Created by
FJ
Created
mercredi 9 novembre 2016
Après la transplantation cet été aux États-Unis d’une jeune Française amputée des quatre membres, les députés viennent de voter pour la réhabilitation de ce type de greffes en France, pionnière en la matière.
Le texte est passé inaperçu. Il n’a fait l’objet d’aucune publicité. Rien, silence radio. Son nom? L’amendement 936. Il a été voté mercredi en première lecture à l’Assemblée nationale dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2017.
«L’agence régionale de santé peut, après avis conforme d’un comité national constitué à cet effet, autoriser un établissement de santé à pratiquer une activité de greffe exceptionnelle». Amendement 936 u projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2017.
Ce texte voté par le gouvernement est important, car il ressemble à une marche arrière en matière de greffes d’organes. Il ne s’agit pas ici des transplantations désormais habituelles, comme celles de rein, de poumon ou de cœur. Non, il s’agit de ce que les députés ont pudiquement appelé les greffes «d’organes ou de tissus ou de greffe composite exceptionnelle de tissus vascularisés». En un mot? Mains, membres inférieurs, visages. Le texte est important également car il sort ce type d’interventions du domaine de la recherche. «L’agence régionale de santé peut, après avis conforme d’un comité national constitué à cet effet, autoriser un établissement de santé à pratiquer une activité de greffe exceptionnelle», expose ainsi le fameux amendement.
Le gouvernement aurait-il voulu se rattraper après le départ à l’étranger d’une jeune Française en quête de mains? Le 22 août dernier, Laura, 28 ans, se faisait greffer à Philadelphie, aux États-Unis, par le Pr Scott Lewin. Elle avait été inscrite deux mois plus tôt à peine sur la liste d’attente américaine. Victime d’une septicémie dix ans auparavant qui lui avait valu une amputation des quatre membres, la jeune femme n’avait eu de cesse que de retrouver des mains. D’abord dans son pays natal, la France, pionnier dans ce domaine chirurgical d’exception. Car c’est à Lyon que fut réalisée en 1998 la première greffe de main au monde.
«Ce type de greffes ne fait pas partie du régime d’autorisation en vigueur. Cela implique pour les patients de s’inscrire dans un projet de recherche, qui ne répond pas à l’impératif d’urgence»
Le ministère de la Santé justifiant ce nouvel amendement.
Laura avait donc été inscrite sur liste d’attente en France en février 2013. Mais, en deux ans et demi, elle n’a jamais reçu le moindre appel, faute de donneur. En réalité, faute de réelle politique française pro-don. On ne demande pas toujours aux familles si elles autorisent le prélèvement des mains ou du visage de leurs proches décédés. Enfin, c’est le courrier de l’agence de biomédecine de janvier dernier qui l’a convaincue de la solution américaine: l’organisme l’informait qu’elle avait été retirée de la liste pour des raisons administratives et financières. Depuis, l’hôpital de Philadelphie a envoyé la facture de l’intervention à la France: 1,1 million de dollars. Le courrier a été adressé au ministère de la Santé, à l’ambassade de France à Washington ainsi qu’à la caisse primaire d’assurance-maladie. Une autre française, Priscilla, elle aussi amputée des quatre membres attend d’être greffée à Philadelphie par la même équipe.
Le ministère de la Santé justifie ce nouvel amendement: «Ce type de greffes ne fait pas partie du régime d’autorisation en vigueur. Cela implique pour les patients de s’inscrire dans un projet de recherche, qui ne répond pas du tout à l’impératif d’urgence, et alors même qu’il n’y a plus d’enjeux de recherche sur ces greffes qui sont pratiquées depuis 1998.» Certes. Pourquoi alors avoir attendu tout ce temps pour changer la loi?
Source: sante.lefigaro.fr. Par Anne Jouan. Le 07/11/2016.
Le texte est passé inaperçu. Il n’a fait l’objet d’aucune publicité. Rien, silence radio. Son nom? L’amendement 936. Il a été voté mercredi en première lecture à l’Assemblée nationale dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2017.
«L’agence régionale de santé peut, après avis conforme d’un comité national constitué à cet effet, autoriser un établissement de santé à pratiquer une activité de greffe exceptionnelle». Amendement 936 u projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2017.
Ce texte voté par le gouvernement est important, car il ressemble à une marche arrière en matière de greffes d’organes. Il ne s’agit pas ici des transplantations désormais habituelles, comme celles de rein, de poumon ou de cœur. Non, il s’agit de ce que les députés ont pudiquement appelé les greffes «d’organes ou de tissus ou de greffe composite exceptionnelle de tissus vascularisés». En un mot? Mains, membres inférieurs, visages. Le texte est important également car il sort ce type d’interventions du domaine de la recherche. «L’agence régionale de santé peut, après avis conforme d’un comité national constitué à cet effet, autoriser un établissement de santé à pratiquer une activité de greffe exceptionnelle», expose ainsi le fameux amendement.
Le gouvernement aurait-il voulu se rattraper après le départ à l’étranger d’une jeune Française en quête de mains? Le 22 août dernier, Laura, 28 ans, se faisait greffer à Philadelphie, aux États-Unis, par le Pr Scott Lewin. Elle avait été inscrite deux mois plus tôt à peine sur la liste d’attente américaine. Victime d’une septicémie dix ans auparavant qui lui avait valu une amputation des quatre membres, la jeune femme n’avait eu de cesse que de retrouver des mains. D’abord dans son pays natal, la France, pionnier dans ce domaine chirurgical d’exception. Car c’est à Lyon que fut réalisée en 1998 la première greffe de main au monde.
«Ce type de greffes ne fait pas partie du régime d’autorisation en vigueur. Cela implique pour les patients de s’inscrire dans un projet de recherche, qui ne répond pas à l’impératif d’urgence»
Le ministère de la Santé justifiant ce nouvel amendement.
Laura avait donc été inscrite sur liste d’attente en France en février 2013. Mais, en deux ans et demi, elle n’a jamais reçu le moindre appel, faute de donneur. En réalité, faute de réelle politique française pro-don. On ne demande pas toujours aux familles si elles autorisent le prélèvement des mains ou du visage de leurs proches décédés. Enfin, c’est le courrier de l’agence de biomédecine de janvier dernier qui l’a convaincue de la solution américaine: l’organisme l’informait qu’elle avait été retirée de la liste pour des raisons administratives et financières. Depuis, l’hôpital de Philadelphie a envoyé la facture de l’intervention à la France: 1,1 million de dollars. Le courrier a été adressé au ministère de la Santé, à l’ambassade de France à Washington ainsi qu’à la caisse primaire d’assurance-maladie. Une autre française, Priscilla, elle aussi amputée des quatre membres attend d’être greffée à Philadelphie par la même équipe.
Le ministère de la Santé justifie ce nouvel amendement: «Ce type de greffes ne fait pas partie du régime d’autorisation en vigueur. Cela implique pour les patients de s’inscrire dans un projet de recherche, qui ne répond pas du tout à l’impératif d’urgence, et alors même qu’il n’y a plus d’enjeux de recherche sur ces greffes qui sont pratiquées depuis 1998.» Certes. Pourquoi alors avoir attendu tout ce temps pour changer la loi?
Source: sante.lefigaro.fr. Par Anne Jouan. Le 07/11/2016.