Âge, précarité, rapport aux soignants : Comment la grossesse évolue pour les Réunionnaises ?
Menée par Santé publique France et l'ARS de La Réunion, avec l’appui du réseau REPERE, l'enquête nationale périnatale 2021 a fourni des informations essentielles sur la santé des mères et des nouveau-nés, ainsi que sur les pratiques médicales avant et après l'accouchement. Ainsi, l'étude montre que les Réunionnaises ont leur premier enfant plus tard, mais que les difficultés financières persistent.
Comment la grossesse a-t-elle évolué à La Réunion ? Pour comprendre cette évolution, Santé publique France et l'ARS de La Réunion, avec l’appui du réseau REPERE, ont réalisé un état des lieux en 2021 de la santé des mères et de leurs nouveau-nés. L’objectif était de recueillir des informations sur leur état de santé, sur les pratiques médicales avant et après l'accouchement et à deux mois après la naissance de l’enfant.
L'enquête, réalisée dans les sept maternités de l'île et à la Maison de naissance de l'Ouest, a révélé plusieurs évolutions socio-démographiques significatives. L'âge moyen des femmes ayant accouché en 2021 a augmenté, passant de 27,6 à 29,7 ans, et la part des trentenaires est devenue majoritaire, représentant 45% des femmes. De plus, le niveau éducatif des mères a progressé, avec une forte augmentation du pourcentage de femmes ayant un niveau d'études supérieur au baccalauréat, passant de 15,3% à 40% en 2021.
Malgré ces évolutions positives, des défis persistent. Environ un quart des femmes déclarent un montant mensuel des ressources du ménage inférieur à 1.000€, indiquant une certaine précarité financière.
De plus, près de la moitié des femmes (46,2%) présentaient une surcharge pondérale avant la grossesse, dont 22,1% étaient en situation d'obésité. Cette prévalence élevée de la surcharge pondérale est préoccupante, car elle est associée à un risque accru de complications obstétricales et néonatales, ainsi que de maladies chroniques pour les femmes.
L'impact psychologique également pris en compte
L'enquête a également révélé des informations sur la contraception et la santé mentale des femmes. Environ une femme sur cinq ne prenait aucune contraception avant la grossesse, un taux plus élevé que celui observé en métropole. De plus, un tiers des femmes se sont senties tristes ou déprimées pendant la grossesse, et 18% présentaient des symptômes dépressifs majeurs deux mois après l'accouchement. Ces résultats soulignent l'importance de soutenir la santé mentale des femmes tout au long de la période périnatale.
Les résultats détaillés de l'enquête nationale périnatale 2021 seront utilisés pour mieux orienter les actions de prévention et améliorer les parcours de soins pour les femmes enceintes et les jeunes mères à La Réunion. Des volets spécifiques, tels que le diabète gestationnel, l'insuffisance pondérale des nouveau-nés et la précarité, feront l'objet de publications ultérieures.
Une nouvelle donnée : le rapport aux soignants
Cependant, des problématiques persistent, notamment concernant les comportements inappropriés de certains professionnels de santé et le suivi de grossesse à améliorer pour toutes les femmes.
Selon les résultats, plus de 90% des femmes se disent satisfaites, voire très satisfaites, de leur prise en charge médicale durant le suivi de leur grossesse et leur accouchement. De plus, 87,2% des femmes recommanderaient à une proche d'accoucher au même endroit, ce qui témoigne d'un niveau de confiance élevé.
Cependant, l'enquête met en évidence un nouveau thème préoccupant : les comportements inappropriés de la part des professionnels de santé. Environ 4,9% des femmes rapportent avoir été exposées à des gestes inappropriés, 12,3% à des paroles inappropriées et 8,9% à des attitudes inappropriées pendant leur grossesse, leur accouchement ou leur séjour à la maternité. Il est essentiel de garantir un environnement respectueux et bienveillant pour toutes les femmes.
En ce qui concerne le suivi de grossesse, l'enquête révèle que 6 femmes sur 10 ont principalement été suivies par un gynécologue-obstétricien et 2 femmes sur 10 par une sage-femme.
Renforcer le suivi durant la grossesse
Cependant, des améliorations sont nécessaires, notamment en ce qui concerne l'entretien prénatal précoce. Alors que près de la moitié des femmes à La Réunion déclarent en avoir bénéficié, ce chiffre est inférieur à celui observé dans l'Hexagone. Il est essentiel de renforcer l'accès à cet entretien afin de dépister les problématiques médico-psychosociales et d'améliorer la prise en charge globale des femmes enceintes.
L'enquête souligne également l'importance des mesures de prévention pendant la grossesse. Malheureusement, seulement 12% des femmes à La Réunion commencent la prise d'acide folique avant la grossesse, un taux inférieur à celui observé dans l'Hexagone. De plus, la prévalence de la carence en fer chez les femmes à La Réunion est deux fois plus élevée que dans l'Hexagone. Il est essentiel de sensibiliser les femmes à l'importance de ces mesures préventives pour prévenir les complications pour la mère et le bébé.
L'enquête met également en évidence des lacunes dans le suivi de grossesse. Environ 1 femme sur 5 à La Réunion n'a pas rencontré l'équipe médicale de la maternité avant son accouchement, soit quatre fois plus que dans l'Hexagone. Il est crucial de promouvoir l'accès à une consultation de suivi à la maternité afin d'anticiper les complications à l'accouchement.
Enfin, l'enquête souligne que l'allaitement maternel est plus fréquent à La Réunion, avec 83% des femmes pratiquant l'allaitement exclusif ou mixte à la naissance, contre 70% dans l'Hexagone. Cependant, deux mois après l'accouchement, le taux d'allaitement diminue à La Réunion, mais reste supérieur à celui observé dans l'Hexagone. Des efforts doivent être déployés pour soutenir et promouvoir l'allaitement maternel à long terme.
Source : https://www.zinfos974.com/ Gaëtan Dumuids