50 millions d’euros de déficit : Les gestionnaires du CHU mettent la faute sur l'Etat.
La situation du CHU de La Réunion est fortement dégradée, avec presque 50 millions d'euros de déficit sur un total de produits de presque un milliard d’euros. Une situation budgétaire qui incombe, pour le conseil de surveillance du CHU, en majeur partie à l'État.
La situation budgétaire et financière du CHU de La Réunion est aujourd’hui marquée par une forte détérioration. Le Centre hospitalier universitaire présente un déficit de 49,5 millions d’euros (sur un total de produits de 935,5 millions d’euros).
Une partie de l’origine de l’état des finances, à hauteur 35 millions de déficit, est lié “à un manque d’accompagnement du CHU”, assure son directeur général, Lionel Calenge lors d'une conférence de presse qui s'est tenue ce mercredi.
Coefficient, ségur, les causes d'une partie du déficit
A nouveau sur la table, le sujet du coefficient géographique, bloqué depuis 10 ans, soit depuis la création du CHU, à 31%.“Aujourd’hui, il y a un coefficient à 31%, on a demandé 35%, et ce chiffre pose pratiquement un problème de sécurité sanitaire à La Réunion”, indique Lionel Calenge.
Présidente du Conseil de surveillance du CHU, Huguette Bello fait part d’une “indignation partagée par le personnel et ceux qui siègent au conseil de surveillance”. Pour elle aussi, la responsabilité d’un tel déficit revient en premier lieu à l’actuel gouvernement. “Il est évident que le gouvernement n’a pas tenu ses promesses”, déplore-t-elle avant de poursuivre : “Nous n’avons pas eu non plus les mesures Ségur de 12 millions”.
La présidente du Conseil de surveillance se dit d’autant plus révoltée que le CHU de La Réunion enregistre un taux de conformité des soins de 96% de ses pratiques soignantes par rapport au référentiel de la HAS (haute autorité de santé) : “La santé, elle est sacrifiée”, s’indigne-t-elle.
Le conseil de surveillance propose une motion ce jour-même et demande à être reçu par l'ARS et le ministre de la santé afin de trouver des solutions.
Le gel des embauches
Outre la demande d’une aide de l’État sur les 35 millions de déficit qu’il lui impute, le conseil de surveillance reconnaît 15 millions d’euros de déficit qui relèvent de sa gestion et s’engage à mettre en œuvre un plan de résorption de celui-ci. La situation économique de l’établissement nécessite un plan d’action de court et de moyen terme, qui n’est en aucun cas un plan de retour à l’équilibre ni un plan de réduction des dépenses.
Il n’est pas “question d’un COPERMO”, rassure son directeur Lionel Calenge. Pas de plan de suppression de postes, ni de remise en question des engagements vis-à-vis des partenaires sociaux et pas non plus question d’abandonner le plan de titularisation.
Le CHU compte entamer un plan d’efficience pour redresser les finances en passant par “une chasse au gaspillage”, des actions tendant à permettre le développement des recettes du CHU ou encore la réduction de l'absentéisme. Il s'agit aussi d'éviter les actes redondant et de procéder à un redéploiement du personnel lorsque cela est possible et nécessaire.
L’établissement annonce d’ores et déjà le gel des embauches pour une durée de 6 mois. “Ça va geler tous les projets qui vont se développer dans les 6 mois qui viennent, ils vont être remis à après, j'espère que ça repartira ensuite”, alerte Pr Peter Von Théobal, président de la Commission médicale d’établissement du CHU.
Ce plan d’optimisation des recettes du CHU ne devrait pas impacter les Réunionnais, veut rassurer le directeur. “Il n’y aura aucune dégradation de la qualité des soins prodigués à la population réunionnaise”, promet Lionel Calenge qui ajoute que “ce plan fait l’objet d’une unanimité de la communauté hospitalière qui va se mobiliser autour de ce plan d’action”. Cette dégradation de la situation du CHU de La Réunion intervient par ailleurs dans un contexte national marqué par une forte détérioration du résultat des 32 CHRU de France.
Source : https://www.zinfos974.com/ Sophie Fontaine