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olivier.jouas
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vendredi 16 février 2018
Le plan de retour à l'équilibre (PRE) du Centre hospitalier universitaire (CHU) de La Réunion prévoit la suppression de 155 postes,
non-remplacés dans le cadre d'un plan de départ volontaire à la retraite et la fermeture de lits d'hospitalisation. Temps d'attente supplémentaire à l'hôpital, rendez-vous écourtés, dégradations de la qualité des soins... Certains professionnels de santé, également syndicalistes, s'inquiètent des conséquences de ce PRE sur les patients. (Photo d'illustration)
Catherine Gaud, porte-parole de la Fédération autonome de la fonction publique hospitalière de La Réunion (FAFPHR), dénonce les mesures prises par la direction. La syndicaliste, également médecin dans le service "Immunologie maladie infectieuse" au CHU Nord à Saint-Denis, regrette "l’absence de concertation" avec les médecins et les soignants dans l’élaboration du PRE. Les réductions d’effectif auront des effets sur la prise en charge médicale.
"La diminution du personnel peut faire que des injections ou des perfusions ne soient pas faites en temps ou en heure. Idem pour changer des patients âgés par exemple. Les infirmières vont gérer l’urgence dans leur service et cela va être plus difficile de s’en occuper avec les aides-soignants alors que ce sont des soins de conforts", commente-t-elle, contactée par téléphone.
Faut-il s’attendre à des temps d’attente supplémentaires pour les patients ou à des rendez-vous médicaux écourtés en cas de réduction de personnel ? "Oui, mais il y a déjà un transfert des rendez-vous du public vers le privé car il n’y a pas l’effectif nécessaire pour faire en temps et en heure les consultations nécessaires ou les examens supplémentaires. Le week-end, les urgences donnent des ordonnances pour faire des examens dans les cabinets de radiologie privés", détaille-t-elle.
La porte-parole du FAFPHR évoque des dysfonctionnements supposés déjà observés au CHU. "Des infirmiers déjà épuisés qui reçoivent des résultats de laboratoires anormaux et qui, comme ils sont débordés, oublient de transmettre des résultats car ils sont appelés sur des urgences. Ils sont parfois seul avec 20 patients. Cela peut mettre en jeu la vie des patients", ajoute-t-elle.
Dans un des services, il n’y aurait plus qu’une seule infirmière à 7 heures du matin pour prendre en charge une quinzaine de patients. "Si l’infirmière est seule avec une aide soignante, il faut être deux pour brancarder un lit. On ne peut pas laisser les patients seuls donc cela veut dire qu’un patient sera hémodialysé moins longtemps. Cela va être une perte de chance pour lui."
Le conseiller syndical de la CFDT Patrice Blanchetierre travaille lui aussi au CHU de Bellepierre comme kiné. Le professionnel de santé gère parfois 18 patients seul. Interrogé en marge du Comité technique d’établissement (CTE) ce mercredi 14 février, il évoque lui aussi la question des conséquences en cas de réduction de personnel.
"On peut se poser la question sur la prise en charge car il y déjà un sous-effectif auprès des patients. Cela peut se formaliser par des délais d’attente plus ou moins importants comme cela peut-être le cas notamment aux services des urgences qui font face à des soucis de prise en charge par défaut d’effectif", précise-t-il. Selon lui, le personnel va devoir effectuer des choix en terme de priorité.
Le syndicaliste craint un temps de prise en charge réduit. Comme c’est le cas actuellement pour lui dans son service.
La représentante du FAFPHR, Catherine Gaud insiste, elle, sur la nécessité de parler à tous les patients "mais cela n’est pas fait car les soignants en moins grand nombre vont privilégier les urgences, les soins vitaux. La qualité des soins s’altère avec moins de professionnels", poursuit-elle.
Selon ses dires, cinq infirmières du bloc opératoire vont dans le secteur privé et auraient démissionné du CHU tout comme quatre kinés. En cause : l'ambiance de travail actuelle. Des médecins se plaignent également de chercher leurs collègues pendant plus d’une heure faute d’un bip pour pouvoir les contacter. Les suppressions de postes n’auront pas de conséquences sur les urgences vitales "mais sur la qualité des soins et sur la vigilance, il y aura des risques avec la diminution du personnel ou des lits. On tire sur la corde qui ne va tarder à casser", ajoute-t-elle.
Interviewé également en marge du CTE, le directeur général du CHU Lionel Calenge revient sur les 155 suppressions de poste non-remplacés dans le cadre de départs à la retraite volontaires. "Ces réductions de poste sont des changements d’organisation. Ce PRE se fait à mon sens sans dégradation de la qualité des soins", assure-t-il.
Un avis très éloigné de celui de l’opinion de la syndicaliste de la FAFPHR et du représentant syndical de la CFDT. Pour rappel, la CFDT, la CFTC et FO continuent leur grève illimitée. Leurs organisations ont de nouveau voté contre le PRE de la direction générale ce 14 février lors d’un CTE extra-ordinaire organisé à Saint-Paul. Comme lors du précédent CTE. Ils dénoncent plusieurs points de ce plan validé le 31 janvier dernier par le Comité de la performance et de la modernisation de l’offre de soins (COPERMO).
Le plan de retour à l’équilibre de la direction prévoit d’économiser 30 millions d’euros sur 4 ans afin de résorber le déficit du CHU de l’ordre d’une quarantaine de millions d’euros. Pour rappel, le Comité interministériel de la performance et de la modernisation de l'offre de soins (COPERMO) a examiné ce mercredi 31 janvier à Paris la situation du Centre hospitalier universitaire de La Réunion (CHU).
Une décision favorable a été rendue concernant la reconstruction du bâtiment central de l'hôpital de Saint-Pierre et le plan de retour à l'équilibre. Ce PRE prévoit de faire 30 millions d'euros d'économie sur 4 ans dès cette année.
Plusieurs chefs de service et de chefs de pôle du Centre hospitalier universitaire (CHU) ont démissionné de leur fonction ce mardi 30 janvier. 34 démissions enregistrées transmises à la direction générale du CHU. Cette initiative vise à protester contre le plan de retour à l'équilibre et contre le directeur général Lionel Calenge dont les représentants du FAFPHR demandent le départ en raison du déficit actuel de l'établissement dont il serait responsable à leurs yeux.
Source: IP Reunion. Par TS. Le 16/02/2018.
non-remplacés dans le cadre d'un plan de départ volontaire à la retraite et la fermeture de lits d'hospitalisation. Temps d'attente supplémentaire à l'hôpital, rendez-vous écourtés, dégradations de la qualité des soins... Certains professionnels de santé, également syndicalistes, s'inquiètent des conséquences de ce PRE sur les patients. (Photo d'illustration)
Catherine Gaud, porte-parole de la Fédération autonome de la fonction publique hospitalière de La Réunion (FAFPHR), dénonce les mesures prises par la direction. La syndicaliste, également médecin dans le service "Immunologie maladie infectieuse" au CHU Nord à Saint-Denis, regrette "l’absence de concertation" avec les médecins et les soignants dans l’élaboration du PRE. Les réductions d’effectif auront des effets sur la prise en charge médicale.
"La diminution du personnel peut faire que des injections ou des perfusions ne soient pas faites en temps ou en heure. Idem pour changer des patients âgés par exemple. Les infirmières vont gérer l’urgence dans leur service et cela va être plus difficile de s’en occuper avec les aides-soignants alors que ce sont des soins de conforts", commente-t-elle, contactée par téléphone.
Faut-il s’attendre à des temps d’attente supplémentaires pour les patients ou à des rendez-vous médicaux écourtés en cas de réduction de personnel ? "Oui, mais il y a déjà un transfert des rendez-vous du public vers le privé car il n’y a pas l’effectif nécessaire pour faire en temps et en heure les consultations nécessaires ou les examens supplémentaires. Le week-end, les urgences donnent des ordonnances pour faire des examens dans les cabinets de radiologie privés", détaille-t-elle.
La porte-parole du FAFPHR évoque des dysfonctionnements supposés déjà observés au CHU. "Des infirmiers déjà épuisés qui reçoivent des résultats de laboratoires anormaux et qui, comme ils sont débordés, oublient de transmettre des résultats car ils sont appelés sur des urgences. Ils sont parfois seul avec 20 patients. Cela peut mettre en jeu la vie des patients", ajoute-t-elle.
Dans un des services, il n’y aurait plus qu’une seule infirmière à 7 heures du matin pour prendre en charge une quinzaine de patients. "Si l’infirmière est seule avec une aide soignante, il faut être deux pour brancarder un lit. On ne peut pas laisser les patients seuls donc cela veut dire qu’un patient sera hémodialysé moins longtemps. Cela va être une perte de chance pour lui."
Le conseiller syndical de la CFDT Patrice Blanchetierre travaille lui aussi au CHU de Bellepierre comme kiné. Le professionnel de santé gère parfois 18 patients seul. Interrogé en marge du Comité technique d’établissement (CTE) ce mercredi 14 février, il évoque lui aussi la question des conséquences en cas de réduction de personnel.
"On peut se poser la question sur la prise en charge car il y déjà un sous-effectif auprès des patients. Cela peut se formaliser par des délais d’attente plus ou moins importants comme cela peut-être le cas notamment aux services des urgences qui font face à des soucis de prise en charge par défaut d’effectif", précise-t-il. Selon lui, le personnel va devoir effectuer des choix en terme de priorité.
Le syndicaliste craint un temps de prise en charge réduit. Comme c’est le cas actuellement pour lui dans son service.
La représentante du FAFPHR, Catherine Gaud insiste, elle, sur la nécessité de parler à tous les patients "mais cela n’est pas fait car les soignants en moins grand nombre vont privilégier les urgences, les soins vitaux. La qualité des soins s’altère avec moins de professionnels", poursuit-elle.
Selon ses dires, cinq infirmières du bloc opératoire vont dans le secteur privé et auraient démissionné du CHU tout comme quatre kinés. En cause : l'ambiance de travail actuelle. Des médecins se plaignent également de chercher leurs collègues pendant plus d’une heure faute d’un bip pour pouvoir les contacter. Les suppressions de postes n’auront pas de conséquences sur les urgences vitales "mais sur la qualité des soins et sur la vigilance, il y aura des risques avec la diminution du personnel ou des lits. On tire sur la corde qui ne va tarder à casser", ajoute-t-elle.
Interviewé également en marge du CTE, le directeur général du CHU Lionel Calenge revient sur les 155 suppressions de poste non-remplacés dans le cadre de départs à la retraite volontaires. "Ces réductions de poste sont des changements d’organisation. Ce PRE se fait à mon sens sans dégradation de la qualité des soins", assure-t-il.
Un avis très éloigné de celui de l’opinion de la syndicaliste de la FAFPHR et du représentant syndical de la CFDT. Pour rappel, la CFDT, la CFTC et FO continuent leur grève illimitée. Leurs organisations ont de nouveau voté contre le PRE de la direction générale ce 14 février lors d’un CTE extra-ordinaire organisé à Saint-Paul. Comme lors du précédent CTE. Ils dénoncent plusieurs points de ce plan validé le 31 janvier dernier par le Comité de la performance et de la modernisation de l’offre de soins (COPERMO).
Le plan de retour à l’équilibre de la direction prévoit d’économiser 30 millions d’euros sur 4 ans afin de résorber le déficit du CHU de l’ordre d’une quarantaine de millions d’euros. Pour rappel, le Comité interministériel de la performance et de la modernisation de l'offre de soins (COPERMO) a examiné ce mercredi 31 janvier à Paris la situation du Centre hospitalier universitaire de La Réunion (CHU).
Une décision favorable a été rendue concernant la reconstruction du bâtiment central de l'hôpital de Saint-Pierre et le plan de retour à l'équilibre. Ce PRE prévoit de faire 30 millions d'euros d'économie sur 4 ans dès cette année.
Plusieurs chefs de service et de chefs de pôle du Centre hospitalier universitaire (CHU) ont démissionné de leur fonction ce mardi 30 janvier. 34 démissions enregistrées transmises à la direction générale du CHU. Cette initiative vise à protester contre le plan de retour à l'équilibre et contre le directeur général Lionel Calenge dont les représentants du FAFPHR demandent le départ en raison du déficit actuel de l'établissement dont il serait responsable à leurs yeux.
Source: IP Reunion. Par TS. Le 16/02/2018.