Created by
fowziajiva fowziajiva
Created
jeudi 4 mai 2017
Saint-Denis. Rebondissement dans l'enquête sur le trafic d'Artane impliquant une association de toxicomanes du Sud. Trois médecins
soupçonnés d'avoir fourni des ordonnances de complaisance pour des dizaines de milliers de cachets ont été placés hier en garde à vue.
C'est un tournant majeur dans l'enquête initiée en décembre 2015, dans la foulée du démantèlement d'un trafic de méthamphétamines dans le sud de l'île. En perquisitionnant chez la compagne d'un des suspects, les policiers de la brigade des stupéfiants avaient mis la main sur un intrigant dossier comprenant près de 500 ordonnances prescrivant d'importantes quantités d'Artane, ainsi que des dizaines de cartes vitales appartenant à des jeunes gens.
Cette Tamponnaise de 24 ans, Nathalie Hoareau, se révélait alors être la cheville ouvrière d'un juteux trafic d'Artane à l'échelle du département. À la tête d'une association de toxicomanes bidon baptisée "Aid a nou en sort a nou", elle récupérait des cartes vitales auprès de jeunes désœuvrés, grâce auxquelles elle obtenait des prescriptions pour des boîtes du médicament revendu ensuite comme stupéfiant.
Un mode opératoire qui nécessitait forcément d'impliquer des médecins. Ce que Nathalie Hoarau, mise en examen et écrouée, a rapidement reconnu devant les enquêteurs, désignant même un praticien de Saint-André comme étant à l'initiative du trafic.
Depuis, son avocate demandait sans relâche l'audition de ces docteurs. « Depuis le début, elle donne les noms des médecins impliqués. Et ils n'ont même pas encore été entendus » s'indignait encore Me Amel Khlifi-Ethève en avril dernier devant la chambre de l'instruction, dénonçant « une différence de traitement » dans ce dossier. Ce n'était donc qu'une question de temps.
Hier matin, dans le cadre de la commission rogatoire du juge saint-pierrois, trois médecins généralistes ayant leurs cabinets à Saint-André, Saint-Pierre et au Tampon ont été convoqués au commissariat de Malartic et placés en garde à vue. Confrontés aux nombreuses ordonnances saisies, ainsi qu'aux déclarations de l'animatrice du réseau, ils devaient s'expliquer sur leur rôle.
Selon la jeune femme, le médecin saint-andréen est celui qui lui aurait conseillé de monter la structure associative bidon. Elle lui apportait parfois jusqu'à vingt cartes vitales simultanément, et repartait avec ses ordonnances pour une dizaine de boîtes par carte.
Des transactions épluchées depuis des mois par les enquêteurs, qui, le nez dans les décomptes de la sécurité sociale, ont également entendu une demi-douzaine de pharmaciens chez qui Nathalie Hoareau allait se fournir.
L'ampleur du trafic, qui aurait duré près de deux ans, reste encore à établir. Selon les premières constatations, le plus actif de ces médecins avait prescrit 835 boîtes d'Artane pour 57 patients, soit 16 700 cachets. Le second médecin avait lui permis la délivrance de 18 160 comprimés, auxquels s'ajoutaient 3 160 cachets prescrits par le troisième. Mais les dernières investigations porteraient en fait sur plus de 100 000 cachets écoulés sur la période.
« On dénonce souvent les filières d'importation d'Artane malgache, mais là c'est un trafic bien réunionnais, qui a permis la distribution d'une grande quantité de drogue dans le département, avec des conséquences en termes de santé publique et de délinquance », observe une source proche de l'enquête.
Avec un tarif de revente estimé entre 6 et 8 euros le comprimé, l'affaire a généré de juteux bénéfices. Pour les praticiens, l'intérêt se situerait dans le nombre d'actes rapidement réalisés au détriment de la CGSS, mais peut-être aussi dans un pourcentage à la revente. Des dérives qui, si elles étaient vérifiées, pourraient leur valoir une radiation de l'ordre des médecins en plus d'une sanction pénale.
C'est un tournant majeur dans l'enquête initiée en décembre 2015, dans la foulée du démantèlement d'un trafic de méthamphétamines dans le sud de l'île. En perquisitionnant chez la compagne d'un des suspects, les policiers de la brigade des stupéfiants avaient mis la main sur un intrigant dossier comprenant près de 500 ordonnances prescrivant d'importantes quantités d'Artane, ainsi que des dizaines de cartes vitales appartenant à des jeunes gens.
Cette Tamponnaise de 24 ans, Nathalie Hoareau, se révélait alors être la cheville ouvrière d'un juteux trafic d'Artane à l'échelle du département. À la tête d'une association de toxicomanes bidon baptisée "Aid a nou en sort a nou", elle récupérait des cartes vitales auprès de jeunes désœuvrés, grâce auxquelles elle obtenait des prescriptions pour des boîtes du médicament revendu ensuite comme stupéfiant.
Un mode opératoire qui nécessitait forcément d'impliquer des médecins. Ce que Nathalie Hoarau, mise en examen et écrouée, a rapidement reconnu devant les enquêteurs, désignant même un praticien de Saint-André comme étant à l'initiative du trafic.
Depuis, son avocate demandait sans relâche l'audition de ces docteurs. « Depuis le début, elle donne les noms des médecins impliqués. Et ils n'ont même pas encore été entendus » s'indignait encore Me Amel Khlifi-Ethève en avril dernier devant la chambre de l'instruction, dénonçant « une différence de traitement » dans ce dossier. Ce n'était donc qu'une question de temps.
Hier matin, dans le cadre de la commission rogatoire du juge saint-pierrois, trois médecins généralistes ayant leurs cabinets à Saint-André, Saint-Pierre et au Tampon ont été convoqués au commissariat de Malartic et placés en garde à vue. Confrontés aux nombreuses ordonnances saisies, ainsi qu'aux déclarations de l'animatrice du réseau, ils devaient s'expliquer sur leur rôle.
Selon la jeune femme, le médecin saint-andréen est celui qui lui aurait conseillé de monter la structure associative bidon. Elle lui apportait parfois jusqu'à vingt cartes vitales simultanément, et repartait avec ses ordonnances pour une dizaine de boîtes par carte.
Des transactions épluchées depuis des mois par les enquêteurs, qui, le nez dans les décomptes de la sécurité sociale, ont également entendu une demi-douzaine de pharmaciens chez qui Nathalie Hoareau allait se fournir.
L'ampleur du trafic, qui aurait duré près de deux ans, reste encore à établir. Selon les premières constatations, le plus actif de ces médecins avait prescrit 835 boîtes d'Artane pour 57 patients, soit 16 700 cachets. Le second médecin avait lui permis la délivrance de 18 160 comprimés, auxquels s'ajoutaient 3 160 cachets prescrits par le troisième. Mais les dernières investigations porteraient en fait sur plus de 100 000 cachets écoulés sur la période.
« On dénonce souvent les filières d'importation d'Artane malgache, mais là c'est un trafic bien réunionnais, qui a permis la distribution d'une grande quantité de drogue dans le département, avec des conséquences en termes de santé publique et de délinquance », observe une source proche de l'enquête.
Avec un tarif de revente estimé entre 6 et 8 euros le comprimé, l'affaire a généré de juteux bénéfices. Pour les praticiens, l'intérêt se situerait dans le nombre d'actes rapidement réalisés au détriment de la CGSS, mais peut-être aussi dans un pourcentage à la revente. Des dérives qui, si elles étaient vérifiées, pourraient leur valoir une radiation de l'ordre des médecins en plus d'une sanction pénale.
Source clicanoo.re le 3/05/2107