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FJ
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mardi 30 janvier 2018
"Il est devenu dangereux pour la santé de tous de consulter aux urgences adultes du CHU Sud Réunion".
C’est par cette phrase choc que le collectif des "soignants au bord du gouffre" a choisi d’interpeller la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Témoignage d’une infirmière en colère.
Au terme de deux ans de combat, Heidi (*) a décidé de tout déballer. Epaulée par deux représentants du syndicat CFTC Santé Sociaux Réunion, l’infirmière, co-signataire de la lettre des "Soignants au bord du gouffre" décrit pêle-mêle "des conditions d’accueil dégradantes pour les patients, un temps d’attente interminable, un manque d’hygiène et d’intimité, des après-soins dispensés dans les couloirs, des soignants épuisés par des vacations de 12 heures de jour comme de nuit …" "On est poussé à la maltraitance", lâche la jeune femme dans un soupir. "Il va y avoir des catastrophes, et on refuse d’en être responsable". Le collectif est né au lendemain d’un fait divers. Le 1er novembre 2016, la maman d’un bébé malade a asséné une gifle à un aide soignant avant que son mari ne brise des panneaux en plexiglas du sas d’entrée de l’hôpital. "Ce qu’on ne sait pas, c’est que peu après cet incident, et devant le manque de réactivité de la direction, une infirmière a été retrouvée au bord du gouffre (d’Etang-Salé) et ramenée discrètement aux urgences… C’est à ce moment-là qu’on a décidé qu’on ne voulait pas tous finir comme ça", explique Heidi.
Dans une lettre de quatre pages, dont des copies ont été adressées à la ministre des Outre-Mer et à une longue liste de responsables politiques, le collectif dénonce notamment des temps d’attente allant jusqu’à 14h pour les patients et un manque de personnel tellement important que certains employés sont rappelés "sur leurs repos, sur leurs congés annuels et même sur leurs congés maladies". "Dans des locaux prévus pour recevoir 85 entrées par jour, nous accueillons actuellement jusqu’à 180 patients", poursuit le collectif. "En cas d’épidémie, on n’est pas apte à recevoir la population : les lits sont collés les uns aux autres", ajoute Heidi. "Si un seul cas de peste s’était présenté aux urgences de Saint-Pierre, on déclenchait une épidémie !" Dans communiqué envoyé hier à la presse et co-signé par huit maires sudistes, le maire du Tampon André Thien-Ah-Koon, dénonce à son tour, comme en écho, "la saturation du service des urgences de Saint-Pierre, particulièrement révélatrice du manque de locaux et de personnel".
En toute logique, les conditions de travail et le manque de personnel ont eu pour effet d’augmenter le nombre de "burn-out" et d’arrêts de travail, explique la jeune femme. Pour Heidi comme pour le reste du collectif, la seule solution reste "la livraison rapide de nouveaux locaux qu’on nous promet depuis de nombreuses années et des effectifs paramédicaux et médicaux constants, de jour comme de nuit". "Nous avons des devoirs, Madame la Ministre, qui sont ceux d’assurer la continuité des soins, la sécurité et la bientraitance des patients. Nous n’avons pas les moyens de les accomplir", conclut le courrier sous forme d’appel au secours. La CFTC a réclamé à la direction de l’hôpital un comité hygiène, sécurité et conditions de travail (CHSCT) d’urgence afin d’aborder l’ensemble de ces problèmes. Si le syndicat ne s’associe pas à l’appel à la grève lancé aujourd’hui par la CFDT, il n’exclut pas un mouvement social, à moyen terme.
(*) prénom d’emprunt.
Source: Clicanoo. Par Cécile de Comarmond. Le 30/01/2018.
C’est par cette phrase choc que le collectif des "soignants au bord du gouffre" a choisi d’interpeller la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Témoignage d’une infirmière en colère.
Au terme de deux ans de combat, Heidi (*) a décidé de tout déballer. Epaulée par deux représentants du syndicat CFTC Santé Sociaux Réunion, l’infirmière, co-signataire de la lettre des "Soignants au bord du gouffre" décrit pêle-mêle "des conditions d’accueil dégradantes pour les patients, un temps d’attente interminable, un manque d’hygiène et d’intimité, des après-soins dispensés dans les couloirs, des soignants épuisés par des vacations de 12 heures de jour comme de nuit …" "On est poussé à la maltraitance", lâche la jeune femme dans un soupir. "Il va y avoir des catastrophes, et on refuse d’en être responsable". Le collectif est né au lendemain d’un fait divers. Le 1er novembre 2016, la maman d’un bébé malade a asséné une gifle à un aide soignant avant que son mari ne brise des panneaux en plexiglas du sas d’entrée de l’hôpital. "Ce qu’on ne sait pas, c’est que peu après cet incident, et devant le manque de réactivité de la direction, une infirmière a été retrouvée au bord du gouffre (d’Etang-Salé) et ramenée discrètement aux urgences… C’est à ce moment-là qu’on a décidé qu’on ne voulait pas tous finir comme ça", explique Heidi.
Dans une lettre de quatre pages, dont des copies ont été adressées à la ministre des Outre-Mer et à une longue liste de responsables politiques, le collectif dénonce notamment des temps d’attente allant jusqu’à 14h pour les patients et un manque de personnel tellement important que certains employés sont rappelés "sur leurs repos, sur leurs congés annuels et même sur leurs congés maladies". "Dans des locaux prévus pour recevoir 85 entrées par jour, nous accueillons actuellement jusqu’à 180 patients", poursuit le collectif. "En cas d’épidémie, on n’est pas apte à recevoir la population : les lits sont collés les uns aux autres", ajoute Heidi. "Si un seul cas de peste s’était présenté aux urgences de Saint-Pierre, on déclenchait une épidémie !" Dans communiqué envoyé hier à la presse et co-signé par huit maires sudistes, le maire du Tampon André Thien-Ah-Koon, dénonce à son tour, comme en écho, "la saturation du service des urgences de Saint-Pierre, particulièrement révélatrice du manque de locaux et de personnel".
En toute logique, les conditions de travail et le manque de personnel ont eu pour effet d’augmenter le nombre de "burn-out" et d’arrêts de travail, explique la jeune femme. Pour Heidi comme pour le reste du collectif, la seule solution reste "la livraison rapide de nouveaux locaux qu’on nous promet depuis de nombreuses années et des effectifs paramédicaux et médicaux constants, de jour comme de nuit". "Nous avons des devoirs, Madame la Ministre, qui sont ceux d’assurer la continuité des soins, la sécurité et la bientraitance des patients. Nous n’avons pas les moyens de les accomplir", conclut le courrier sous forme d’appel au secours. La CFTC a réclamé à la direction de l’hôpital un comité hygiène, sécurité et conditions de travail (CHSCT) d’urgence afin d’aborder l’ensemble de ces problèmes. Si le syndicat ne s’associe pas à l’appel à la grève lancé aujourd’hui par la CFDT, il n’exclut pas un mouvement social, à moyen terme.
(*) prénom d’emprunt.
Source: Clicanoo. Par Cécile de Comarmond. Le 30/01/2018.