Choléra : les pays touchés par l'épidémie en 2024.
Choléra à Mayotte
Depuis l'apparition d'un premier cas mi-mars, 58 autres ont été identifiés dans l'archipel et la préfecture a annoncé mercredi la mort d'un enfant de 3 ans. Le ministre de la Santé se rend sur l'île jeudi et vendredi pour faire un point de situation.
Un enfant de 3 ans est mort mercredi
Il s'agit du premier décès enregistré sur le territoire depuis la détection d'un premier cas, le 19 mars. L'enfant habitait dans le quartier de Koungou, où "plusieurs cas de choléra avaient été identifiés ces dernières semaines", explique le communiqué des autorités locales, et où l'ARS avait déployé un centre de dépistage et des unités mobiles de vaccination. "Les équipes d'intervention se sont rendues sur place pour procéder au traitement de l'entourage de l'enfant", précisent-elles.
Au micro de France Inter, la députée Liot de la première circonscription de Mayotte, Estelle Youssouffa, a déclaré mercredi qu'il est "tragique de se dire qu'un enfant est mort du choléra dans un bidonville dans un département français en 2024. Ce qui est encore plus grave, c'est qu'on l'a vu venir", déplore-t-elle. "On est toujours face à des autorités qui sont avec un temps de retard, qui minimisent", regrette l'élue. Elle a rappelé la situation sur place : "On a toujours des coupures d'eau" et "un seul hôpital avec cinq urgentistes". Un constat qui met "toute la population en danger", selon elle.
Plus de 140 000 cas de choléra ont été recensés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis début 2024. Plus de 700 000 cas avaient été signalés en 2023.
Au niveau mondial :
L'épidémie mortelle de choléra est en train de flamber, s'inquiète l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Elle touche désormais un territoire français, Mayotte, où un enfant de 3 ans est mort de cette maladie mercredi 8 mai. Les Comores, îles voisines de l'archipel français au large de l'Afrique, sont durement touchées par le choléra, comme d'autres pays, principalement africains. Franceinfo dresse l'état des lieux de l'étendue de l'épidémie dans le monde.
Selon l’OMS (en anglais), 24 pays ont enregistré de nouveaux cas de choléra depuis le début de l'année 2024. 141 900 cas ont été enregistrés, dont 25 000 pour le seul mois de mars dernier. On décompte plus de 1 700 morts depuis le début de l'année. Les pays les plus touchés par l'épidémie sont les Comores, archipel voisin de Mayotte, la République démocratique du Congo, l'Éthiopie, le Mozambique, la Somalie, la Zambie et le Zimbabwe. Et c'est l'Afghanistan qui compte le plus grand nombre de cas signalés : 33 300.
Selon les chiffres de l'OMS, plus de 700 000 cas avaient été recensés en 2023, contre 473 000 l'année précédente. Et depuis le début de l'année 2024, les contaminations n'ont pas ralenti. "La situation n'a fait qu'empirer", a déclaré le docteur Philippe Barboza, chargé du choléra et des maladies diarrhéiques à l'OMS. Depuis janvier 2023, l'agence onusienne a classé la résurgence de la maladie en catégorie 3 des urgences, soit son niveau le plus élevé.
En 2022, l'OMS avait déjà observé une accélération de la pandémie de choléra, avec un doublement du nombre de cas recensés et une augmentation du nombre de pays signalant des cas, passant de 35 en 2021 à 44 en 2022. Et l'OMS avait observé des "flambées de grande ampleur" (plus de 10 000 cas dans un pays donné) dans sept pays sur deux continents (Afghanistan, Cameroun, Malawi, Nigeria, Syrie, République démocratique du Congo et Somalie).
Vaccins et prévention
Le choléra se développe dans des environnements où l'assainissement de l'eau n'est pas garanti. Car c'est une maladie qui provient d'une bactérie transmise par de l'eau ou des aliments contaminés. Dans environ un quart des cas, elle peut être fatale en provoquant une forme aiguë de diarrhée et des vomissements, entraînant la mort en un à trois jours. Sa propagation s'aggrave à cause du réchauffement climatique, s'alarme l'OMS qui pointe aussi le manque de moyens pour lutter contre la maladie.
Face à la recrudescence des infections dans le monde, les vaccins disponibles sont insuffisants. Pour surmonter cette pénurie, L'OMS ne recommande plus qu'une dose de vaccin au lieu de deux. Elle a aussi approuvé, le 19 avril dernier, une version simplifiée d'un vaccin oral contre le choléra, ce qui devrait permettre d'augmenter la production totale de ces sérums. De vastes campagnes de dépistage sont aussi organisées dans les pays touchés. Mais pour l’OMS, "l’eau potable, l’assainissement et l’hygiène sont les seules solutions durables et à long terme pour mettre fin à l’épidémie de choléra et prévenir d’autres épidémies".
Source : https://www.francetvinfo.fr/