Les pharmaciennes et pharmaciens réunionnais se mobilisent le jeudi 30 MAI en se rassemblant devant la préfecture à 11h et en fermant leurs pharmacies. Une journée pharmacie « MORTE » a été décidée ce jour afin de montrer notre mécontentement à l’ETAT face aux enjeux économiques et de dérégulation que connaissent la profession. Cette journée de mobilisation nationale est relayée par l’ensemble des pharmacies de France. Des pétitions sont disponibles en pharmacie afin que les patients nous soutiennent dans notre démarche. Depuis quelques temps, le pharmacien d’officine subit les conséquences des ruptures de médicaments sur son activité quotidienne : appel du médecin, gestion du patient qu’il faut rassurer, gestion des effets indésirables. Les syndicats de pharmaciens souhaitent que l’ETAT s’implique davantage dans les solutions à apporter vis-à-vis de cette pénurie de médicaments parfois d’usage courant comme les antibiotiques, les corticoïdes, les anti-inflammatoires mais aussi d’usage chronique comme les antihypertenseurs ou les antidiabétiques oraux. La réunion a une population très touchée par les maladies chroniques et nous ne pouvons pas nous permettre de telles pénuries. La pharmacie « MORTE » c’est ce que vivent tous les jours les habitants de certaines zones rurales où les pharmacies ont fermé sans repreneur. A la Réunion, la pharmacie de GRAND ILET a fermé ses portes au mois de novembre. D’autres pharmacies risquent de fermer pour cause de départ en retraite sans repreneur. Les charges ont augmenté de 14% ces dernières années, l’inflation a augmenté. Les nouvelles missions nécessitent parfois une réorganisation du lieu de travail engendrant des coûts supplémentaires. Les pharmacies déjà fragilisées par les déserts médicaux ne tiennent pas le choc, depuis 10 ans 2000 pharmacies ont fermé en France laissant des usagers parfois faire 10 km avant de découvrir la porte ouverte d’une pharmacie. Pourtant le maillage pharmaceutique français a été le meilleur d’Europe avec des pharmacies accessibles dans les endroits les plus reculés. Aujourd’hui ce maillage dont nous sommes si fiers est en train de disparaître et nous ne pouvons pas laisser l’ETAT ne rien faire contre cela. La pharmacie de proximité disparaît au dépend de grandes structures où l’usager avant d’être un patient est un client. Et si ce n’était que cela, l’attractivité de la profession diminue depuis la réforme des études pharmaceutiques, il y a de moins en moins d’étudiants en pharmacie. Demain c’est une pénurie de pharmaciens qui pointera le bout de son nez. Nous souhaitons que l’ETAT améliore l’attractivité de nos études. Enfin, la menace de la libéralisation de la vente en ligne du médicament soulève une vague de colère dans la profession. Le pharmacien prodigue les conseils nécessaires à la délivrance des médicaments, il s’assure que le traitement soit adapté au patient et lui fait part des effets indésirables potentiels. Il est au courant de l’historique médicamenteux du patient. La libération de la vente en ligne des médicaments est le début de la mort de la pharmacie de proximité et du mésusage des médicaments. Pour finir, dans ce contexte très compliqué, les valorisations de nos honoraires proposées par l’assurance maladie ne sont pas satisfaisantes et ne nous permettent pas de trouver un accord. Ces négociations ont tardé à débuter, elles sont insuffisantes et ne permettent pas aux réseaux de faire face à ces problématiques de charges , d’inflations, de déserts médicaux .
La présidente du SPMR
LENY Sabine
Le président de l’USPO Réunion
GEIGER Laurent