Mayotte : La gastro-entérite en baisse, la grippe en hausse.
Les cas de grippe et de Covid-19 sont en augmentation sur le territoire. En revanche, le nombre personnes atteints de gastro-entérite diminue et Santé Publique France ne constate pas de flambée épidémique des maladies hydriques.
Selon le point épidémiologique de Santé Publique France, ce 24 novembre, « on observe une tendance à l’augmentation du nombre de passages aux urgences pour infection respiratoire aiguë (IRA) basse chez les plus de 15 ans. Neuf cas de grippe A ont été admis en réanimation depuis septembre. » Cela représentait 2 % des admissions aux urgences. Dans le même temps, une augmentation des tests-pcr positifs à Sars-Cov-2 est noté. « Les remontées du réseau de pharmacie sentinelles font état d’une augmentation du nombre de tests réalisés en officine avec des taux de positivité élevés, confirmant une circulation élevée du virus sur le territoire », précise le rapport.
19 cas graves ont été admis en réanimation
Concernant la gastro-entérite, le taux de passages est, en revanche, « en baisse et d’un niveau équivalent à celui des dernières saisons à la même période. » Les ventes d’anti-diarrhéiques et de solutés de réhydratation orale (SRO) dans les officines sont en diminution. Depuis le début de l’épidémie, 19 cas graves ont été admis en réanimation au centre hospitalier de Mayotte (CHM). Tous les patients admis étaient âgés de moins de deux ans. Depuis le 22 octobre, aucun nouveau cas admis en réanimation n’est rapporté.
Dans le contexte de la pénurie d’eau, cette épidémie est suivie de près. Car la rupture potentielle d’approvisionnement en eau expose la population à des risques sanitaires. Avec le recours à une eau potentiellement impropre à la consommation lors de la remise en eau ou à des eaux de surface contaminées durant les coupures pour l’alimentation et l’hygiène. Une hydratation insuffisante ainsi que la baisse du niveau d’hygiène de base peut également comporter des risques. Tout comme le stockage d’eau impropres à l’alimentation ou susceptibles de constituer des gites larvaires pour les moustiques, vecteurs d’arboviroses. Selon Santé publique France « cela représente une menace sanitaire importante pour la population mahoraise qui, pour une majorité d’entre elle, est en situation de grande précarité. »
Une proportion prépondérante d’agents infectieux provenant d’une eau contaminée
Bien que les cas de gastro-entérite semblent diminuer, la surveillance microbiologique dans les syndromes diarrhéiques permet d’identifier une proportion prépondérante d’agents infectieux (Escherichia coli Epathogène et Escherichia coli Eadhérent) qui provient notamment de la consommation d’eaux de rivières contaminées par des selles humaines ou animales, de l’eau de cuisine contaminée par les mêmes facteurs ou du manque d’hygiène des mains lors de la préparation ou de la consommation des repas… « Des comparaisons avec les années 2021 et 2022 permettront de confirmer ou d’infirmer une augmentation de cas dans ce contexte de crise de l’eau, mais cette donnée confirme que les recommandations sur les usages de l’eau et l’hygiène des mains doivent être plus scrupuleusement respectées », souligne Santé Publique France.
Les maladies hydriques sont également surveillées de près. 13 cas de fièvre typhoïde ont été déclarés, contre 123 en 2022. Cette maladie, endémique à Mayotte, se transmet par voie féco-orale. Soit par ingestion des bactéries provenant des selles d’individus contaminés, soit, le plus souvent, par ingestion d’eau ou d’aliments souillés. Concernant l’Hépatite A, vingt cas ont été déclarés depuis le début de l’année 2023 contre 30 sur l’année 2022. « Cette maladie est également endémique sur le territoire. Elle se transmet par voie féco-orale avec le même mode de transmission que la fièvre typhoïde », précise Santé publique France.
En raison de leur mode de transmission et la détection régulière de foyers de contamination sur le territoire, « ces maladies hydriques pourraient faire l’objet de flambées épidémiques, à cause de la pénurie d’eau à Mayotte », poursuit Santé publique France.
Source : https://gazeti.fr/ Jéromine Doux / Image d’illustration Pexels