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jeudi 5 octobre 2017
Si l'Association pour l'utilisation du rein artificiel à La Réunion (Aurar) a longtemps bénéficié d'une indifférence peu ordinaire des pouvoirs publics, il semblerait que les choses commencent à changer, l'ARS Océan Indien
a en effet fini par procéder à un "signalement" du dossier auprès des magistrats de la Chambre régionale des comptes. Cette initiative intervient dans un contexte qui tendait à devenir pesant, du fait de l'interpellation du ministre de la Santé, Agnès Buzyn, par la présidente l'association de patients Renaloo, Nathalie Mesny, qui lui a demandé d'engager sans aucun délai une enquête sur les pratiques de l'Aurar de façon à faire toute la lumière sur les potentielles irrégularités mises en exergue par le Journal de l'Ile de La Réunion. Des pratiques à mettre en parallèle avec "la situation déplorable de la prise en charge de l'insuffisance rénale terminale à La Réunion et en particulier les freins considérables dans l'accès à la greffe rénale et aux modalités de dialyse autonome", dixit Nathalie Mesny. La saisine en urgence opérée par Renaloo ce week-end auprès de la ministre a de toute évidence eu des répercussions importantes dans le secteur de la santé à l'échelon national, et la présence de la ministre de la Santé à La Réunion a sans doute concouru à décontracter l'ARS dont le directeur général, François Maury, a côtoyé la ministre tout au long de son séjour à La Réunion et à Mayotte. Alors certes, tout reste à faire, car les magistrats de la chambre régionale des comptes auront au préalable à procéder à un point de situation sur la problématique qui leur est proposée, ne serait-ce qu'en termes de compétences. Le contrôle viendra ultérieurement si les conditions nécessaires sont réunies. Mais dans l'histoire mouvementée de l'Aurar, dont les hauts dirigeants se sont fait remarquer dans une opération de "privatisation" manquée qui ressemblait fort à une captation de l'actif de l'association au profit d'intérêts privés, quand bien même les autorités de Santé s'étaient finalement opposées au transfert de l'autorisation de dialyse, de l'association à une entreprise privée, jamais on n'avait enquêté ou envisagé de le faire, sur l'Aurar et ses pratiques. En 2010, la CFDT avait pourtant porté une plainte qui stigmatisait le fait que la constellation de sociétés créées autour de l'Association Aurar, qui les finançait, rassemblait nombre d'administrateurs et dirigeants de cette même association qui y étaient directement ou indirectement intéressés. La seule Marie Rose Won Fah Hin, directrice générale étant directement associée dans les sociétés R2CM, RARTS, Faro, Santé'Form; et encore indirectement associée dans les SAS Aurar, SAS Mascasan, SAS Emerger, SAS Maydia, SAS Empar, SAS Labomega, SAS Alaos, SC R2CM… De tout ce montage savant destiné entre autres à financer la clinique Oméga, il ne reste plus que les deux sociétés civiles immobilières (SCI) Le Longose et Roses des sables (chargées des investissements immobiliers en santé) et la société par actions simplifiée (SAS) Adenium Investment (chargée des activités de formation et de nutrition)… Au-delà de la fibre business de cette association à but non lucratif qui dort sur une trésorerie de 22 millions d'euros, chiffres 2016, avec un produit d'exploitation de 44 millions d’euros, dont 41,9M€ provenant de l'activité de dialyse et 2,1M€ de la clinique Oméga, le tout donnant un résultat net global de 3,7 millions d'euros, c'est bien l'impact de ce monstre associatif sur la condition des patients réunionnais, "la situation déplorable de la prise en charge de l'insuffisance rénale terminale à La Réunion et en particulier les freins considérables dans l'accès à la greffe rénale et aux modalités de dialyse autonome" qu'il faut considérer. La dialyse est l'activité de soin rentable par excellence dans le système français, et l'Aurar, bénéficie d'un contexte extraordinairement favorable au regard de ce qui se passe en métropole. Comment expliquer que l'Aurar dispose d'autorisations de dialyse lourde aux dépens d'hôpitaux ou de cliniques auxquels on l'interdit quand cette seule activité permettrait de réduire le déficit budgétaire de certains établissements publics dont la proximité immédiate conditionne l'activité de l'association ? Saint-Benoît par exemple. Comment, dans l'Ouest, l'Aurar peut-elle se voir attribuer la dialyse sur le nouveau pôle hospitalier quand l'ARS l'avait concédée au groupe Clinifutur pour compenser l'apport de sa technicité dans des domaines d'intervention lourds, peu rentables par nature mais vitaux pour la survie des malades et l'établissement d'une carte de Santé public-privé complémentaire… Au-delà, si l'Aurar prend en charge quelque 800 patients, soit plus de 40% des dialysés de l'île, aucun ne l'étant à domicile, comment est-il possible que la greffe rénale qui représente un extraordinaire gain en santé et en liberté soit si peu pratiquée à La Réunion? Le nombre d'opérations y est ridicule, au point de mettre en péril la compétences des praticiens dont c'est la spécialité ; seuls 8% des patients sont inscrits sur une liste d'attente, sans fin, à laquelle le privé ne peut accéder par principe. La lite n'étant jamais épuisée. Et que dire des échecs malheureusement enregistrés et des dégâts humains qu'ils signifient ? Derrière le cas Aurar et ses millions, ses ambitions conquérantes déplacées, se profile un grave problème de santé publique. Que l'ARS ne peut ignorer. Et pourtant… Hier soir, l'Aurar tenait un conseil d'administration, et Philancia de même. Tout va très bien madame la marquise…
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