Dans son rapport d’observations définitives, rendu public fin octobre, sur le projet de Pôle sanitaire Ouest (PSO) de La Réunion, la chambre régionale des comptes (CRC) émet de sérieux doutes sur le respect des objectifs en matière de maîtrise des charges de personnel.
Le chantier, actuellement en cours de mise en œuvre, consiste à reconstruire le CH Gabriel-Martin de Saint-Paul à proximité immédiate de l’EPSM de La Réunion, étant entendu que ces deux établissements  sont  sous  direction  commune  depuis  octobre  2015  (lire  l’encadré)  :  le  PSO  comptera 310 lits et places pour un investissement qui se chiffre à 140 millions d’euros et une ouverture attendue fin 2018 (lire notre article).

À lire le rapport de la CRC, «le maintien d’une progression à 1,6% [par an] paraît [...] peu soutenable et ne pourrait se faire qu’au prix de la maîtrise des dépenses de fonctionnement».
Pour appuyer ses dires, la chambre rappelle d’ailleurs que la croissance de la masse salariale a atteint 7,2% sur l’exercice budgétaire 2014 au lieu des 2,1% ciblés, puis 3,9% en 2015 au lieu de 1,1%.
«Ces dérapages préjugent mal d’un maintien du cap initial — sauf  à  sérieusement  diminuer  le  volume  des  remplacements»,  commente  la  CRC.  
Certes,  la direction du CH Gabriel-Martin a initié fin 2015 «un plan de maîtrise de la masse salariale incluant Le Pôle sanitaire Ouest comptera 310 lits et places.

L’investissement atteint les 140 M€.
La réorganisation managériale (horaires, cycles, plannings) et celle des services», ajoutant dans sa  réponse  au  rapport  que  cet  élément  est  pleinement  «anticipé».  

Mais  comme  l’ajoute  sitôt la  chambre,  cette  projection  ne  prend  pas  en  compte  les  éventuelles  mesures  catégorielles, comme le dégel du point d’indice dans la fonction publique et le protocole sur les parcours professionnels, les carrières et les rémunérations (PPCR) des fonctionnaires.
Raison pour laquelle, insiste-t-elle, l’hôpital se doit de poursuivre ses efforts sur la maîtrise des charges de personnel, «le cas échéant en élargissant les missions du contrôleur de gestion pour englober la responsabilité d’aide au pilotage de la masse salariale».

Le rapprochement avec l’EPSM peine à se matérialiser
Malgré une direction commune effective depuis fin 2015 entre le CH Gabriel-Martin et l’EPSM de La Réunion, «il y a peu de traces tangibles et actuelles de rapprochement dans les personnels, les méthodes et les outils», constate la chambre, selon qui «l’intégration croissante des fonctions supports entre les deux établissements n’ont pas bien fonctionné».
La CRC déplore aussi un manque d’accompagnement et d’information sur le processus de rapprochement, ce qui  n’a  pu  qu’engendrer  «la  réticence  des  personnels  et  leur  crainte  d’une  fusion-absorption dissimulée».
L’absence de dialogue a également entraîné un retard dans les rapprochements nécessaires de services administratifs. Pour la chambre, la direction commune ne peut certes que «dynamiser le processus de rapprochement» mais «de nombreuses questions [restent encore] en suspens»

Source: HOSPIMEDIA. Par Thomas Quéguiner. Le 05/12/16.