Déficit du CHU : Les syndicats annoncent une grève illimitée.
Une réunion à l'ARS avec la direction du CHU et les représentants du personnel a révélé 37 milllions de dettes sociales et a débouché sur l'annonce d'un prochain préavis de grève illimité de l'intersyndicale.
A quel montant s’élève le déficit actuel des CHU Nord et Sud ? A la fin du mois juin dernier, il était évalué à près de 50 millions d’euros par le conseil de surveillance de l’établissement. Aucune amélioration de la situation financière n’a été annoncée aux syndicats ce mercredi lors d’une réunion qui s’est tenue à l’ARS, en présence de son directeur Gérard Cotellon et du DG du CHU Lionel Calenge.
« C’était tendu, ça fait suite à une première réunion qu’on a eue par rapport au déficit. M. Cotellon nous avait alors assuré qu’on aurait une seconde réunion, mais elle n’a pas eu lieu parce qu’il avait préféré parler dans la presse. On a commencé déjà dans cette ambiance-là, et ça c’est terminé par la conclusion d’un préavis de grève illimité de l’intersyndicale », résume Frédéric Bache, secrétaire général CGTR au CHU.
Le question des Evasan ressurgit
Tous les indicateurs du CHU sont dans le rouge, comme en témoigne le chiffre de 37 millions d’euros de dettes sociales avancé lors de la réunion, à mettre en perspective avec le milliard de budget du CHU. « On entend la rumeur d’un trou de 8 à 10 millions en raison du non financement du coût des évacuations sanitaires. Je suis tombé des nues : c’est un surcoût pour les hôpitaux et les compagnies aériennes, ils ont juste dit qu’ils vont s’y pencher avec Bercy ! », s’étrangle Frédéric Bache.
« En plus du coût des Evasan, il y a entre 3 à 4 millions d’euros d’Aide médicale de l’Etat (AME) non financés», ajoute David Belda, secrétaire général FO santé. « L’ARS dit qu’elle a 25 millions dans son fonds d’intervention régional, mais que ce ne sera pas réservé au secteur public. Nous, on soigne tout le monde, sans distinction. Le délai de paiement de fournisseurs a été multiplié par 2, on est passé à plus de 70 jours, ce qui a un impact sur l’économie locale. Sur les dotations, on ne demande pas de l’argent en plus pour recruter plus, on demande juste qu’on revienne à un effectif juste et nécessaire pour assurer la continuité des soins. On a augmenté le taux d’absentéisme de 2 points (14%), contre entre 8 et 9% pour la moyenne nationale », martèle David Belda.
« La continuation des soins est en danger »
Frédéric Bache confirme l’inquiétude profonde des personnels de soin. « On est déficitaire, j’ai bien compris que le ministre de la santé ne veut pas délivrer les budgets pour combler ces déficits. On a des contractuels qui ne seront pas renouvelés, que vont-ils devenir ? Ces postes vacants, c’est ceux qui sont encore là qui vont les remplacer et l’hyperproductivité au travail a des conséquences sur la santé. On est en déficit d’infirmiers de bloc opératoire, d’infirmiers anesthésistes, il manque des aides soignants. Je suis de nuit, je fais deux week-ends sur quatre. La norme, ce n’est pas douze heures de travail par jour : normalement c’est une dérogation de la loi », martèle l’élu de la CGTR.
Pour David Belda, c’est « la continuation des soins qui est en danger » lorsqu’on « n’entend que les mots perfromance et efficience dans la bouche de la tutelle ». « Lorsqu’on travaille en sous-effectif, on peut se tromper dans les dosages, faire des erreurs à cause de l’épuisement. Il n’y a pas eu de cavalcade ni de dépenses non appropriées : on est juste dans un contexte global avec les CHU Nord et Sud fusionnés et un statut d’établissement support de l’océan Indien », fait valoir le syndicaliste FO.
Pour la CFDT santé, Expédit Lock-Fat s’est déclaré dans un communiqué « interpellé par l’utilisation d’un milliard d’euros d’aide, détourné de son objet, alors que La Réunion aurait pu en être bénéficiaire ». Le syndicaliste fait référence à un récent rapport de la Cour des comptes sur la situation financières des hôpitaux publics après la crise sanitaire.
L’intersyndicale se réunira la semaine prochaine pour poser les bases d’un préavis de grève illimité qui pourrait dépasser le cadre du CHU et toucher le GHER, dont le déficit s’éleverait à 8 millions d’euros. L’augmentation du coefficient géographique et la compensation financière des mesures du Segur de la santé figurent toujours parmi les revendications des syndicats.
Source : https://www.zinfos974.com/ TL