie.
La Cire Océan Indien (Santé Publique France) a élaboré, en partenariat avec l’ARS Océan Indien et les infectiologues et biologistes du CHU de la Réunion et CHM de Mayotte, une notice d’informations récapitulant les informations essentielles à une prise en charge efficace des patients :
- Signes cliniques et évolution,
- Diagnostic,
- Conduite à tenir,
- Signalement des cas,
- Gestes de prévention à rappeler aux patients
Source: ARS OI. Le 04/06/2018.
L’épidémie de dengue qui sévit actuellement à La Réunion, se poursuit dans l’ouest et le sud. Depuis le début de l’année 2018, 3 756 cas de dengue ont été confirmés. La mobilisation de tous est indispensable pour lutter contre les moustiques, vecteurs de la dengue.
Le nombre de cas signalés cette semaine diminue légèrement mais confirme la poursuite de l’épidémie dans l’ouest et le sud. Malgré l’entrée dans l’hiver austral, les conditions météorologiques actuelles restent encore favorables aux moustiques vecteurs de la dengue. L’objectif est de stopper la circulation du virus durant l’hiver afin d’éviter une épidémie d’ampleur au cours de l’été prochain. Aussi, les autorités sanitaires appellent la population à continuer à se mobiliser aux côtés de l’ensemble des acteurs : ne laissons pas la dengue passer l’hiver, ensemble, luttons contre les moustiques !
La Dengue, une maladie transmise par les moustiques
La dengue est une maladie transmise par les piqûres du moustique tigre, Aedes albopictus. Elle se caractérise par une fièvre d’apparition brutale accompagnée d’un ou plusieurs autres symptômes :
-maux de tête,
-douleurs articulaires et/ou musculaires,
-sensation de grande fatigue
-éruptions cutanées.
Cette maladie n’est pas à prendre à la légère. En effet, dans 2 à 4% des cas, il peut y avoir évolution vers une forme sévère (2 à 5 jours après le début des symptômes). Le patient peut alors développer des signes de gravité tels que :
-des formes hémorragiques
-des atteintes hépatiques (foie)
-des défaillances cardio-vasculaires
-des formes de détresse respiratoires (essoufflement)
-des vomissements et/ou un refus de s’alimenter chez l’enfant
En fonction de l’état du patient, l’évolution peut être fatale. Enfin, dans de rares cas, la transmission de la mère à l’enfant est possible.
Une épidémie de plus grande ampleur pourrait avoir des conséquences importantes pour la Réunion, à la fois en nombre de formes graves et d’hospitalisations, voire de décès, mais aussi d’un point de vue économique (multiplication des arrêts de travail, diminution de l’activité touristique, etc…).
Aussi, l’ensemble des pouvoirs publics sont aujourd’hui mobilisés pour répondre à cette urgence sanitaire, mais leur action ne peut être pleinement efficace que si elle s’accompagne aussi d’une prise de conscience forte de l’ensemble de la population.
Situation épidémiologique : zones concernées & chiffres-clé
Situation au 29 mai 2018
Du 14 au 20 mai (données de la semaine dernière en cours de consolidation), 297 cas de dengue ont été diagnostiqués. Au total depuis le début de l’année 2018, 3756 cas autochtones de dengue ont été signalés, résidant majoritairement dans les communes suivantes :
- L’ouest : Saint-Paul (56% des cas), Le Port (9%), Saint-Leu (6%) et la Possession (6%)
- Le sud : majoritairement à Saint-Pierre (11%).
Les autres communes où des cas ont été identifiés en 2018 sont les suivantes :
- Saint Louis (102 cas),
- Saint-Denis (81 cas),
- Le Tampon (62 cas),
- L’Etang-Salé (44 cas),
- Saint- Joseph (31 cas),
- Les Avirons (22 cas),
- Trois-Bassins (22 cas),
- Petite Ile (10 cas),
- Saint-André (8 cas).
Depuis le début de l’année, 79 cas de dengue ont été hospitalisés (dont 10 personnes pour dengue sévère).
Carte de répartition des cas de dengue à La Réunion
(données de la Cire OI, Santé Publique France)
Quel risque pour les semaines à venir ?
Malgré l’entrée dans l’hiver austral, le nombre de signalements hebdomadaires reste élevé et les conditions météorologiques actuelles restent favorables aux moustiques vecteurs de la dengue. L’objectif sera de maintenir dans les prochaines semaines la mobilisation de tous pour espérer arrêter la circulation du virus durant l’hiver austral. Car en effet, une persistance du virus pendant l’hiver ferait peser le risque d’une reprise épidémique de plus grande ampleur au cours de l’été austral prochain.
Niveau d’alerte du plan ORSEC : 3
Ce 27 mars 2018, le préfet de La Réunion, en concertation avec le directeur général de l’ARS océan Indien (ARS OI), a décidé d’activer le niveau 3 du dispositif spécifique ORSEC de lutte contre les arboviroses.
Le niveau d’alerte 3 correspond à une « Épidémie de faible intensité ». Il prévoit de limiter la propagation géographique de l’épidémie par la mise en œuvre d’une coordination renforcée des acteurs de la lutte contre les moustiques, le recours à des moyens supplémentaires dans les zones de circulation et le maintien des interventions sur les cas isolés.
Il fait appel à la mobilisation des collectivités locales, et particulièrement des communes et intercommunalités, au regard de leurs missions de salubrité publique et de prévention auprès de la population ; il permet de recentrer les actions de l’ARS OI sur l’adaptation de la stratégie de lutte, la programmation des actions de terrain, et l’intervention globale sur les zones de forte circulation et les cas isolés. Il s’appuie également sur d’autres partenaires comme les services du SDIS, la Croix Rouge et un ensemble d’associations impliquées dans la lutte contre les moustiques et les maladies vectorielles.
En savoir plus sur le plan ORSEC de lutte contre les arboviroses
Maintien du niveau 3 du dispositif ORSEC de lutte contre la Dengue. Epidémie de faible intensité. Le préfet de la Réunion, en concertation avec le directeur général de l'ARS Océan Indien, maintient le niveau 3 du dispositif ORSEC de lutte contre la Dengue.
Actions menées par l'ensemble des acteurs
Une épidémie de plus grande ampleur pourrait avoir des conséquences importantes pour la Réunion, à la fois en nombre de formes graves et d’hospitalisations, mais aussi d’un point de vue économique (multiplication des arrêts de travail, diminution de l’activité touristique, etc…). Aussi, l’ensemble des pouvoirs publics sont aujourd’hui mobilisés pour répondre à cette urgence sanitaire.
Renforcement des actions de lutte anti-vectorielle
L’ARS Océan Indien (ARS OI) et le Service Départemental d'Incendie et de Secours (SDIS)
Des interventions de lutte anti-vectorielle sont réalisées quotidiennement en porte-à-porte dans les quartiers touchés par la dengue. L’objectif est d’éliminer, autour du domicile des personnes ayant contracté la dengue, les moustiques vecteurs de la maladie, pour limiter la propagation du virus dans les maisons alentours :
- réalisation de traitements insecticides (pour diminuer la densité de moustiques adultes)
- destruction des gites en eau contenant des larves de moustiques.
Dans le cadre du passage en niveau 3 du dispositif ORSEC, la mobilisation de ce dispositif renforcé de lutte anti-vectorielle est mené par l’ARS OI (120 agents complétés par 29 intérimaires) et le service départemental d’incendie et de secours (40 sapeurs-pompiers volontaires).
Cette stratégie ambitieuse (près de 1500 maisons visitées chaque semaine), et en place depuis déjà de nombreuses semaines, porte manifestement ses fruits en contribuant à limiter la propagation du virus. Les résultats sont notables, notamment sur les foyers naissants de dengue ou une intervention réactive de la LAV permet bien souvent d’arrêter localement la transmission du virus.
En outre, avec le soutien du ministère des Outre-mer, 300 volontaires Service civique vont être engagés sur l’action anti vectorielle en particulier en matière de prévention et d’information des populations concernées.
Quelques chiffres-clé depuis le début de l’année :
>> zones où la circulation de la dengue a été jugée probable ou confirmée sur 18 communes
>> près de 20 740 contrôles de cours et de jardins chez des particuliers.
>> environ 3 800 maisons identifiées avec des gîtes larvaires et plus de 5 000 gîtes larvaires
éliminés
>> la réalisation de traitements insecticides de jour dans les cours et jardins de plus de
9100 maisons
>> des opérations de traitements insecticides de nuit ayant couvert près de 20 000 maisons ces 4 dernières semaines
La Croix Rouge
Des équipes de volontaires de la Croix Rouge interviennent le week-end, dans les quartiers concernés et procèdent à l’élimination des gîtes larvaires et la sensibilisation du public aux gestes de prévention.
Les opérations multi-partenariales
Des opérations multi-partenariales sont organisées à l’échelle des quartiers grâce à l’implication de nombreux acteurs :
- communes
- intercommunalités en charge de la gestion des déchets,
- associations porteuses de contrats aidés (plan ravines/lav et emplois vert),
- bailleurs sociaux, etc.
23 opérations sont actuellement mises en oeuvre dans 7 communes (Le Port, la Possession, Saint-Paul, Saint-Leu, Saint-Pierre, le Tampon, les Avirons). Le dispositif déployé dans les quartiers, se déroule sur plusieurs jours comme suit :
- Sensibilisation des habitants en porte à porte et suppression des gîtes larvaires dans les cours et jardins des particuliers avec appui, si besoin, à l’enlèvement de déchets susceptibles de retenir l’eau (encombrants, pneus…)
- Entretien et nettoyage du domaine public (élimination des dépots sauvages, élagage, nettoyage des ravines, entretien des abords des bâtiments publics, etc.)
- Collecte des déchets
Ces opérations multi-partenariales viennent compléter et conforter les actions de traitements insecticides menées par l’ARS et les pompiers du SDIS. La mise en oeuvre des gestes de prévention expliqués par des acteurs locaux implantés dans ces quartiers et la proposition de solutions immédiates par l’enlèvement et la collecte de certains déchets favorisent l’adhésion de la population et contribuent à réduire dans la durée les populations de moustiques.
Le groupement d’intérêt public – lutte anti-vectorielle (GIP-LAV)
Lors de la réunion du comité d’administration du GIP-LAV du 27 mars 2018, le préfet de La Réunion et le directeur général de l’ARS OI ont rappelé la nécessité d’une mobilisation collective et coordonnée afin d’éviter une diffusion du virus à l’ensemble de l’île. Ont été prises les décisions suivantes :
- Le renforcement des effectifs du service de lutte anti-vectorielle de l’ARS OI : recrutement de 29 agents et renforcement de l’encadrement afin d’appuyer la coordination locale des interventions des différents partenaires.
Pour en savoir plus sur le service de lutte anti-vectorielle et ses missions, télécharger la plaquette de présentation
- La mobilisation du SDIS (40 pompiers volontaires) en appui aux opérations de désinsectisation sur le secteur Ouest.
- Le renforcement des actions de salubrité publique de niveaux communal et intercommunal dans les zones de circulation virale :
- - Augmentation de la collecte des déchets dans les zones touchées par l’épidémie et à l’élimination systématique des dépôts sauvages et autres gîtes productifs.
- - Afin de maintenir les capacités d’interventions des communes, le préfet a décidé exceptionnellement, de constituer une enveloppe de 400 parcours emploi compétences (PEC) pour remplacer les contrats aidés arrivant à échéance. Ils bénéficieront d’une aide complémentaire de l’ARS OI, et d’un renforcement du financement Etat, portant le taux de prise en charge à 70% pour diminuer le reste à charge des communes.
- - Pour renforcer les actions ciblées sur les principaux foyers actifs, une réserve complémentaire de 200 parcours emploi compétences (PEC) pourra être mobilisée par les communes, sur ciblage et soutien financier de la préfecture et de l’ARS.
- Le contrôle hebdomadaire et la suppression des gîtes larvaires dans l’enceinte des bâtiments communaux, crèches, écoles, collèges, lycées, sous la responsabilité des collectivités locales.
- Un plan de communication assurant l’information et la mobilisation de la population sur les gestes de prévention.
L’ensemble de ces interventions contribuent à freiner la dynamique épidémique et probablement à éviter une épidémie plus importante. Mais ces actions ne peuvent être pleinement efficaces que si elles s’accompagnent aussi d’une prise de conscience forte de l’ensemble de la population pour la mise en œuvre des gestes de prévention : élimination des gîtes larvaires et protection contre les piqures de moustiques.
Opérations de démoustication par l’ARS Océan Indien
Les opérations de démoustications sont réalisées autour des personnes malades signalées par les médecins. L’objectif est de réduire les populations de moustiques adultes mais également d’éliminer des moustiques susceptibles de s’être infectés en piquant des malades. Ce sont ces derniers qui une fois infectés transmettront le virus de la dengue à chaque nouvelle piqûre tout au long de leur vie (1 mois). Ces opérations de traitement sont donc nécessaires pour lutter contre l’épidémie de dengue. Au vu de la situation épidémiologique, elles sont désormais programmées comme suit :
- Traitements de nuits dans les zones les plus actives
Les équipes de l’ARS Océan Indien ne feront plus d’intervention de jour dans les zones de circulation virale les plus actives de l’île. Ainsi, en complément des opérations de sensibilisation et d’élimination des gîtes larvaires mises en œuvre par les communes, les associations et les intercommunalités, les opérations de pulvérisation spatiale de nuit vont être renforcées dans ces zones. Tous les habitants des zones concernées seront informés par un avis de démoustication distribué dans leur boîte aux lettres avec les recommandations à suivre avant et après le traitement.
Télécharger la carte des interventions de ces dernières semaines
- Traitements de jour et intervention en porte-à-porte
Dans les zones moins étendues ou peu impactées, les traitements en porte à porte de jour restent privilégiés :
- - Foyers émergents : les interventions en porte-à-porte et les traitements de jour sont réalisés sur une zone d’intervention plus large regroupant plusieurs cas. Ces opérations sont réalisées par les équipes de l’ARS OI renforcées par les équipes du SDIS sur la commune de Saint-Paul.
- - Cas isolés et/ou localisés dans de nouveaux quartiers : les équipes de l’ARS OI interviennent dans les jours suivants le signalement du médecin ou du laboratoire, en réalisant des opérations systématiques en porte-à-porte de sensibilisation, élimination des gîtes larvaires et des traitements des cours et jardins en journée.
Ces actions ne sont pleinement efficaces que si elles s’accompagnent d’une mobilisation collective : protection individuelle contre les piqûres de moustiques et élimination des gîtes larvaires :
- En l’absence d’élimination régulière des gîtes larvaires les quartiers sont très vite recolonisés par les moustiques. En effet, il faut moins d’une semaine entre la ponte d’un moustique et l’émergence de nouveaux adultes. Or, on estime qu’un moustique pond en moyenne 70 œufs par ponte.
- En l’absence d’utilisation de moyens de protection personnelle comme les répulsifs, de nouveaux moustiques sont susceptibles d’être infectés et ce qui permet le maintien de chaines de transmission dans le quartier.
Recommandations à la population
Le moustique Aedes albopictus ou moustique tigre, vecteur de la dengue, se déplace très peu. Il pond et se multiplie principalement autour des habitations : vases, pots, soucoupes, déchets divers… (appelés gites larvaires).
Les équipes de l’ARS OI constatent la présence régulière de gîtes larvaires dans les quartiers concernés et ce, malgré leurs passages répétés.
Les actions engagées par les pouvoirs publics pour contrer la propagation de la dengue ne peuvent être pleinement efficaces que si la population s’implique également dans la lutte contre les moustiques, en supprimant les sources de moustiques.
Les bons gestes à adopter !
- Eliminer les gîtes larvaires
- Se protéger des piqûres de moustiques
- Consulter rapidement un médecin
Ces recommandations s’adressent à tous les habitants de l’île de La Réunion et plus particulièrement :
- aux habitants vivant dans les quartiers où le virus circule actuellement.
- aux personnes devant se déplacer dans ces quartiers
Il est rappelé que, par arrêté préfectoral, les propriétaires, locataires, exploitants ou occupants ont obligation de se conformer aux prescriptions des agents chargés de la lutte anti-vectorielle et d’éliminer, sur les terrains placés sous leur responsabilité, tout objet ou situation susceptible de favoriser la rétention d’eau.
Un numéro vert pour vous informer
Ce numéro vert reste à votre disposition pour des compléments d’informations sur :
- Les moustiques,
- La dengue,
- Les conseils de prévention,
- Les modalités d’intervention.
N° Vert: 0800 110 000 (Appel gratuit depuis un poste fixe)
Informations aux voyageurs
Vous arrivez à la réunion où une épidémie de dengue est en cours
Protégez-vous des piqûres de moustiques durant tout votre séjour et à votre retour par l’utilisation de :
• répulsifs,
• diffuseurs,
• vêtements longs,
• moustiquaires.
En cas d’apparition de symptômes consultez immédiatement un médecin.
Rappel des symptômes :
• Fièvre
• Éruption cutanée
• Maux de tête
• Douleurs musculaires et/ou articulaires
• Sensation de fatigue
Même en l’absence de symptômes, vous êtes peut-être porteur de cette maladie et risquez d’être à l’origine de sa propagation.
Vous quittez la réunion où une épidémie de dengue est en cours
En cas d’apparition de symptômes consultez immédiatement un médecin.
Rappel des symptômes :
• Fièvre
• Éruption cutanée
• Maux de tête
• Douleurs musculaires et/ou articulaires
• Sensation de fatigue
Protégez-vous des piqûres de moustiques pendant une semaine à votre retour.
Même en l’absence de symptômes, vous êtes peut-être porteur de cette maladie et risquez d’être à l’origine de sa propagation.
Informations aux professionnels de santé
Dans le contexte actuel d’épidémie de dengue, la mobilisation des médecins est indispensable pour signaler tout cas suspect et rappeler aux patients les gestes de prévention.
Le signalement systématique de tout nouveau cas est essentiel au dispositif de surveillance et de lutte car il permet d’identifier les zones où le virus circule et d’y orienter les actions de lutte anti-vectorielle menées par les services de l’ARS OI et du SDIS, en lien avec les communes concernées.
Aussi, les médecins généralistes sont encouragés à continuer de prescrire à leurs patients qui présenteraient des symptômes évocateurs de la dengue, une analyse biologique à réaliser en laboratoire de ville pour confirmation de la maladie.
La Cire Océan Indien (Santé Publique France) a élaboré, en partenariat avec l’ARS Océan Indien et les infectiologues et biologistes du CHU de la Réunion et CHM de Mayotte, une notice d’informations récapitulant les informations essentielles à une prise en charge efficace des patients :
- Signes cliniques et évolution,
- Diagnostic,
- Conduite à tenir,
- Signalement des cas,
- Gestes de prévention à rappeler aux patients
Source: ARS OI. Le 04/06/2018.