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lundi 26 mars 2018
L'épidémie de Dengue qui frappe la Réunion avec près de 500 cas risque de prendre de l'ampleur.
Les deux cas avérés à Mayotte nécessitent une prudence redoublée prévient l'ARS Océan Indien. Nous avons fait le point avec le Dr Chieze, directeur de la veille sanitaire à l'ARS OI.
Le JDM : On parle de la dengue, peut-on d’abord rappeler ce dont il s’agit exactement ?
Docteur François Chieze : « C’est une maladie virale qui est transmise par les moustiques tigres ou par l’Aedes aegypti, qu’on trouve en Afrique et à Mayotte mais pas à la Réunion. La piqûre génère une maladie qui s’appelle la dengue. Au bout de quelques jours après la piqûre, le virus génère un syndrome fébrile avec une forte fièvre et des symptômes classiques de douleurs musculaires, articulaires, rétro-orbitaires (douleurs derrière l’oeil), des céphalées (maux de tête) et des troubles digestifs, voire une éruption cutanée avec des boutons assez caractéristiques. Tout ça, c’est dans 98% des cas. Dans 2% à 3% des cas, on constate des formes hémorragiques, avec des saignements au niveau des dents, qui nécessitent un traitement en raison de troubles de la coagulation. Mais c’est assez rare dans la zone Océan Indien. La maladie a toutefois généré 12 hospitalisations l’année dernière, et autant cette année. Cela signifie qu’il est indispensable de consulter quand c’est possible. Ca dure de 7 à 8 jours, puis on est assez fatigué pendant environ 10 jours. Il n’y a pas de signe clinique qui dure comme avec le Chikungunya. Quand c’est fini, c’est fini. »
Quel est l’utilité de la consultation ?
« Consulter est important pour le patient, mais aussi pour éradiquer la maladie en envoyant la lutte antivectorielle. A partir du moment où on a un diagnostic, on peut se déplacer là où la personne réside. Sachant que le moustique a une amplitude de vol de 100 à 200 mètres, selon le moustique. Pour l’Aegypti qu’on trouve à Mayotte, c’est 200 mètres. »
La maladie se transmet-elle d’homme à homme ?
« Jamais de transmission inter-humaine. Toujours par la piqûre des moustiques femelles qui en ont besoin pour leur oeufs. Elles pondent à chaque fois 70 oeufs. Le moustique mâle lui, ne pique pas. Cette information est important pour la recherche sur la stérilisation des moustiques, si on peut stériliser les mâles, il n’y a plus de prolifération. En outre, il n’y a pas de risque de transmission mère-enfant pendant la grossesse. »
Quelle est la situation de l’épidémie à la Réunion ?
« A la Réunion, on a eu d’abord une circulation l’année dernière de 94 cas autochtones. Elle a commencé en avril et ne s’est pas arrêtée pendant l’hiver austral. Cela ne s’était pas produit depuis 2005-2006 avec le « chick ». Le fait qu’il n’y ait pas eu d’arrêt permet d’expliquer le nombre de cas depuis 2018 qui est de 434 cas, soit 528 cas cumulés. Et il y en a sûrement une cinquantaine de plus depuis le dernier décompte qui date d’il y a deux jours. »
La maladie est-elle présente à Mayotte ?
« Il y a des cas sur le territoire mahorais. Les deux cas sont une mère et sa fille qui ont été contaminés à La Réunion et diagnostiqués jeudi 15 mars au CHM. La lutte anti-vectorielle (insecticides) a pu éradiquer les moustiques autour de la zone où ces personnes résident à Kawéni. Elle est repassée il y a deux jours pour en remettre une couche. On a aussi un cas suspect dans le centre de l’île qu’on est en train de vérifier au CHM, il faut des analyses précises pour faire la différence avec la leptospirose par exemple. »
Si elles ont contracté la maladie à La Réunion, pourquoi était-il nécessaire d’intervenir sur les moustiques à Kawéni ?
« C’est une très bonne question. Rien n’empêche un moustique de piquer une personne contaminée et transmettre le virus. C’est comme ça que l’épidémie se développe. La maladie se transmet par le moustique, mais le vecteur, c’est le patient, le déplacement de l’Homme. »
Alors comment empêcher son importation à Mayotte ?
« Il y a des informations dans les ports et aéroports. Il faut consulter rapidement son médecin en cas de symptomes et se protéger des piqûres pendant une dizaine de jours, en portant des vêtements longs et clairs et en utilisant moustiquaires et anti-moustiques. En complément, et c’est indispensable, il faut limiter les gîtes larvaires, ces coupelles d’eau stagnante. Plus la température est élevée, plus la prolifération est importante. Et il ne vous a pas échappé qu’il fait plus chaud que d’habitude. A la Réunion, on compte deux fois plus de moustiques que l’année dernière. Il faut donc enlever les encombrants. Les carcasses de voiture notamment sont pleines de coupelles qui se forment. La larve y a chaud et se développe encore plus vite. Cette prévention est presque aussi efficace que la lutte anti-vectorielle.
Ce qui est important, c’est de réactiver la vigilance dans la lutte contre les moustiques. On parle de la dengue, mais il y a d’autres maladies. C’est indispensable».
Source: JDM. Propos recueillis par Y.D. Le 23/03/2018.
Les deux cas avérés à Mayotte nécessitent une prudence redoublée prévient l'ARS Océan Indien. Nous avons fait le point avec le Dr Chieze, directeur de la veille sanitaire à l'ARS OI.
Le JDM : On parle de la dengue, peut-on d’abord rappeler ce dont il s’agit exactement ?
Docteur François Chieze : « C’est une maladie virale qui est transmise par les moustiques tigres ou par l’Aedes aegypti, qu’on trouve en Afrique et à Mayotte mais pas à la Réunion. La piqûre génère une maladie qui s’appelle la dengue. Au bout de quelques jours après la piqûre, le virus génère un syndrome fébrile avec une forte fièvre et des symptômes classiques de douleurs musculaires, articulaires, rétro-orbitaires (douleurs derrière l’oeil), des céphalées (maux de tête) et des troubles digestifs, voire une éruption cutanée avec des boutons assez caractéristiques. Tout ça, c’est dans 98% des cas. Dans 2% à 3% des cas, on constate des formes hémorragiques, avec des saignements au niveau des dents, qui nécessitent un traitement en raison de troubles de la coagulation. Mais c’est assez rare dans la zone Océan Indien. La maladie a toutefois généré 12 hospitalisations l’année dernière, et autant cette année. Cela signifie qu’il est indispensable de consulter quand c’est possible. Ca dure de 7 à 8 jours, puis on est assez fatigué pendant environ 10 jours. Il n’y a pas de signe clinique qui dure comme avec le Chikungunya. Quand c’est fini, c’est fini. »
Quel est l’utilité de la consultation ?
« Consulter est important pour le patient, mais aussi pour éradiquer la maladie en envoyant la lutte antivectorielle. A partir du moment où on a un diagnostic, on peut se déplacer là où la personne réside. Sachant que le moustique a une amplitude de vol de 100 à 200 mètres, selon le moustique. Pour l’Aegypti qu’on trouve à Mayotte, c’est 200 mètres. »
La maladie se transmet-elle d’homme à homme ?
« Jamais de transmission inter-humaine. Toujours par la piqûre des moustiques femelles qui en ont besoin pour leur oeufs. Elles pondent à chaque fois 70 oeufs. Le moustique mâle lui, ne pique pas. Cette information est important pour la recherche sur la stérilisation des moustiques, si on peut stériliser les mâles, il n’y a plus de prolifération. En outre, il n’y a pas de risque de transmission mère-enfant pendant la grossesse. »
Quelle est la situation de l’épidémie à la Réunion ?
« A la Réunion, on a eu d’abord une circulation l’année dernière de 94 cas autochtones. Elle a commencé en avril et ne s’est pas arrêtée pendant l’hiver austral. Cela ne s’était pas produit depuis 2005-2006 avec le « chick ». Le fait qu’il n’y ait pas eu d’arrêt permet d’expliquer le nombre de cas depuis 2018 qui est de 434 cas, soit 528 cas cumulés. Et il y en a sûrement une cinquantaine de plus depuis le dernier décompte qui date d’il y a deux jours. »
La maladie est-elle présente à Mayotte ?
« Il y a des cas sur le territoire mahorais. Les deux cas sont une mère et sa fille qui ont été contaminés à La Réunion et diagnostiqués jeudi 15 mars au CHM. La lutte anti-vectorielle (insecticides) a pu éradiquer les moustiques autour de la zone où ces personnes résident à Kawéni. Elle est repassée il y a deux jours pour en remettre une couche. On a aussi un cas suspect dans le centre de l’île qu’on est en train de vérifier au CHM, il faut des analyses précises pour faire la différence avec la leptospirose par exemple. »
Si elles ont contracté la maladie à La Réunion, pourquoi était-il nécessaire d’intervenir sur les moustiques à Kawéni ?
« C’est une très bonne question. Rien n’empêche un moustique de piquer une personne contaminée et transmettre le virus. C’est comme ça que l’épidémie se développe. La maladie se transmet par le moustique, mais le vecteur, c’est le patient, le déplacement de l’Homme. »
Alors comment empêcher son importation à Mayotte ?
« Il y a des informations dans les ports et aéroports. Il faut consulter rapidement son médecin en cas de symptomes et se protéger des piqûres pendant une dizaine de jours, en portant des vêtements longs et clairs et en utilisant moustiquaires et anti-moustiques. En complément, et c’est indispensable, il faut limiter les gîtes larvaires, ces coupelles d’eau stagnante. Plus la température est élevée, plus la prolifération est importante. Et il ne vous a pas échappé qu’il fait plus chaud que d’habitude. A la Réunion, on compte deux fois plus de moustiques que l’année dernière. Il faut donc enlever les encombrants. Les carcasses de voiture notamment sont pleines de coupelles qui se forment. La larve y a chaud et se développe encore plus vite. Cette prévention est presque aussi efficace que la lutte anti-vectorielle.
Ce qui est important, c’est de réactiver la vigilance dans la lutte contre les moustiques. On parle de la dengue, mais il y a d’autres maladies. C’est indispensable».
Source: JDM. Propos recueillis par Y.D. Le 23/03/2018.