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mercredi 7 juin 2017
Créée en 2015 à La Réunion par Anne-Laure Morel, native de l’île, diplômée d’un doctorat en chimie physique des matériaux, Torskal est une Start-up innovante en nano-médecine.
Composée de 4 chercheurs en biochimie, chimie-physique des matériaux et en phyto-chimie, la jeune entreprise s’est donnée pour mission de développer un traitement innovant contre le cancer, en concevant des nanoparticules à partir d’espèces végétales endémiques de La Réunion, au potentiel considérable, et inscrite dans la pharmacopée française. A l’aube d’un tournant considérable pour Torskal, Anne-Laure Morel, fondatrice et directrice de Torskal, nous explique le procédé de ce traitement. Interview.
Pourriez-vous nous expliquer l’idée de votre Start-up Torskal et ce qu’elle propose en termes de traitement du cancer ?
L’idée de Torskal est de concevoir des nanoparticules pour traiter de façon différente le cancer. Une nanoparticule, c’est un tout petit objet qui fait quelques nanomètres: un milliardième de mètre. Et du fait de sa petite taille, la nanoparticule présente des propriétés physico-chimiques très intéressantes et peut interagir plus facilement parce que c’est une toute petite particule.
Le principe d’action consiste à injecter cette nanoparticule chez le patient qui ira spécifiquement cibler la zone tumorale et on applique un rayonnement infra-rouge, qui n’agresse pas la peau contrairement au rayon X, et qui permettra de détecter uniquement la nanoparticule. De ce fait, il y aura un dégagement de chaleur, une hyperthermie, qui permet d’augmenter la température de 4 à 5° et in situ, de détruire la zone tumorale. En plus de cela, cette nanoparticule permet le suivi par imagerie médicale.
En quoi est-ce un traitement innovant par rapport à la chimiothérapie par exemple ?
L’innovation réside d’une part dans le processus de destruction de la zone tumorale: on veut concevoir des agents qui sont à la fois spécifiques et qui utilisent les propriétés physiques des matériaux et non plus les propriétés chimiques. Les médicaments, la chimiothérapie classiquement employée est toxique, c’est d’ailleurs pour cette raison que les cellules tumorales sont tuées puisque c’est un poison qui est injecté, mais qui tue aussi les cellules saines. L’idée est de concevoir une alternative ou un complément à la chimiothérapie ou la radiothérapie. On appelle ces agents des agents « théranostiques »: « théra » pour thérapeutiques et « nostique » pour diagnostique. C’est l’association des deux fonctions qui ne se fait pas aujourd’hui.
L’autre innovation réside dans l’utilisation des plantes endémiques de La Réunion. On a choisi de mettre en valeur les plantes inscrites dans la pharmacopée française et endémiques de La Réunion (15 plantes réunionnaises sont inscrites dans la pharmacopée française, ndlr) dans lesquelles se trouvent des composés d’intérêts. On va extraire des molécules qui vont se substituer aux produits chimiques classiquement employés par la synthèse des nanoparticules. J’entends par là, substitution de produits toxiques. On ne va pas utiliser les propriétés biologiques de ces molécules pour lutter contre le cancer, mais plutôt leurs propriétés réductrices pour aller fabriquer les nanoparticules. C’est un procédé vert qui a été développé, qui vise à valoriser la biodiversité végétale de l’île et à s’affranchir de tout composé toxique.
Comment cela se passera pour votre Start-up Torskal. Est-ce que vous prévoyez à terme de produire des soins ?
On fait de la recherche et du développement et l’idée à terme est de faire un transfert technologique. La technologie a été brevetée en janvier 2016. Actuellement, le brevet est en train d’être étendu à d’autres pays. On se laisse encore quelques mois pour identifier les pays que l’on souhaite couvrir. A terme, on souhaite se rapprocher d’un partenariat pharmaceutique pour le développement et la commercialisation. Nous n’avons pas vocation à produire des médicaments mais plutôt à transférer cette technologie, continuer la recherche grâce à nos partenariats car nous ne travaillons pas seuls.
On est une petite équipe de 4 personnes et on compte aussi sur notre alliance avec le LCSNSA de l’Université de La Réunion, le laboratoire CSPBAT de l’Université de Paris XIII qui travaille avec nous pour toute l’optimisation de l’hyperthermie et des nanoparticules. On travaille aussi avec l’Université de l’île Maurice, avec le Groupement d’intérêt public CYROI pour le Cyclotron à La Réunion, et on travaillera bientôt avec la Chine qui semble très intéressée par ce que l’on fait.
Quelles seront pour vous les prochaines étapes ?
Si tout se passe bien, le transfert technologique aura lieu cette année. On a réalisé les tests in-vitro, actuellement on est à l’étape in-vivo: on injecte des nanoparticules sur des modèles ayant développé des cancers. On aura terminé le 30 juin, et à la suite de ça, on va lever des fonds pour réaliser le transfert technologique. Pour cela, on a déjà engagé des discussions avec un groupe allemand qui devrait produire à l’échelle industrielle les nanoparticules et les injecter à des patients. C’est notre prochaine étape: levée de fonds, transfert technologique et ensuite, de réaliser la phase clinique A chez les êtres humains. On l’espère pour 2018. Et à la suite de cela, on va chercher un partenariat industriel et pharmaceutique.
Est-ce que le traitement que vous proposez pourra un jour remplacer la chimiothérapie ?
Ce serait un peu prétentieux de notre part de dire que ce traitement va supplanter les produits pharmaceutiques utilisés pour la chimiothérapie. Ce sera plutôt une alternative ou un complément possible à la chimiothérapie. Tout dépend aussi du cancer à traiter, de la localisation de la zone tumorale. Certains patients sont également allergiques à la chimio donc ils auront cette alternative. Cela dépendra vraiment du cas et c’est pour cela aussi que l’on se rapproche de la médecine personnalisée.
J’aurais voulu remercier tous les partenaires, les Universités, les laboratoires mais aussi le FEDER et l’Europe qui se sont engagés à nos côtés, la Région Réunion également qui nous soutient depuis la création de Torskal. Il nous faut aussi remercier l’incubateur de La Réunion, la pépinière d’entreprises (CBTECH) qui nous héberge, l’agence Nexa, le réseau Outre-mer Network bien sûr, le réseau-initiative Réunion entreprendre, le comité Alizé et BPI France (Torskal a notamment été lauréat régional du concours Ilab 2015 de BPI France et a reçu le prix coup de cœur du jury du concours innovation d’OMN, ndlr).
SOURCE: outremer360.com
5 juin 2017
Pourriez-vous nous expliquer l’idée de votre Start-up Torskal et ce qu’elle propose en termes de traitement du cancer ?
L’idée de Torskal est de concevoir des nanoparticules pour traiter de façon différente le cancer. Une nanoparticule, c’est un tout petit objet qui fait quelques nanomètres: un milliardième de mètre. Et du fait de sa petite taille, la nanoparticule présente des propriétés physico-chimiques très intéressantes et peut interagir plus facilement parce que c’est une toute petite particule.
Le principe d’action consiste à injecter cette nanoparticule chez le patient qui ira spécifiquement cibler la zone tumorale et on applique un rayonnement infra-rouge, qui n’agresse pas la peau contrairement au rayon X, et qui permettra de détecter uniquement la nanoparticule. De ce fait, il y aura un dégagement de chaleur, une hyperthermie, qui permet d’augmenter la température de 4 à 5° et in situ, de détruire la zone tumorale. En plus de cela, cette nanoparticule permet le suivi par imagerie médicale.
En quoi est-ce un traitement innovant par rapport à la chimiothérapie par exemple ?
L’innovation réside d’une part dans le processus de destruction de la zone tumorale: on veut concevoir des agents qui sont à la fois spécifiques et qui utilisent les propriétés physiques des matériaux et non plus les propriétés chimiques. Les médicaments, la chimiothérapie classiquement employée est toxique, c’est d’ailleurs pour cette raison que les cellules tumorales sont tuées puisque c’est un poison qui est injecté, mais qui tue aussi les cellules saines. L’idée est de concevoir une alternative ou un complément à la chimiothérapie ou la radiothérapie. On appelle ces agents des agents « théranostiques »: « théra » pour thérapeutiques et « nostique » pour diagnostique. C’est l’association des deux fonctions qui ne se fait pas aujourd’hui.
L’autre innovation réside dans l’utilisation des plantes endémiques de La Réunion. On a choisi de mettre en valeur les plantes inscrites dans la pharmacopée française et endémiques de La Réunion (15 plantes réunionnaises sont inscrites dans la pharmacopée française, ndlr) dans lesquelles se trouvent des composés d’intérêts. On va extraire des molécules qui vont se substituer aux produits chimiques classiquement employés par la synthèse des nanoparticules. J’entends par là, substitution de produits toxiques. On ne va pas utiliser les propriétés biologiques de ces molécules pour lutter contre le cancer, mais plutôt leurs propriétés réductrices pour aller fabriquer les nanoparticules. C’est un procédé vert qui a été développé, qui vise à valoriser la biodiversité végétale de l’île et à s’affranchir de tout composé toxique.
Comment cela se passera pour votre Start-up Torskal. Est-ce que vous prévoyez à terme de produire des soins ?
On fait de la recherche et du développement et l’idée à terme est de faire un transfert technologique. La technologie a été brevetée en janvier 2016. Actuellement, le brevet est en train d’être étendu à d’autres pays. On se laisse encore quelques mois pour identifier les pays que l’on souhaite couvrir. A terme, on souhaite se rapprocher d’un partenariat pharmaceutique pour le développement et la commercialisation. Nous n’avons pas vocation à produire des médicaments mais plutôt à transférer cette technologie, continuer la recherche grâce à nos partenariats car nous ne travaillons pas seuls.
On est une petite équipe de 4 personnes et on compte aussi sur notre alliance avec le LCSNSA de l’Université de La Réunion, le laboratoire CSPBAT de l’Université de Paris XIII qui travaille avec nous pour toute l’optimisation de l’hyperthermie et des nanoparticules. On travaille aussi avec l’Université de l’île Maurice, avec le Groupement d’intérêt public CYROI pour le Cyclotron à La Réunion, et on travaillera bientôt avec la Chine qui semble très intéressée par ce que l’on fait.
Quelles seront pour vous les prochaines étapes ?
Si tout se passe bien, le transfert technologique aura lieu cette année. On a réalisé les tests in-vitro, actuellement on est à l’étape in-vivo: on injecte des nanoparticules sur des modèles ayant développé des cancers. On aura terminé le 30 juin, et à la suite de ça, on va lever des fonds pour réaliser le transfert technologique. Pour cela, on a déjà engagé des discussions avec un groupe allemand qui devrait produire à l’échelle industrielle les nanoparticules et les injecter à des patients. C’est notre prochaine étape: levée de fonds, transfert technologique et ensuite, de réaliser la phase clinique A chez les êtres humains. On l’espère pour 2018. Et à la suite de cela, on va chercher un partenariat industriel et pharmaceutique.
Est-ce que le traitement que vous proposez pourra un jour remplacer la chimiothérapie ?
Ce serait un peu prétentieux de notre part de dire que ce traitement va supplanter les produits pharmaceutiques utilisés pour la chimiothérapie. Ce sera plutôt une alternative ou un complément possible à la chimiothérapie. Tout dépend aussi du cancer à traiter, de la localisation de la zone tumorale. Certains patients sont également allergiques à la chimio donc ils auront cette alternative. Cela dépendra vraiment du cas et c’est pour cela aussi que l’on se rapproche de la médecine personnalisée.
J’aurais voulu remercier tous les partenaires, les Universités, les laboratoires mais aussi le FEDER et l’Europe qui se sont engagés à nos côtés, la Région Réunion également qui nous soutient depuis la création de Torskal. Il nous faut aussi remercier l’incubateur de La Réunion, la pépinière d’entreprises (CBTECH) qui nous héberge, l’agence Nexa, le réseau Outre-mer Network bien sûr, le réseau-initiative Réunion entreprendre, le comité Alizé et BPI France (Torskal a notamment été lauréat régional du concours Ilab 2015 de BPI France et a reçu le prix coup de cœur du jury du concours innovation d’OMN, ndlr).
SOURCE: outremer360.com
5 juin 2017