Chikungunya : des résultats de phase 3 prometteurs pour le vaccin de Valneva
Le vaccin contre le chikungunya de Valneva, baptisé VLA1553, affiche des résultats prometteurs. Les données d’un essai randomisé contrôlé de phase 3, publiées dans « The Lancet », montrent qu’une dose induit des taux d’anticorps neutralisants à 28 jours chez 98,9 % des participants testés (263/266), indépendamment de l’âge. Menée aux États-Unis, où le chikungunya n’est pas endémique, l’étude n’a pas permis de déterminer si le vaccin protège contre une maladie ultérieure.
« Il pourrait s'agir du premier vaccin contre le chikungunya disponible pour les personnes vivant dans des régions endémiques, ainsi que pour les voyageurs se rendant dans des zones endémiques ou à risque d'épidémie, se félicite, dans un communiqué, la Dr Martina Schneider, responsable de la stratégie clinique chez Valneva et première autrice. Comme l'âge est un facteur de risque de gravité et de mortalité de la maladie du chikungunya, la forte réponse immunitaire observée chez les participants plus âgés pourrait être particulièrement bénéfique ».
Un vaccin bien toléré
L’essai a été mené auprès de 4 128 participants : 3 093 ont reçu une dose de VLA1553 et 1 035 un placebo. Tous les participants ont été inclus dans l'analyse de sécurité, mais la réponse immunitaire a été testée à une semaine, 28 jours, trois mois et six mois dans un sous-groupe de 362 participants (266 ayant reçu le vaccin et 96 le placebo).
Le profil d'événements indésirables était similaire à celui d'autres vaccins homologués et le vaccin était « aussi bien toléré chez les adultes jeunes qu’âgés », est-il souligné. Chez les vaccinés, les événements indésirables les plus courants étaient les maux de tête (32 %), la fatigue (29 %), les douleurs musculaires (24 %), les douleurs articulaires (18 %) et les douleurs au point d'injection (13 %).
Des événements indésirables graves ont été signalés chez 1,5 % des participants vaccinés et 0,8 % du groupe placebo. « Seuls deux événements indésirables graves ont été considérés comme liés au traitement par VLA1553 (une myalgie légère et un syndrome de sécrétion inappropriée d'hormone antidiurétique). Les deux participants se sont complètement rétablis », indiquent les auteurs.
Le taux de fausses couches observées parmi les vaccinées était légèrement plus élevé que dans la population générale (23 % contre environ 11-16 %). Cependant, cela pourrait être dû à la petite taille de l'échantillon, est-il avancé. Deux des trois fausses couches chez les femmes vaccinées ont été expliquées par un trouble génétique ou des antécédents de fausse couche.
Parmi les limites de l’étude, les auteurs pointent que l'immunité préexistante des participants au virus du chikungunya était inconnue, tout comme l'innocuité du vaccin dans une population déjà exposée. Aussi, le vaccin à virus atténué, conçu à partir d’une souche isolée en 2006 à la Réunion, pourrait ne pas convenir aux immunodéprimés et aux femmes enceintes. Par ailleurs, afin de déterminer l'innocuité et l'efficacité du vaccin chez les enfants, une étude est en cours chez des adolescents dans des zones endémiques du Brésil, est-il également précisé.
Un premier outil de lutte face aux futures pandémies
Essentiellement présent dans les régions tropicales, le chikungunya « est actuellement considéré comme l'un des virus les plus susceptibles de se propager à l'échelle mondiale, et des études ont montré que le changement climatique entraîne la propagation des moustiques qui le transportent dans de nouvelles régions du monde, rappelle Katrin Dubischar, directrice du programme Vaccin contre le chikungunya chez Valneva et co-autrice de l'étude. Il est important de disposer d'un vaccin efficace pour se préparer à de futures épidémies. »
En avril, un avis du Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars) alertait sur la hausse, dans les années à venir, des cas de dengue, Zika et chikungunya, maladies transmises par des moustiques vecteurs désormais largement implantés sur le territoire national.
Une récente étude de l’Institut Pasteur et de l’université Paris Cité, publiée dans « Journal of Travel Medicine » montre que le moustique tigre, l’un des deux vecteurs de transmission du virus du chikungunya à l’humain, pouvait acquérir la capacité de transmettre le virus, avec la même efficacité à 20 °C qu’à 28 °C. L’expansion de ce moustique dans les régions à climat tempéré pourrait donc s’accompagner de l’expansion du virus dans ces mêmes zones.
Dans ce contexte, et alors qu’aucun traitement préventif ou curatif n’est disponible, « les résultats positifs de cet essai [sur le VLA1553, NDLR] sont de très bonnes nouvelles pour la préparation à la pandémie de chikungunya, analyse, dans un commentaire associé à l’étude du « Lancet », la Dr Kathryn Stephenson du centre de recherche virologie et vaccins du Beth Israel Deaconess Medical Center, qui n'a pas participé à l'étude. Le chikungunya et d'autres infections à arbovirus continuent d'être des menaces mondiales, stimulées par l'expansion des habitats des moustiques (…). D'autres études sur le VLA1553 dans les régions endémiques et dans d'autres populations seront essentielles pour affirmer le potentiel du vaccin en prévention, tout comme le seront les études d'efficacité en vie réelle dans le contexte d'épidémies de chikungunya. »
Source : https://www.lequotidiendumedecin.fr/ Elsa Bellanger / Photo Phanie