Fièvre, nez qui coule, toux… ces virus tenaces qui nous mènent la vie dure.
Chaud-froid, froid-chaud… en cette période où l'on ne sait même plus comment s'habiller, s'il faut ranger notre ti palto ou pas, nombreux sont ceux qui se retrouvent avec la gorge qui pique et le nez qui coule. Certains trainant même les symptômes oscillants entre grippe, gastro ou encore Covid depuis plusieurs semaines. Simple fait de saisonnalité ou immunité plus fragile ? Les médecins optent pour la première réponse et ne sont pas particulièrement inquiets.
Charlène a 32 ans. Depuis plusieurs semaines, elle tousse, a mal à la tête, a le nez qui coule, un vrai calvaire
D'autres Réunionnais trainent également depuis des semaines les mêmes symptômes. "Fièvre, mal de tête, pas d'appétit, courbatures… C'est une très grosse grippe m'a dit mon médecin", nous confie Mireille, 56 ans.
Autre cas, celui de Jean, 70 ans, qui a attrapé la grippe deux fois en l'espace d'un mois.
- Des malades plus jeunes et plus fragiles -
Autant de virus, de nez qui coulent, de fièvres, en l'espace de si peu de temps a de quoi épuiser les corps et l'immunité.
Mais alors notre immunité est-elle devenue plus sensible depuis la tombée des masques anti-Covid ?
Dans les cabinets des professionnels de santé, le sentiment n'est pas à une baisse de l'immunité. Toutefois, les médecins confirment le fait que la grippe touche les plus jeunes cette année, "d'où l'impression de fragilité", note Christine Kowalczyk, présidente de la Confédération nationale des médecins libéraux à La Réunion.
Après "cela varie selon le type et l'âge", dit-elle. "Ceux qui l'ont déjà eux ou sont vaccinés sont plus immunisés."
La médecin généraliste à Saint-André nous le dit, "tous les gens, des personnes rechutent, certains ont un format léger du virus et d'autres le trainent pendant des semaines".
Mais ce qui change désormais – et notamment suite au Covid – "c'est qu'avant à chaque épidémie saisonnière, les gens ne se rendaient pas compte de l'épidémie, du moins pas plus que d'habitude et désormais les gens y font plus attention", constate Christine Kowalczyck.
Un autre professionnel situé lui au Tampon explique, "il y a toujours eu une variabilité annuelle des épidémies saisonnières et grippales".
Selon l'Agence régionale de santé (ARS), "la période de l'hiver est propice à la circulation de virus". Toutefois, "le nombre de consultations chez les médecins généralistes à La Réunion en 2023 est similaire aux années 2021 et 2022 à la même période, voire inférieure".
- Trop se protéger… réduit (un peu) l'immunité -
Si l'immunité n'est scientifiquement pas plus faible, "il peut y avoir des conjonctures avec des multi infections", note le Docteur Patrick Mavingui, microbiologiste et directeur de recherche au CNRS Réunion, également responsable au sein de l'Unité mixte de recherche processus infectieux en milieu insulaire tropical.
"Petite infection, petite grippe, période de froid… la conjonction de tout cela augmente la fragilité des individus", ajoute-t-il.
Ajouté à cela des allergènes présents dans l'environnement et vous avez le cocktail parfait pour tomber malade.
La fragilité a-t-elle un lien avec la Covid et la période masquée à laquelle les Réunionnais ont dû faire face pendant plusieurs mois ?
"On a souvent développé une forme d'immunité vis-à-vis des allergènes, mais avec le masque ils ne passaient plus. Et désormais, sans les masques, certains individus peuvent être plus fragiles", explique le Docteur Patrick Mavingui.
"Après tout cela reste factuel. On ne peut pas spéculer seulement sur la science. Dans l'histoire, on le disait, on développait l'immunité en contact avec des pathogènes avec lesquels on vivait en symbiose et quand l'interaction s'estompe, cela peut déclencher la maladie. Mais ce n'est pas le cas avec tous les individus", ajoute-t-il.
- L'épidémie s'estompe -
Que l'on se rassure, sur certains tombent encore malade, l'épidémie de grippe devrait bientôt arriver à son terme.
Selon les derniers chiffres de Santé publique France – publiés le vendredi 18 août -, "si le virus sévit, La Réunion entre en phase post-épidémie".
Le nombre de passage aux urgences était stable avec 19 passages. Les hospitalisations étaient en revanche à la baisse avec quatre hospitalisations (contre six la semaine passée).
Les personnes âgées de moins de 15 ans représentant 21% des passages aux urgences pour syndrome grippal.
En médecine de ville, la part d’activité pour infections respiratoires aigües (IRA) est par contre en augmentation avec 4,0% de l’activité.
La gastro n'échappe pas non plus aux Réunionnais. La semaine passée (du 7 au 13 août), le nombre de passages aux urgences pour motif de gastro-entérite tous âges était en augmentation avec 58 passages contre 53 la semaine précédente. Le nombre d’hospitalisations était également en augmentation avec 11 hospitalisations.
- Pas de panique… ce n'est pas forcément le Covid -
Et si l'on parle de la grippe, certains Réunionnais pensent forcément au Covid-19 – les symptômes étant similaires.
Cependant, le nombre de passages aux urgences pour motif de Covid-19 continue sa baisse avec trois passages contre huit passages la semaine avant. Deux des passages concernaient des personnes âgées de plus de 65 ans et un passage avait moins de 15 ans.
Une seule hospitalisation après un passage aux urgences a été enregistrée.
Doit-on alors d'ores et déjà penser à renfiler les masques ? Face à la hausse des cas et au nouveau variant dans l'Hexagone, le ministre de la Santé n'exclut pas de rendre le port du masque à nouveau obligatoire si nécessaire mais appelle surtout à sa "banalisation".
En outre, une nouvelle campagne de vaccination est par ailleurs prévue pour l'automne, ciblant les personnes les plus à risque comme les plus de 65 ans, les immunodéprimés ou les femmes enceintes.
À La Réunion, concernant le nouveau variant Eris (EG.5), si celui-ci a été détecté dans l’Hexagone, "il ne l'est pas à La Réunion à ce jour", précise l'ARS.
Source : https://imazpress.com/ MAM