La cocaïne est partout à La Réunion.
Les saisies de cocaïne à La Réunion ont augmenté ces dernières années. Un indicateur qui révèle une consommation de plus en plus importante sur l'île. Les professionnels de santé alertent sur l'ampleur du phénomène.
Les professionnels de l’addictologie de l’île attirent l’attention des autorités depuis une dizaine d’années sur la consommation de drogues dures sur le territoire. Les saisies de cocaïne ont été multipliées par huit en 6 ans. De 4 kilos en 2018, les autorités ont intercepté 34 kilos de cocaïne en 2023, contre 16 l’année précédente. Ces saisies reflètent des habitudes de consommation qui s’installent sur le territoire. Les professionnels de l’addictologie constatent un phénomène qui va crescendo et qui se répand dans toutes les sphères.
La drogue est répandue dans toutes les couches de la population locale alerte le Docteur addictologue David Mété :
“Il y a de la cocaïne partout à La Réunion, dans tous les milieux, dans les soirées saint-gilloises, dans les quartiers sensibles. Ça concerne la population réunionnaise dans son ensemble, ça concerne toutes les sphères, y compris les sphères politiques”, explique-t-il.
Vendu entre 40 et 50 le gramme dans l’Hexagone, la cocaïne coûte beaucoup plus cher sur l’île, soit environ 150 euros le gramme. Cette cocaïne est alors bien souvent mélangée à d’autres substances, de l’ammoniac ou du bicarbonate pour donner du crack et être fumé, rendant sa consommation moins coûteuse et encore plus intense et dangereuse.
Dans le service d’addictologie du Docteur Mété, la barre des 25 patients en simultané pour des problèmes liés à ce produit a été atteinte récemment. Un indicateur qui inquiète d’autant plus que les services de soin sont saturés. Dans ce même service, pour certains patients, les consommations peuvent aller jusqu’à 10 grammes par jour, ce qui implique des conséquences désastreuses à la fois sur leur santé et leur train de vie.
Outre la réponse pénale, l’addictologue prône la mise en place de moyens de prévention spécifiques à la cocaïne, pour l’heure inexistants. “Nous avons souhaité lancer une action pour faire de la prévention sur la cocaïne, la réponse a été non, non, n’en parlons surtout pas, nous allons donner de mauvaises idées à la population”, déplore le docteur.
Une crise de santé publique ?
La consommation de la cocaïne a par ailleurs explosé dans l'île ces dernières années, en lien avec l'augmentation des saisies. "Les saisies sont passées de 15 à 30 kilos entre 2022 et 2023" alertent les autorités. Un chiffre qui devrait encore augmenter cette année.
"La crise de santé publique est déjà présente à La Réunion quand on voit les statistiques sur la consommation de stupéfiants, ne serait-ce que de cannabis. Le zamal n'est pas une drogue anodine, mais si on la consomme très jeune elle peut créer des dommages importants. On voit que la crise de santé publique est là" alerte Jérôme Filippini.
"Elle sera effectivement accentuée s'il y a une consommation de cocaïne de plus en plus importante. Contrairement à ce qu'on a pu entendre à une époque, elle est extrêmement addictive et fait des dégâts" ajoute-t-il. "Il n'y a rien de festival, ou de récréatif."
Face à l'axe répressif, le procureur Olivier Clémençon appelle aussi à la sensibilisation. "Ce n'est pas juste en envoyant les gens en prison qu'on règle le problème des addictions, c'est pour cela que c'est un problème de santé publique et qu'on a besoin de toutes les forces vives de La Réunion" rappelle-t-il.
"La répression est là, mais il faut aussi que les gens décrochent. On a besoin de tout le monde, il faut lutter avec les forces de sécurité contre la criminalité, et avec la médecine pour faire de la prévention pour éviter que les jeunes tombent dans la drogue" conclut-il.
Source : https://www.zinfos974.com/ FJ